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De la mobilisation à la perte de son taf, poursuites des représailles à Science Po Rennes

Nous reproduisons ici un texte transmis par des camarades en lutte à l’IEP de Rennes sur la répression que mène la direction contre le ouvement social

La direction plie, faisons la rompre !

Depuis la rentrée, deux de nos camarades subissent la répression de la direction de Sciences Po Rennes. Recrutées au mois d’avril pour un poste au sein de l’établissement (promesse d’embauche par mail et orale, procédure de recrutement en cours à la BU), elles voient finalement leur poste refusé et la procédure brusquement interrompue. La raison à cela ? Officiellement “restrictions budgétaires, sécurité et restructuration des services” puis finalement “transparence du recrutement” et “priorité aux boursiers”, en réalité il s’agit d’un ciblage personnel de personnes identifiées comme mobilisées et indésirables. Une nouvelle procédure de recrutement est lancée par la direction, ouverte à l’ensemble des étudiant.es et non plus par candidature libre comme les années précédentes. Cette manœuvre s’inscrit dans le prolongement de la répression politique du mouvement social du printemps 2018 à l’IEP (flics dans l’Institut, collaboration assumée et active de la direction avec la police et les RG notamment) et à Rennes. Déjà l’année dernière, les étudiant.e.s avaient anticipé collectivement la potentielle tentative d’isolement (menace de redoublement, d’exclusion, d’accusation de plagiat, etc.) par la création d’un collectif de défense étudiant.

A la répression personnelle et lâche répond une organisation collective et déterminée ! Dès la publicisation de l’affaire, les étudiant.es de l’IEP, une partie du personnel et hors les murs des militant.es rennais.es ont répondu à cette manœuvre lâche, réactionnaire et précarisante. Illes lancent un boycott à la nouvelle procédure de recrutement. Il est largement suivi : la preuve, seule une personne postule ! En parallèle, un communiqué est rédigé par un groupe de camarades solidaires et relayé par un ensemble d’organisations collectives et partagé par des médias militants nationaux. L’affaire fait du bruit et prend sens au niveau national dans une dynamique de lutte contre la répression. Aussi, le syndicat Force Ouvrière à l’appel de certains professeur.es et personnel.es envoie un communiqué pour souligner le danger de telles manœuvres.
Cette épisode marque durablement le personnel de l’I.E.P. déjà durement frappé par un ensemble de pressions quotidiennes : mépris personnel des agents subsidiaires, restructuration permanente des bureaux, verrouillage du Conseil d’Administration, imposer des congés non-payés de manière arbitraire et imprévue, etc. Une personne, prise dans l’étau de la direction se met même en arrêt. Le personnel se mobilise localement en protestant dans le cadre de réunions internes, preuve s’il en faut que la répression ne cible pas uniquement des étudiant.es politisées mais bien plus largement les individus les plus fragiles, précaires et qu’elle défend un système hiérarchique, autoritaire, dont les magouilles chroniques sont les moyens de gestion des affaires courantes. On rappellera à l’occasion les multiples condamnations par la justice pour copinage dans des recrutements de professeur.es., réaffirmées récemment par le Conseil d’Etat dans une nouvelle condamnation.

Cette affaire montre clairement plusieurs choses : la mobilisation paye, elle est efficace. Elle peut largement être entendue et diffusée par un grand nombre de personnes, et pas uniquement dans le seul cadre étudiant. En effet, la direction cède, en accordant un semestre à chacune des deux étudiantes auparavant privées de poste et une année entière à l’autre étudiante. Cela constitue une victoire nette au sens où la direction plie et est obligée de revenir sur ce qu’elle avait décidé. Sa manœuvre apparaît ridicule aux yeux de tou.tes puisqu’elle n’aura permis de priver qu’un seul semestre aux étudiantes autrefois indésirables. Pourtant, cette victoire reste mince si l’on rappelle le peu d’heures et d’argent que constitue ce poste, à savoir 5h/semaine payées au SMIC et même dérisoires par rapport aux sommes gagnées par la direction (entre autres prime de 10 000 euros pour le directeur des études à chaque nouveau partenariat ouvert), engagées dans des projets pharaoniques (un lustre à 13 000 euros dans l’accueil, nouveau bâtiment ultra moderne) et toujours à la pointe d’un modèle commercial et néolibéral (business avec des groupes comme Veolia, création cette année d’un master avec l’école de commerce Audencia). Ainsi, nous ne nous contentons pas de si peu, allons plus loin. Nous réclamons :

– la réintégration des deux étudiantes avec indemnisation des mois non travaillés.
– le maintien permanent d’un poste réservé aux boursiers en plus des deux existants.
– la fonctionnarisation de tous les vacataires.
– la fin de l’utilisation des contrats précaires.
– l’arrêt des pratiques répressives à l’IEP.
– la démission de l’équipe de direction.

On en profite pour remercier l’ensemble des soutiens et des personnes qui se sont mobilisées contre la répression à l’IEP.

ORGANISONSNOUS POUR POUVOIR CONTINUER A LUTTER DANS NOS LIEUX D’ETUDES ET DANS NOS LIEUX DE TRAVAIL !

Des camarades solidaires

 

Un blocage et ça débloque !

 

Mardi 2 octobre l’AG de Rennes 2 a voté le blocage de la fac de villejean pour la journée du 9 octobre. Les participants de cette AG sont principalement étudiants mais voient dans la fac de Rennes 2 un lieu d’organisation pour tous ceux qui veulent lutter, malgré leur isolement au travail, dans leurs lieux d’études. C’est une AG de lutte, tout le monde peut venir y participer, c’est comme ça depuis un bon bout de temps et c’est très bien ainsi, dans une période où l’on veut toujours plus nous séparer les uns des autres et faire que nos combats ne se rencontrent jamais.

L’AG de rennes 2 a donc voté un jour de blocage le 9 octobre, jour d’appel national à la grève par différentes organisations syndicales (CGT, FO, UNEF, UNL, SUD, FSU), sous un mot d’ordre très général d’opposition à la politique du gouvernement Macron. Et comme d’habitude sans propositions concrètes pour construire un rapport de force. Une date de rentrée comme tous les ans, pour chanter ‘’tous ensemble grève générale’’ (en évitant de l’organiser), se rappeler qu’on existe et surtout rappeler qu’on est là avant les élections professionnelles qui arrivent dans la fonction publique. Les directions syndicales nous font le même coup depuis des années. Alors que nous les prolos on s’en prend plein la gueule, le tarif syndical c’est un jour de grève par mois et retour au turbin. Chacun se défend dans sa boîte comme il peut et surtout pas de violences ou de dégradations parce que l’important c’est la RE-SPECTA-BI-LI-TÉ. Du coup y’a tout qui passe. Depuis combien d’années on n’a pas gagné un truc?

L’AG de Rennes 2 a décidé d’un jour de blocage, parce qu’elle est constituée de gens qui prennent la politique et la défense de leurs droits sérieusement. Parce qu’elle est constituée de gens qui, étudiants ou pas, sont presque tous précaires et subissent effectivement les politiques de ce gouvernement comme des précédents. Parce que contrairement aux permanents syndicaux ou à ces merdes de dirigeants confédéraux dans leur tour d’ivoire, les réformes on les paye cash.

L’AG de rennes 2 a décidé d’un jour de blocage de la fac parce que le blocage et l’occupation des lieux de travail et de production (dans ce cas de production de savoir mais est-ce si différent?) font depuis toujours parti de l’arsenal de ceux qui luttent. Parce que le but de la grève c’est de gêner le fonctionnement normal de l’économie et du travail, pas juste aller faire une promenade avec ses vieux potes (même si c’est aussi une raison tout a fait valable de faire grève). Parce que contrairement aux directions syndicales ou à tous ceux à gauche qui s’indignent des blocages, on n’a pas oublié comment le prolétariat a gagné l’ensemble des maigres ’’acquis’’ sociaux dont tout le monde se gargarise. Par la grève sauvage, l’occupation (en 36, en 68…), le blocage économique, le sabotage, l’émeute… Sans doute pas en écoutant ceux qui disaient qu’il fallait retourner travailler parce qu’on n’aurait pas plus ou n’importe quelle autre connerie pacificatrice.

Donc l’AG de Rennes 2 a voté un jour de blocage. Et la présidence a commencé à agiter le spectre de l’occupation de l’année dernière, de la liberté d’étudier, de l’année universitaire déjà menacée et toutes les imprécations libérales qu’ils auront pu trouver. Pour un jour de blocage, qui paraît déjà pas très cher payé par rapport aux attaques qu’on subit. Mais bon jusque là rien de très étonnant, le président joue son rôle de bon gestionnaire de l’entreprise rennes 2, de défenseur de la paix sociale sur le campus. Il réussit à monter en épingle cette journée unique de blocage et convoque une assemblée générale du personnel en banalisant deux heures de cours (là pas de problème pour la liberté d’étudier…). C’est là que les masques tombent. Une déclaration est votée se concluant en affirmant que ‘’La direction et les personnels emploieront tous les moyens appropriés pour continuer à exercer leurs missions d’enseignement et de recherche’’. Seule la CGT s’abstiendra (sans voter contre…). Le représentant du SNESUP (membre de la FSU qui appelle à la grève ce jour-là et dont Olivier David, le président, est membre) propose d’organiser un rendez-vous pour organiser le déblocage de la fac. Nous avons donc des syndicats professionnels (notamment de profs puisque la CGT organise principalement le personnel non éducatif et le SNESUP uniquement les profs) qui se proposent, sur un jour de grève, de monter une milice pour débloquer la fac et maintenir son bon fonctionnement. On vous laisse un moment pour penser aux implications de cette information et on en profite pour rappeler à tous ces profaillons, sans doute les même que ceux qui traitaient les bloqueurs de fascistes l’année dernière, ce qu’était l’action des faisceaux de combat, les fameuses chemises noires qui constituèrent le noyau du Parti National Fasciste en Italie.

L’action principale des chemises noires avant la prise du pouvoir de Mussolini était de faire la guerre au mouvement ouvrier et révolutionnaire, et notamment de faire le coup de poing contre les blocages et occupations d’usines très nombreuses à ce moment. Ces pratiques ont un nom, le squadrisme, en bref se faire les sous-fifres et le bras armé de l’État et du patronat.

Nous avons donc d’un côté une assemblée de lutte qui s’est notamment distinguée l’année dernière ou en 2016 par une longue occupation, une combativité à la hauteur des attaques subies, une tentative de composition permanente avec d’autres secteurs et un soutien effectif et quotidien aux autres luttes du coin, comme celle des facteurs, qui au cours de leur grève de 4 mois étaient eux aussi venus un matin apporter leur soutien au blocage de Rennes 2.

De l’autre nous avons des profs qui révèlent leurs vrais visage de bourgeois, parvenus ou pas, toujours prêt à défendre l’ordre en place, même si ça tombe sur un jour de grève. Profs qui ne se sont jamais pointés à l’AG de Rennes 2, sauf pour des appels au calme, alors qu’elle leur a toujours été ouverte. Qui n’ont apporté un soutien au mouvement étudiant que du bout des lèvres, en 2016 comme en 2018. Sans jamais se mettre en jeu, alors que nous subissions la répression des flics et des juges. Des profs ‘’de gauche’’ qui ne préviennent pas de l’expulsion de la fac prévue par la police alors qu’ils sont au courant, et même présents. Et donc maintenant des profs, syndiqués au SNESUP, donc supposément opposés à la politique du gouvernement, qui se proposent de se réapproprier des pratiques qui historiquement appartiennent au fascisme et au syndicalisme jaune. Nous n’avons pas besoin d’éducateurs, nous crachons à la gueule de ceux qui défendent leur entreprise plutôt que de se ranger du côté de ceux qui luttent !

Des prolétaire enragés

PS : Au personnel de Rennes 2 et étudiants qui reste hésitant sur la question du blocage ou de s’y opposer physiquement. Nous rappelons que l’AG de Rennes 2 est ouverte à tous que la pertinence du blocage peut y être discutée par n’importe qui. Si vous souhaitez vous investir contre la politique mortifère de ce gouvernement n’hésitez pas à venir y parler. On se permet de rappeler l’intérêt stratégique du blocage qui n’est absolument pas fait pour emmerder qui que ce soit d’autre que le gouvernement et les réacs (de gauche comme de droite) et pour libérer les étudiants de leurs obligations (parce que dispense d’assiduité ou pas quand y’a cours y’a cours).

CONTRE L’ISOLEMENT AU TRAVAIL ET EN MANIF : CASSONS TOUTES LES NASSES !

 Compte-rendu de la manifestation du jeudi 22 mars, écrit le 01 avril 2018 par l’Assemblée Générale de  Rennes 2.

Il est important pour nous de raconter ce qu’il s’est passé le jeudi 22 mars pour ne pas laisser uniquement les journalistes écrire l’histoire de notre mouvement. Nous voulons, avec ce texte, donner une autre vision de cette manif, politique et stratégique, à partir du point de vue de celles et ceux qui luttent. Nous voulons comprendre les enjeux afin de penser la suite de la mobilisation et multiplier nos futures victoires.

POINT DE VUE DE RENNES2 :

Depuis 2016, l’AG de Rennes 2 regroupe des étudiant.e.s, des lycéen.ne.s et des précaires.

Le 22 mars, à 6h, la majorité des étudiant·e·s présent·e·s partent en cortège vers les lycées VHB et Coëtlogon, pendant que quelques personnes gardent le blocage de la présidence de Rennes 2. Les lycées du nord sont tous les deux bloqués. A 7h45, les flics en nombre débarquent devant VHB et nous dégagent en nous menaçant de nous emmener au poste. Même opération des keufs quelques minutes plus tard à Coët ! Les deux lycées sont donc débloqués avant même qu’une discussion ne s’amorce avec les lycéen·ne·s qui allaient en cours, empêchant une fois de plus toute forme d’organisation politique. Nous décidons donc de débrayer VHB puis de rejoindre les camarades de Rennes II.

Le cortège s’élance de la fac vers 10h, à 250, protégé par une banderole pour rejoindre le cortège interprofessionnel à Charles de Gaulle.

POINT DE VUE DE RENNES1 :

Les camarades du campus de Beaulieu, de la fac de droit, de la fac d’économie ainsi que de quelques lycées se sont regroupé-es pour bloquer Sciences-Po. A 8h, nous partons à une centaine, masqué-es et derrière une banderole afin de se protéger et des renseignements de plus en plus vénères et des flashballs qui, rappelons-le blessent à vie. Après une tentative de rentrer dans la fac de droit fermée et gardée par des vigiles comme depuis le début du mouvement, nous arrivons devant le lycée de Jean Macé. La direction voulant empêcher la sortie des lycéen-nes, nous cassons cette première nasse en envahissant le lycée. Le cortège grossi et c’est au tour de la fac d’économie puis des Beaux-Arts d’être débraillé. C’est alors que nous apprenons que le cortège parti de Rennes 2 est nassé. On discute et on se met d’accord très rapidement : on va aller aider les camarades à sortir de la nasse…

POINT DE VUE DE L’INTERPRO :

Au même moment sur la place Charles de Gaulle, le cortège de lutte interprofessionnel se met en place à l’avant de la manif. Il avait été initié par l’Assemblée Générale Interpro immédiatement soutenue par des travailleurs-ses du CHGR (Centre Hospitalier), des cheminot-es, des postier-es, des précaires, des étudiant-es et des lycéen-nes sous une banderole commune « Pour le service public et l’unité dans la lutte ».

La manif s’élance ! A l’avant, le débat fait rage : suivre le trajet déposé, ou aller délivrer les camarades ? L’info se répand dans la masse des 8000 personnes présentent ce jour. On s’engueule, on cri des slogans, on discute mais finalement la décision collective est prise : la manif tourne à GAUCHE direction place de Bretagne !

POINT DE VUE DE LA NASSE (RENNES2) :

Touchant à l’objectif de rejoindre le cortège interpro, les flics habituellement statiques décident de bloquer le cortège aux portes du centre-ville. La BAC et la BI aux fesses, masqué-es et armées, referment la nasse. Encerclé par une cinquantaine de flics, le cortège, serein mais incapable de forcer un premier temps la nasse, se met d’accord pour prévenir le cortège interpro réunit plus loin. Les modalités de résistance avaient été fixées collectivement en AG, notamment le refus de se démasquer et de se désolidariser. Les autres modalités sont fixées pendant la nasse, tout le monde s’appellera Camille Dupond (avec un -D ! vote à main levé). C’est la preuve que même nassé, le mouvement arrive à dégager des espaces d’organisation !

L’animation du cortège, ponctuée de chants et de moqueries, fut interrompue par le sergent en service venu négocier les conditions de notre capitulation. Incapable d’identifier des représentant-es à qui s’adresser dans la foule des visages masqués, c’est seulement avec l’arrivée de militant-es FO que le négociateur trouve un canal d’expression. Suite au refus du dialogue, il reviendra deux fois avec des exigences revues à la baisse : nous pourrions alors sortir sans être contrôlé-es et en acceptant de se démasquer et d’être fouillé-es. Finalement, il nous est même proposé de sortir sans autre contrainte que d’avancer un par un dans un corridor, avec un mètre de distance entre chaque camarade. Cette dernière tentative de séparer les gens est refusée avec la même détermination : « on part ensemble, on rentre ensemble ! ».

Au bout d’1h15, un nuage de gaz, des chants et des drapeaux apparaissent au loin derrière une ligne de casque. Les flics sont contraint-es de dégarnir les rangs de la nasse pour les stopper, sans succès. La ligne de flics est enfoncée par le cortège interpro et les quelques gendarmes mobiles restants sont débordés par les ex-nassé-es !

POINT DE VUE CORTÈGE INTERPRO :

La manif entière, détournée de son traditionnel parcours, arrive donc face au cordon de keufs. Derrière, nous apercevons les camarades du cortège de Rennes 2 qui s’impatientent après 1h15 de nasse.

Les banderoles commencent à pousser doucement les forces de l’ordre. Le cortège, sans distinction de section professionnel ou de statut social, hurle d’une seule voix « Dégagez ! Dégagez ! ». Les flics commencent à reculer puis se font vite déborder. Les quelques lacrymos lancées n’arrivent pas à disperser cette foule déter. A force d’avancer, les deux cortèges se rejoignent enfin pour ne former plus qu’un, unitaire, repartant vers le centre sous les yeux dépités des keufs.

CONCLUSION :

Cette solidarité au sein de la nasse et à l’extérieur, ce lien qui s’est crée entre les différent-es travailleur-ses, chômeur-ses, étudiant-es, lycéen-nes pour casser un dispositif policier est pour nous d’une valeur inestimable. Nous avons montré pendant cette journée que malgré nos différences sur les modes d’actions, sur les moyens de se défendre et de lutter, nous avons réussi, en débordant la stratégie policière, à réduire en miettes l’effort manifeste du gouvernement de toujours nous séparer, nous dissocier, nous éloigner.

Il faut trouver des espaces pour en débattre, pour confronter ces moyens d’action, pour les dépasser et se coordonner pour les manifs à venir. Le gouvernement et les patrons ciblent la même partie de la population, ne manquons pas, sans pour autant remettre en cause l’autonomie de chaque lutte, les occasions de nous rassembler pour gagner.

NOUS RÉSISTERONS ET BRISERONS TOUTES LES NASSES !

DEPUIS LA COORDINATION NATIONALE DE LUTTE DE RENNES, PROPOSITIONS STRATÉGIQUES POUR LA POURSUITE DU MOUVEMENT

Texte issu de la Coordination Nationale de Lutte qui s’est tenu à Rennes en mars 2018.

Les 17 et 18 mars s’est tenue à Rennes une Coordination Nationale de Lutte, issue du mouvement étudiant contre la sélection à l’université. Elle a abouti à un texte exposant différentes propositions de dates et de stratégies pour la suite du mouvement. La prochaine CNL aura lieu les 31 mars et 1er avril à Bordeaux.

Universités et lycées sont mobilisés, bloqués et occupés depuis 2 mois contre les différentes réformes de l’éducation menées par le gouvernement Macron. Ce mouvement est l’un des multiples foyers depuis lesquels s’organise la contestation contre la dynamique de précarisation généralisée et d’austérité qui s’abat actuellement sur nous. Dans un contexte d’attaques multiples et brutales contre des couches toujours plus larges de la population, une réponse ferme et déterminée doit s’exprimer depuis les différents secteurs touchés. Il ne s’agit toutefois pas de juxtaposer différentes catégories enfermées dans leurs luttes propres (salarié.e.s, étudiant.e.s., chômeur.euse.s, etc.), mais de permettre une intelligence commune de la situation, seule à même de s’opposer concrètement à l’offensive en cours.

Le 17 et 18mars s’est tenue, à l’appel des étudiant.e.s de l’AG de Rennes 2, une Coordination Nationale de Lutte, regroupant des membres de plusieurs universités mobilisées contre les réformes de l’enseignement (Bordeaux, Nantes, Paris 1 et 3, Poitiers, Rennes 1 et 2, Toulouse, Tours) ainsi que des personnes en lutte de différents horizons. Cette initiative se veut un temps de rencontre et de composition, regroupant différents secteurs combatifs, dans le but d’élaborer des analyses et des perspectives stratégiques pour la poursuite.

Nous avons décidé de fonctionner sans mandat car nous n’avons pas de prétention à être représentatifs ou à être un organe décisionnel du mouvement en cours : il s’agissait plutôt d’ouvrir un espace depuis lequel formuler divers constats et propositions, dont nous laissons au mouvement réel le soin d’évaluer la pertinence et de s’en ressaisir selon les modalités qui lui semblera judicieuses.

Parmi les différents éléments que nous avons pu dégager, nous tenons à réaffirmer les trois positions suivantes :

1. La nécessité de défendre une université ouverte, accessible à tou.te.s, lieu d’organisation et d’expérimentation politique, autant que refuge pour les personnes migrantes.
2. Une telle vision de l’université ne peut prendre corps que dans la mesure où nous sommes capables de la défendre contre les interventions policières et la répression administrative.
3. Nous refusons la distinction entre étudiant.e et salarié.e, tant l’université est un lieu où la formation de la force de travail est sous l’emprise directe des exigences du patronat. De plus, dans leur quasi-totalité, les étudiant.e.s constituent déjà une part importante de la main d’oeuvre la plus précaire d’un marché du travail en pleine restructuration.

C’est pourquoi nous formulons les propositions suivantes :

1. Le réinvestissement des universités par des processus de lutte, en en mettant à disposition les locaux et les outils à celles et ceux qui en expriment le besoin dans leur dynamique d’organisation (lycéen.ne.s, salarié.e.s, chômeur.euse.s, migrant.e.s, etc.), ainsi qu’en ouvrant les assemblées du mouvement à toutes et tous.

2. En cas d’intervention policière dans une université, nous appelons à une réponse dès le lendemain dans toutes les universités de France, par le blocage ou toute autre modalité localement définie. De même, nous appelons à réagir de manière solidaire contre toutes les attaques à l’encontre des mouvements de grève en cours ou des occupations de migrant.e.s. De plus, si une présidence d’université tente de répondre à une menace de blocage par la fermeture administrative, nous proposons à chaque AG de voter le principe de reconduction du blocage au lendemain de ladite fermeture.

3. Nous appelons à mettre en place une jonction effective au moyen des outils suivants :

  • Constitution d’Assemblées Générales Interpro/Interluttes
  • Mise en place de têtes de cortèges unitaires regroupant les composantes en lutte dès le 22 mars
  • Renforcement des mouvements de grève en cours par la coordination des jours et des modes d’action entre étudiant.e.s et grévistes, notamment du rail.

 

Nous proposons de rejoindre la journée d’actions contre la réforme de l’éducation du 27 mars, en s’organisant avec les lycées en lutte pour mener des actions en direction du travail précaire et de ses instances de gestion, selon les modalités localement définies.

De plus, nous proposons la date du 3 avril pour organiser dans chaque ville un soutien direct à la grève des cheminot.e.s qui commencera ce jour-là, en allant les rejoindre sur leurs piquets de grève ou en menant tout type de manifestation ou d’action susceptible de renforcer leur mouvement.

Nous appelons les différentes universités à faire leurs cet appel et les propositions qui en découlent. Nous nous retrouverons le 31/03 et le 01/04 à Bordeaux pour une prochaine CNL, que nous souhaitons largement rejointe.

RENNES 2017, RÉCIT D’UNE EXPULSION À GRANDE VITESSE

Récit d’une expulsion de squat à Rennes le 09 décembre 2017 par le Comité d’Incitation à la Débauche.

 

Cet après-midi, à proximité du campus de Rennes 2, quelques prolos sans logis avaient appelé à un rassemblement pour soutenir l’occupation d’une maison vide depuis des années. Ils l’avaient réquisitionnée depuis quelques jours pour se mettre un toit au-dessus de la tête et affirmer que nos salaires ne doivent plus être dépensés dans des loyers mirobolants. Ils voulaient aussi réaffirmer la légitimité de s’approprier les nombreux bâtiments laissés vides par les promoteurs et ceux qui s’enrichissent grâce à nous. Pour habiter, avoir des espaces d’organisation pour nos luttes ou faire la fête sans se faire faire les poches dans des endroits chiants à mourir.

Pendant le rassemblement, convivial et assez suivi (une quarantaine de personne), un équipage de la police municipale passe constater le rassemblement et tente de gratter quelques infos. « Vu la banderole je vous demande pas si vous squattez…. »

16h, environ 30 mn après leur premier passage, les mêmes plantons refont leur apparition ayant apparemment eu des instructions pour constater l’occupation, prennent quelques photos et rappellent que les anciennes garanties des squatteurs (48h d’occupation pour être considéré habitant sans droit ni titre) ne sont plus à l’ordre du jour.

Vers 16h30, les participants au rassemblement décident d’y mettre fin et de se tenir au courant des suites de l’occupation. Peu après, à 17h pétantes, toute la maison poulaga débarque. Plusieurs camions de la section d’intervention, des voitures de la bac, des RG et les municipaux de plus tôt arrivent toutes sirènes hurlantes, visiblement chauds comme la braise en sortant des véhicules. Après une demi-heure de lutte acharnée avec la porte, les condés hurlants et suants arrivent finalement à rentrer dans la maison. Heureusement cette porte DIY, fabriquée quelque jours avant, sera la seule victime de cet assaut. Malins, les occupants étaient déjà sortis.

OSEF, des lieux vides il y en a plein qui n’attendent qu’à être investis… !
La répression n’arrêtera pas les occupations,
GRÈVE DES LOYERS, SQUATTONS LES LIEUX INOCCUPÉS, NIQUE SA MAIRE LES EXPULSIONS !

 

Comité d’Incitation à la Débauche