De la mobilisation à la perte de son taf, poursuites des représailles à Science Po Rennes

Nous reproduisons ici un texte transmis par des camarades en lutte à l’IEP de Rennes sur la répression que mène la direction contre le ouvement social

La direction plie, faisons la rompre !

Depuis la rentrée, deux de nos camarades subissent la répression de la direction de Sciences Po Rennes. Recrutées au mois d’avril pour un poste au sein de l’établissement (promesse d’embauche par mail et orale, procédure de recrutement en cours à la BU), elles voient finalement leur poste refusé et la procédure brusquement interrompue. La raison à cela ? Officiellement “restrictions budgétaires, sécurité et restructuration des services” puis finalement “transparence du recrutement” et “priorité aux boursiers”, en réalité il s’agit d’un ciblage personnel de personnes identifiées comme mobilisées et indésirables. Une nouvelle procédure de recrutement est lancée par la direction, ouverte à l’ensemble des étudiant.es et non plus par candidature libre comme les années précédentes. Cette manœuvre s’inscrit dans le prolongement de la répression politique du mouvement social du printemps 2018 à l’IEP (flics dans l’Institut, collaboration assumée et active de la direction avec la police et les RG notamment) et à Rennes. Déjà l’année dernière, les étudiant.e.s avaient anticipé collectivement la potentielle tentative d’isolement (menace de redoublement, d’exclusion, d’accusation de plagiat, etc.) par la création d’un collectif de défense étudiant.

A la répression personnelle et lâche répond une organisation collective et déterminée ! Dès la publicisation de l’affaire, les étudiant.es de l’IEP, une partie du personnel et hors les murs des militant.es rennais.es ont répondu à cette manœuvre lâche, réactionnaire et précarisante. Illes lancent un boycott à la nouvelle procédure de recrutement. Il est largement suivi : la preuve, seule une personne postule ! En parallèle, un communiqué est rédigé par un groupe de camarades solidaires et relayé par un ensemble d’organisations collectives et partagé par des médias militants nationaux. L’affaire fait du bruit et prend sens au niveau national dans une dynamique de lutte contre la répression. Aussi, le syndicat Force Ouvrière à l’appel de certains professeur.es et personnel.es envoie un communiqué pour souligner le danger de telles manœuvres.
Cette épisode marque durablement le personnel de l’I.E.P. déjà durement frappé par un ensemble de pressions quotidiennes : mépris personnel des agents subsidiaires, restructuration permanente des bureaux, verrouillage du Conseil d’Administration, imposer des congés non-payés de manière arbitraire et imprévue, etc. Une personne, prise dans l’étau de la direction se met même en arrêt. Le personnel se mobilise localement en protestant dans le cadre de réunions internes, preuve s’il en faut que la répression ne cible pas uniquement des étudiant.es politisées mais bien plus largement les individus les plus fragiles, précaires et qu’elle défend un système hiérarchique, autoritaire, dont les magouilles chroniques sont les moyens de gestion des affaires courantes. On rappellera à l’occasion les multiples condamnations par la justice pour copinage dans des recrutements de professeur.es., réaffirmées récemment par le Conseil d’Etat dans une nouvelle condamnation.

Cette affaire montre clairement plusieurs choses : la mobilisation paye, elle est efficace. Elle peut largement être entendue et diffusée par un grand nombre de personnes, et pas uniquement dans le seul cadre étudiant. En effet, la direction cède, en accordant un semestre à chacune des deux étudiantes auparavant privées de poste et une année entière à l’autre étudiante. Cela constitue une victoire nette au sens où la direction plie et est obligée de revenir sur ce qu’elle avait décidé. Sa manœuvre apparaît ridicule aux yeux de tou.tes puisqu’elle n’aura permis de priver qu’un seul semestre aux étudiantes autrefois indésirables. Pourtant, cette victoire reste mince si l’on rappelle le peu d’heures et d’argent que constitue ce poste, à savoir 5h/semaine payées au SMIC et même dérisoires par rapport aux sommes gagnées par la direction (entre autres prime de 10 000 euros pour le directeur des études à chaque nouveau partenariat ouvert), engagées dans des projets pharaoniques (un lustre à 13 000 euros dans l’accueil, nouveau bâtiment ultra moderne) et toujours à la pointe d’un modèle commercial et néolibéral (business avec des groupes comme Veolia, création cette année d’un master avec l’école de commerce Audencia). Ainsi, nous ne nous contentons pas de si peu, allons plus loin. Nous réclamons :

– la réintégration des deux étudiantes avec indemnisation des mois non travaillés.
– le maintien permanent d’un poste réservé aux boursiers en plus des deux existants.
– la fonctionnarisation de tous les vacataires.
– la fin de l’utilisation des contrats précaires.
– l’arrêt des pratiques répressives à l’IEP.
– la démission de l’équipe de direction.

On en profite pour remercier l’ensemble des soutiens et des personnes qui se sont mobilisées contre la répression à l’IEP.

ORGANISONSNOUS POUR POUVOIR CONTINUER A LUTTER DANS NOS LIEUX D’ETUDES ET DANS NOS LIEUX DE TRAVAIL !

Des camarades solidaires