Fin du monde ? Plutôt éclipse rouge que soleil vert !

Le dérèglement climatique, et plus largement la destruction généralisée des habitats et des espèces qui composent l’écosystème de notre planète est évidemment très préoccupante. Il suscite, à nouveau, et à intervalles réguliers depuis plusieurs décennies maintenant, une grande mobilisation. Notamment par une jeunesse inquiète, à raison, de bouleversements majeurs prévus à court terme. Mais il nous paraît aujourd’hui nécessaire non seulement de critiquer mais surtout de détruire ce qui depuis déjà longtemps se construit autour du mot « écologie ».

Car c’est bien là, derrière cette construction, que se cache le cœur du problème. Penser les dérèglements et destructions en cours causés par «l’empreinte de l’Homme » comme on nous le rabâche du G20 à Alternatiba permet de cacher le fond du problème. C’est la bourgeoisie mondiale, la classe dominante et le système capitaliste tout entier qui sont la cause de ces dérèglements. La production massive de biens permettant le profit capitaliste nécessite une industrie destructrice pour l’environnement. 70 % des émission de gaz à effet de serre sont le fait de seulement 100 entreprises. Les mêmes qui exploitent des centaines de millions de prolétaires de part le monde. Responsabiliser et culpabiliser les individus pour leur empreinte est une hypocrisie alors même que la plupart d’entre eux vivent piétinés sous la semelle capitaliste.

Le spectre de l’urgence, agité à intervalles réguliers par les différentes composantes du mouvement altermondialiste n’est pas une position politique. Il s’agit, et depuis le début de ces mobilisations, d’une stratégie de confusion et de précipitation. C’est cette précipitation qui empêche de voir émerger débats et discours au sein d’un mouvement qui se caractérise alors par son rejet du débat politique, sous couvert de diversité. Il est donc impératif de se détacher de l’urgence, de se débarrasser des œillères qu’elle impose pour combattre lucidement un capitalisme mortifère, principal responsable de l’accélération de la destruction de la planète et de l’épuisement de ses ressources.

Étymologiquement, l’écologie désigne à la base une « science de la maison », une façon de penser « l’habiter » avec ordre, cohérence et parcimonie. Un savoir de la gestion. Vouloir penser la planète, notre habitat, en appliquant cette « science » qu’est l’écologie, c’est donc toujours se mettre à la place de la classe dirigeante, de ceux qui ont le pouvoir. L’écologie est de fait intrinsèquement réformiste, elle se résume à organiser, agencer, modifier… Elle n’est surtout jamais révolutionnaire.

Feu déclenché par des propriétaires terriens en Amazonie.

Telle qu’elle est évoquée par les médias mainstream, les organisations politiques dites « écologistes » ou des théoriciens de la question, elle n’est jamais qu’une déclinaison du capitalisme. Et aussi verte qu’elle soit, elle en restera une variante, se caractérisera toujours par l’exploitation du prolétariat par la bourgeoisie. Elle restera notre ennemi et donc un système à combattre, à détruire.

En renouvelant le capitalisme dans ses arguments et ses champs d’actions, elle participe à le rendre plus durable, plus fort, plus pérenne.  Ce système est d’autant plus fort lorsqu’il apparaît « nouveau », « vert », « solidaire », « partagé »… Les inquiets en saluent alors la réforme et en embrassent aveuglément les nouveaux principes, supposément salutaires. Si la façade a été ravalée à coups de peinture verte, fondations et briques restent toujours aussi brunes et pourries.

Le spectre alarmiste de l’altermondialisme se caractérise également par sa confusion. Pêle-mêle on retrouve sous cet étendard verdoyant des anarchistes, des communistes, toute une floppée d’ONG, des écologistes de divers bords ainsi que des souverainistes et une partie de l’extrême droite, devenus altermondialistes au nom de motivations réactionnaires, nationalistes, protectionnistes et anti-libérales. Vouloir lutter « ensemble » pour le vivant, la terre ou la nature c’est dépolitiser la lutte. Ce front commun s’assume comme un mouvement au dessus des clivages idéologiques, il est logiquement parcouru de contradictions intenables, portés par des ennemis et donc voués à l’échec. À nos camarades qui s’y investissent actuellement, car c’est une cause qui mobilise, nous martelons son danger et son inefficacité. Elle prend du terrain politique au mouvement social, à la grève et à la lutte anti-capitaliste à proprement parler. Ces alliances entre organisations ne sont que le reflet des ambitions de gestionnaires voulant réformer le capitalisme selon leurs intérêts de classe, opposés aux nôtres.

 

1/ Le greencapitalism, la paix verte

La problématique climatique, l’accélération de la destruction de l’environnement sont des réalités que nous ne voulons en aucun cas nier. Elles nous préoccupent, comme toutes les attaques infligées par le capitalisme. Nous critiquons en revanche les réponses qui lui sont accordées.

L’homme brocoli, militant emblématique d’Extcintion Rebelion UK.

La première est celle menée par les États et les entreprises qui doivent désormais intégrer le discours écologiste et agir en ce sens, au moins en façade, afin de ne pas perdre la main. Leur objectif est principalement de donner l’illusion d’être concernés par ces problématiques et d’être acteurs d’un changement, notamment à grands renforts de greenwashing. Les campagnes de pubs et les déclarations des états et entreprises se multiplient afin de donner une image de responsabilité écologique fausse et trompeuse. En sommes, ils se targuent d’œuvrer pour le « climat », la « nature », afin de toujours mieux défendre leurs taux de profits et consolider leur emprise.

Un des fondements de cette réponse repose sur la culpabilisation des individus et notamment des prolétaires. Les injonctions à se responsabiliser se multiplient et augmentent la dette environnementale flottant au dessus de la tête de chaque individu. On devrait moins utiliser sa voiture car elle pollue (facile quand on travaille a 5h du matin à 20km de chez soi), éteindre la lumière quand on sort de sa chambre, manger moins de viande, bien trier ses déchets, acheter en vrac à l’épicerie bio du coin… Les médias et les politiques le répètent, si tout le monde faisait sa part du travail, ça irait déjà bien mieux ! Alors face à la supposée inaction générale, la bourgeoisie prend les devants. Prenons un exemple qui a suscité il y a peu une grogne sociale sans précédent : les taxes sur l’essence augmentent au détriment des plus pauvres qui doivent alors la subir… Ou agir et s’organiser. C’est ce discours, une fois généralisé et intégré, qui culpabilise ceux qui ne peuvent pas manger bio ou se passer de leur voiture. À tel point qu’on veut leur faire croire que c’est leur faute si le climat se dérègle ou que certains continents sont meurtris par les famines.

Les exemples sont légion et en disent long sur l’hypocrisie de ceux qui détiennent le pouvoir. Il n’y a qu’à voir ce qui est fait derrière les injonctions à trier les déchets pour qu’ils soient renouvelés. Les entreprises à qui les états ont confié leur traitement en font payer la collecte pour ensuite les balancer tels quels dans des décharges à ciel ouvert qui polluent plus encore les pays du sud. Un discours de façade culpabilisant et responsabilisant qui permet de masquer le fond du problème. Car à coté de ces « petits gestes quotidiens » censés sauver la planète, les capitalistes s’enrichissent toujours plus grâce à des entreprises qui continuent à la polluer, massivement. L’agriculture, l’élevage et la pêche industrielles qui permettent d’enrichir les actionnaires de l’agroalimentaire ou de la grande distribution, épuisent drastiquement les ressources et accentuent les inégalités mondiales. On assiste à un gaspillage organisé à tous les niveaux pour maintenir les taux de profits. D’un côté les prolétaires des pays au capitalisme avancé sont abondés en nourriture de mauvaise qualité, de l’autre ceux des pays où le capitalisme est plus balbutiant croulent sous les carences et les famines chroniques.

Le greenwashing, effectué à grands renforts de campagnes de pub et de fondations bidons, permet de déguiser les ambitions des capitalistes. Il prépare également une maximisation de leurs profits futurs. Avec la raréfaction des ressources, leur valeur va continuer à augmenter et les prolétaires seront les premiers touchés. Le capitalisme vert qui se dessine sera encore plus clivant et ce sont toujours les exploités qui en paieront, en premier, le prix fort. À qui profitera par exemple l’obligation prochaine de remplacement des véhicules d’un certain âge quand ceux-ci seront jugés trop polluants ? Sûrement pas aux prolétaires qui devront s’endetter pour pouvoir aller travailler en voitures électriques.

 

2/ la réponse alternativiste, la fuite en arrière

L’autre réponse est celle que l’on peut qualifier d’alternativiste. Elle est choisie par bon nombre de militants, par certains de nos camarades. A notre sens, elle n’est qu’une fuite en arrière.

On évoquait précédemment la dette écologique qui flotte au dessus de la tête de chaque individu. Une épée de Damoclès culpabilisante censée pousser les consommateurs à se responsabiliser, à faire le choix d’un capitalisme éthique, vert, sans emballage mais pas sans exploitation. Elle est le fruit du greenwashing des capitalistes mais aussi de ceux qui, sous couvert de parfois le combattre mais surtout de défendre l’environnement et ces « autres mondes possibles », s’en font les complices. Ces gens qui clament haut et fort que c’est en mangeant bio et local, en faisant du vélo, en n’utilisant que les transports en commun et/ou en vivant chichement que l’on fera véritablement avancer les choses. Ces gens qui reprennent le discours des dirigeants mais en ayant au moins le mérite de le prendre au sérieux. S’ils se trompent, on les imagine sincères… Pour faire changer les choses, on se persuade de ce qu’on peut. Tous ceux là sont profondément réformistes et quand ils martèlent l’urgence, c’est toujours à destination des états. Car à les entendre si les états sont les potentiels responsables du problème, ils sont surtout les seuls à même de le solutionner. Souvent leur discours repose sur une succession de reproches faits aux puissances capitalistes qui ne feraient que des paroles en l’air, n’agiraient pas concrètement. 

Extinciton Rebelion veut aller « Au-delà de la politique ».

Extinction Rebellion s’est, depuis un an, institué comme une sorte d’internationale de l’environnement. Le mouvement, lancé en octobre 2018 à Londres, s’est propagé dans de nombreux pays, avec des spécificités nationales. Les mouvements américains et anglo-saxons ont par exemple accepté les dons du Climate Emergency Fund, a contrario de l’antenne française. Ce fond est alimenté par des millionnaires américains notamment Aileen Getty, riche héritière d’une famille de pétroliers ou encore Rory Kennedy, la fille de l’ancien président américain Kennedy… Ou comment reverdir son nom. Le mouvement prône des actions de désobéissances civiles non violentes pour pousser les états à réagir face à l’urgence climatique. Ses militants exigent « la reconnaissance de la gravité et de l’urgence des crises écologiques actuelles et une communication honnête sur le sujet », « la réduction immédiate des émissions de gaz à effet de serre pour atteindre la neutralité carbone en 2025, grâce à une réduction de la consommation et une descente énergétique planifiée », « l’arrêt immédiat de la destruction des écosystèmes océaniques et terrestres, à l’origine d’une extinction massive du monde vivant » et « la création d’une assemblée citoyenne chargée de décider des mesures à mettre en place pour atteindre ces objectifs et garante d’une transition juste et équitable ». Un programme qui tient en quatre points et qui en dit long sur les ambitions de ces supposés « écologistes radicaux ». Les militants d’XR, en bons réformistes, font confiance aux états capitalistes pour régler la catastrophe environnementale qui se profile.

En dénonçant « toutes les violences », comme ils l’ont si odieusement inscrit sur une banderole pendant l’occupation de la place du Châtelet, ils mettent sur un pied d’égalité la violence d’état et celle du mouvement social. La violence répressive des états capitalistes qui protègent leur classe mise à mal par la violence révolutionnaire d’un prolétariat qui se bat contre l’exploitation, pour l’émancipation. Par cette dénonciation, Extinction Rebellion, entretient et diffuse le discours selon lequel il y aurait de bons et de mauvais manifestants, grossièrement les pacifiques contre les violents. À ce jeu-là, ce sera eux contre nous. Cette dissociation en dit long sur un mouvement qui se revendique ouvert et inclusif. Il n’est que l’énième projet de gestionnaires de la lutte et autres bureaucrates qui veulent la main mise sur la contestation. Pire, ils créent par ce biais, une forme de lutte acceptable par l’état. Ce dernier s’empresse de la légitimer, d’abonder dans le sens de ces pratiques. Reste aux médias à la relayer et à en couvrir avec bienveillance les actions. Début octobre, pour le lancement de la « semaine internationale de rébellion », Extinciton Rebellion France a voulu frapper fort. Le mouvement annonçait la « dernière occupation avant la fin du monde » et s’est retrouvé, logiquement, sous le feu des projecteurs. Une semaine organisé en partenariat avec Anne Hidalgo, maire de Paris ou encore Didier Lallement, le préfet de police… Après un an de mouvement social porté par les Gilets Jaunes, il paraît inconcevable que des militants puissent traiter avec ces institutions pour s’organiser. Les révoltes qui embrasent le monde du Chili à l’Irak ou au Liban sont caractérisées par le débordement qui survient lorsque l’organisation est collective, spontanée, qu’elle s’autonomise. L’attitude des militants XR pendant l’occupation, très éphémère, de la place du Châtelet est elle aussi révélatrice du profil de certains de leurs rebelles. Aux abords de la place, des militants en gilets oranges sont censés « apaiser les tensions avec les plus mécontents ». Leur rôle à un nom : « peace keeper », marrant comme en français ça donne « gardien de la paix », rien d’autre qu’un nom policé pour désigner des keufs. Cette milice pacifiste veillait aussi à ce que les participants à l’occupation ne consomment ni drogues ni alcools, toutes substances étant proscrites sur les lieux de mobilisation. Il ne s’agit pas ici d’en faire l’apologie, plutôt de dénoncer ceux qui avaient les moyens de s’éloigner de quelques mètres pour aller s’enivrer aux terrasses des bars voisins. Cette attitude dénote en premier lieu d’un mépris de classe, les pauvres n’ont pas même le loisir de se vider une canette en aluminium ! Mais à notre sens elle est surtout révélatrice d’une volonté de privatiser l’espace public et d’y instaurer des règles nouvelles, les leurs. On n’arrête pas le projet gestionnaire ! Finalement, en brassant le plus large possible, en imposant ses règles de bonnes conduites, en excluant la violence révolutionnaire et en traitant avec l’état, XR devient en véritable syndicat de la nature. Un nouveau parti d’opposition sage et légitime, avec lequel le pouvoir peut négocier, discuter et aller, selon son bon vouloir réformer un peu. Gardez vos miettes !

Il y a aussi ceux qui pensent que c’est en construisant à côté du système qu’on le détruit. Ces gens qui sont parfois des mêmes luttes que nous. Ceux qui expérimentent d’autres modes de vie mais qui ont toujours le capitalisme comme voisin direct. Et lui n’entend jamais laisser son voisin prospérer en paix. Il est vorace. Il reviendra toujours prendre ce qu’il croit lui appartenir. Les différentes ZAD ont eu le mérite d’exister, de faire émerger des alternatives, de défendre des principes qui nous sont chers comme l’abolition de la propriété privée. Mais elles ne peuvent être que des zones où l’autonomie se construit de manière temporaire. Le capitalisme reviendra car, justement, le monde est sa propriété privée. Alors il envoie ses huissiers et ses gros bras déménager ceux qui ont cru pouvoir lui échapper. Les keufs viennent et dans leur sillage ils amènent la répression, celle qui meurtrit les corps, met en pièce les expérimentations et abîment les idées. Les survivants seront contraints de s’asseoir à la table des négociations et de s’y faire bouffer après avoir trahi ceux avec qui ils ont lutté. C’est pourquoi ceux qui veulent construire des cabanes dans les bois et se bâtir des haciendas en palettes auront tout le loisir de le faire quand on aura détruit le capitalisme, quand on dansera sur ses cendres et qu’on squattera son immensité de béton. On ne construit pas à côté d’un système, on construit sur ses ruines.

 

3/ L’urgence n’est pas climatique mais communiste

Le panache de fumée causé par l’incendie de l’usine Lubrizol, s’élevant au dessus de Rouen.

Nous pensons que ce qui fait cruellement défaut à l’analyse proposée, notamment par XR, mais surtout par l’immense majorité des écologistes, c’est qu’elle ne propose que de s’attaquer aux symptômes et non aux causes des bouleversements écologiques en cours. Ce que ne comprennent pas, ou refusent de dire, ceux qui marchent pour le climat (bien sagement avec le soutien d’une bonne part du spectre politique) c’est que les états ne peuvent pas changer leur politique écologique de manière conséquente. Parce que tant que les capitalistes seront aux manettes, le train ne s’arrêtera pas, il continuera de prendre de la vitesse et ce jusqu’au déraillement fatal. On pourra toujours changer deux trois boulons de la machine capitaliste et les remplacer par des pièces plus vertes, imposer de nouvelles taxes écologistes, renforcer les énergies renouvelables, favoriser les transports en commun… Il n’y aura jamais de changements majeurs sans remise en cause de la recherche perpétuelle du profit. Et ça les états n’y peuvent rien parce que c’est tout simplement le fondement du système capitaliste, dont ils sont les premiers complices.

Bien sûr, même si un capitalisme vert était possible (il l’est peut être à l’échelle des puissances capitalistes mais pas à l’échelle mondiale) il n’en resterait pas moins un système détestable basé sur l’exploitation, l’inégalité et l’aliénation. Mais là n’est pas la question. Nous affirmons que seule la fin du système capitaliste peut permettre d’inverser la tendance des bouleversements écologiques en cours. Seule une révolution mondiale permettra d’enterrer définitivement ce régime qui asservit à la fois les hommes et leur environnement. C’est pourquoi des mobilisations réclamant des mesures aux gouvernants nous semblent inutiles et vaines. Un mouvement se voulant écologiste ne peut être conséquent qu’en s’inscrivant plus largement dans les luttes révolutionnaires qui vont apparaître dans la période qui s’ouvre. Ce discours ne revient en rien à minimiser la situation actuelle, nous sommes convaincus qu’il faut mettre en avant certaines de ces préoccupations pour penser des actions et construire des luttes. Mais il nous paraît essentiel de replacer les thématiques environnementales au sein des luttes sociales, dans une perspective de les renforcer. Il s’agit aussi d’afficher ceux qui proposent un écologisme déconnecté de l’anticapitalisme, comme ceux qui rêvent d’un capitalisme vert ou ceux qui prônent une décroissance heureuse, pour ce qu’ils sont : au mieux des inconséquents, au pire des ennemis de classe.

 

 

Pour paraphraser Rosa Luxemburg, dont la formule est aujourd’hui d’un actualité brûlante : communisme ou barbarie !

 

Des camarades chiliens bloquant Mina Escondida, la plus grande mine de cuivre au monde.

 

Notes provisoires sur la révolte « anarchique » de masse qui secoue la région chilienne

Nous publions ici la traduction d’un texte paru sur la page Facebook Omnia Sunt Comunia puis sur le site Materiales por la emancipacion le 27 octobre 2019 (lien disponible en fin d’article). Cet article survient après 2 semaines d’intense révolte prolétarienne dans la région chilienne et a pour vocation de fournir un premier éclairage à chaud sur les étapes franchies par le mouvement social dans la voie qui mène au processus révolutionnaire par et pour la classe prolétaire! Un certain nombre d’aspects positifs et de limites sont ici identifiés, dans le seul but de faire progresser nos luttes partout dans le monde, c’est ce pourquoi nous avons décidé d’en proposer la traduction.
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Ce qui a profité au développement d’une perspective de classe :

Le vendredi 18 octobre, une révolte sauvage a éclaté dans la ville de Santiago avant de se répandre dans pratiquement toutes les villes du pays. Le motif apparent était la montée du prix du ticket dans les transports collectifs de Santiago (dans les bus du Réseau Métropolitain et dans le Métro), mais rapidement c’est le mode de vie capitaliste qui a été la cible des critiques des manifestants. Un mouvement énorme et incontrôlé a ainsi fait son apparition historique et comme certains camarades l’ont affirmé dans plusieurs tracts distribués dans la révolte : “plus rien ne sera pareil”.

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La première chose qu’il faut souligner est la généralisation spontanée du mouvement et sa critique dans les actes à la totalité du mode de vie capitaliste-néolibéral : expropriation et distribution massive des biens des grands capitalistes (supermarchés, centres commerciaux, pharmacies, banques, etc.), destruction des infrastructures de l’Etat (postes de police, bâtiments municipaux, etc..), la répudiation massive des organes répressifs de l’Etat dans un contexte « démocratique » (carabiniers, police d’investigation et miliciens), et une esquisse intuitive de critique de l’ensemble de la marchandisation de tous les aspects de la vie quotidienne (il n’existe ni « demande » concrète ni « justification », on veut tout « changer »).

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– Le rôle dynamisant que le prolétariat juvénil a joué et continue de jouer, avec son intransigeance programmatique et sa combativité subversive à tout prix.
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– Les protestations sauvages ont effectivement constitué un dommage considérable à la propriété privée des grands capitalistes de ce pays : c’est la véritable raison pour laquelle l’Etat a mis les milices dans les rues. Cela horrifiait la classe dirigeante capitaliste.
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– Un autre aspect qui a profondément retenu notre attention est la prolifération de noyaux qui pratiquent de manière généralisée la violence offensive et l’autodéfense contre les forces répressives de l’Etat dans les manifestations, tant dans le « centre » que dans les quartiers périphériques. Il y a quelque chose comme « la violence prolétarienne de masse diffuse », coordonnée solidairement au milieu des barricades, qui rend inutile – du moins pour l’instant – toute spécialisation ou professionnalisation de cette activité par petits groupes. Jusqu’à présent, cela a été très efficace.
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– La rupture de l’isolement et de la non-communication à laquelle nous contraint ce système qui se manifeste par : la solidarité de classe spontanée et la communication sociale en dehors des rôles précédemment préfabriqués. Malgré l’ « Etat d’urgence », le couvre-feu et les milices dans les rues, le prolétariat n’a pas eu peur et n’a pas abandonné la lutte malgré la répression brutale qui a laissé un grand nombre de morts, torturés, disparus et emprisonnés. Au moment de la rédaction de ce texte, il a été annoncé dans de nombreuses régions, dont la région métropolitaine, que le couvre-feu serait levé à cause de la pression sociale du prolétariat, qui ne l’a pas respecté et qui manifeste une haine viscérale envers les militaires.
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– Malgré tous les efforts de l’Etat pour revenir à « une certaine normalité » et la diffamation des médias, cela n’a pu être rétabli, car notre classe a continué à protester quotidiennement sans même « demander la permission » de le faire – toutes les manifestations étant par ailleurs « illégales ».
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– La réalité de la lutte a écrasé les tentatives de « spectacularisation » de la révolte de la presse : le prolétariat a reconnu que la fonction sociale-essentielle de la presse est de déformer les faits et de monter une histoire similaire aux intérêts de la classe dominante – les journalistes sont les « porte-parole » du capital.
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– Le mouvement, dans le contexte de la révolte, se dote, au niveau embryonnaire, d’organes de lutte territorialement enracinés, basés sur la formation d’assemblées de voisins auto-organisées, qui se trouvent dans divers quartiers et populations construisant d’en bas une perspective anticapitaliste contre la précarité. Nous considérons ces espaces d’associativité prolétarienne comme stratégiques pour former une communauté de lutte, parce qu’ils expriment le besoin d’auto-activité de la part des prolétaires eux-mêmes et de manière autonome.
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– Un secteur important du prolétariat a rejeté en bloc les propositions de  » réformes  » avec lesquelles le gouvernement a essayé d’éteindre le feu de la révolte : elles sont considérées comme des miettes indignes, ce qui a mis l’Etat en échec, du moins jusqu’à présent.
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– Il n’y a pas d’ « entité politique » capable de se proclamer une entité représentative et valide pour dialoguer avec le gouvernement, ce qui a déconcerté la bourgeoisie. C’est une révolte sans chefs. D’où l’ « anarchie » de ce mouvement.
Contradictions et limites qui doivent être combattues par les minorités révolutionnaires au sein du mouvement :
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– Lors des gigantesques marches du vendredi 25 octobre qui, selon les chiffres officiels, dans la seule ville de Santiago, ont rassemblé plus de 1 500 000 manifestants, un sentiment d’identification patriotique et d’unité nationale s’est exprimé massivement, au détriment d’une perspective de conflit social de classe. Un exemple en est la prolifération des drapeaux chiliens – qui étaient absents jusque là – et l’atmosphère festive et pacifiste qui a prévalu tout au long de la journée, ce qui a été apprécié par le gouvernement lui-même comme une opportunité qui « ouvre des chemins vers l’avenir et l’espoir ».
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– L’hésitation de certains secteurs organisés du mouvement ouvrier à participer à la révolte -par exemple, les mineurs de l’entreprise publique CODELCO et les syndicats appartenant au Coordinateur national des travailleurs NO+AFP-, à l’exception du Syndicat des ports du Chili (UPCH) et du syndicat de la construction regroupés dans le syndicat combatif SINTEC : qui ne s’affranchi pas des contradictions, limites et développement inégal selon la localisation géographique.
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– L’écho qui, dans certains secteurs sociaux, a fait courir la rumeur dans la presse et le gouvernement qu’il existe une vague de pillages visant les maisons privées et les petites entreprises – qui ont été des cas très particuliers et en nombre limité. Cela s’est également exprimé au sein du mouvement des « gilets jaunes », des voisins organisés en bandes pour défendre leur quartier contre des pillards inexistants. C’est d’autant plus dangereux que c’est un terreau fertile pour les courants d’extrême droite néo-fascistes et parce qu’il dresse les prolétaires contre les prolétaires.
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– L’existence de militants des partis traditionnels et de la « nouvelle gauche » -plus ou moins la même- dans les assemblées et les conseils auto-organisés, qui tentent de coopter et de supplanter l’auto-direction du mouvement pour imposer leurs positions et devenir des interlocuteurs valables pour négocier avec pouvoir.
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– Malgré les grands sauts qualitatifs que le mouvement a faits dans sa vaste extension, il n’a pas réussi à figer et à consolider une lecture de classe clair, une faiblesse qui démontre une grande tâche en suspens qu’il faut corriger par la projection du mouvement. Cela s’est traduit, surtout depuis les grandes marches, par la résurgence d’une identification comme « classe moyenne » de certains secteurs du prolétariat promus par les partis d’ordre et les mass media.
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– La révolte a révélé des minorités révolutionnaires désorganisées et fragmentées, ce qui ne signifie pas pour autant qu’elles ont immédiatement participé au mouvement, en tentant de porter certaines oritentations par des actes et de la propagande, malgré leurs moyens limités. La gauche et le léninisme en général ne voulaient pas se mêler avec les incontrôlables, ils se dissociaient de la révolte, et même leurs secteurs les plus traditionnels condamnaient le pillage des grandes entreprises, et ont mis au moins trois jours pour démontrer leur présence dans la rue. Cela souligne la nécessité de construire un mouvement ouvertement anticapitaliste qui rassemble les secteurs les plus radicaux de la classe.
Perspectives provisoires
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Quoi qu’il arrive à l’issue de cette grande étape, il est clair qu’il y a eu une rupture irréversible, une fissure, qui marque un changement d’époque pour notre classe dans cette région. Ce que des milliers et des milliers de prolétaires ont vécu de nos jours sans expérience préalable de lutte peut difficilement être effacé de la mémoire combative de notre classe. Cette révolte a offert une occasion unique qu’il ne faut pas laisser passer : il est devenu clair que ce n’est qu’en luttant que des revendications concrètes et l’amélioration des conditions de vie du prolétariat sont imposées. Nous avons réalisé notre propre force. La révolte généralisée annonce la possibilité latente d’un changement révolutionnaire possible, de la réconciliation de l’espèce humaine avec elle-même et son environnement naturel, malgré le mépris antérieur manifesté par des secteurs de l’environnement subversif de notre région – avec des discours du type « humain=peste » ou que le « peuple est mort ». Le prolétariat n’est pas mort, nous ne sommes pas seulement un capital variable, nous avons un rôle énorme à jouer dans la liquidation de ce monde capitaliste et cela a été démontré dans la pratique. Pour l’instant, la lutte se poursuit dans les rues et dans les assemblées contre le pacte social qu’ils veulent nous imposer et contre la reprise réformiste. Cette révolte remettait intuitivement en question les fondements de la structure sociale capitaliste et cela ne peut être effacé de la mémoire historique. Nous allons plus loin, nous allons vers la vie.
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Algun@s Proletari@s en lucha de la Región chilena
Mañana del sábado 26 de octubre – Primavera subversiva del 2019
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Mettons les contrôleurs à l’amende

« Les contrôleurs sont des voleurs de pauvres »

De nombreux conflits sociaux émaillent la société que ce soit de notre logement au travail en passant par la Rue, nos vie sont de plus en plus surveillées, normées en bref contrôlées. Nous devons encore et toujours nous défendre face à l’Etat, les patrons et leurs sbires ! Les transports en sont un exemple parmi tant d’autres, la présence quotidienne des contrôleurs est une attaque contre les prols qui n’ont souvent aucun autre choix pour se déplacer dans des espaces urbains toujours plus vastes et éclatés. Il est tant d’offrir une réponse pour d’une part se défendre et trouver des moyens de solidarité qui nous permettent de lutter contre l’exploitation que nous subissons continuellement !

Ce texte vient d’une volonté de diffuser a minima des moyens de se défendre, seul ou à plusieurs, contre les contrôleurs de la ville de Rennes. Ce texte donnera également les billes pour avoir accès à la gratuité des transports, pour celles et ceux qui y ont droit. Enfin, si des gens veulent se ressaisir de cette question collectivement, comme a pu le faire la STAL1 à Rennes, n’hésitez pas ! D’autres actions pour les transports gratuits pourraient également être imaginées, comme celle réalisée en 2016, à Rennes, lors du mouvement contre la loi travail.

Pour moi, la fraude n’est pas un acte de lutte, mais une expression de la réappropriation des transports en commun par le prolétariat. Pour beaucoup, il s’agit d’une nécessité. C’est en revanche l’organisation qui lui donnera un aspect véritablement subversif et de lutte. Par exemple, la mutuelle des fraudeurs est une pratique intéressante pour s’organiser : il s’agit d’une organisation collective qui permet d’échanger des expériences et des techniques de fraudes tout en mettant en commun nos ressources afin de mutualiser le remboursement des amendes2. Plus encore, l’organisation peut permettre la création d’un rapport de force pour lutter contre les contrôleurs et ainsi permettre a ce que même les personnes sans papiers puissent se battre contre ces situations où le contrôle d’identité devient la norme.

Comment esquiver un contrôle ?

Un contrôle, c’est avant tout un interrogatoire qui consiste à te faire dire ton nom, prénom, adresse. Puis à te les redemander sous forme papiers (ID, permis, cb etc…) pour qu’ils soient sûrs de pouvoir t’envoyer l’amende à ton nom. Si tu n’as rien pour confirmer ton identité, et c’est tant mieux, ils peuvent te demander si tu as un téléphone… Avec ton téléphone, ils vont te demander de joindre une personne qui confirmera ton identité. Si tu n’arrives à joindre personne, ils pourront aussi te demander d’appeler un numéro gratuit, le 3179, qui transmettra, par sms, le RIO (relevé d’identité opérateur), ce qui donnera directement l’identité du propriétaire de la ligne !

Ces derniers temps, les contrôleurs te demandent même de signer un papier, pour reconnaître que l’identité que tu leur as donné est la vraie. Autrement, tu devras payer une amende de 3750 euros. Cette pratique est de nouveau renforcée par un dispositif de contrôle ou de surveillance, on ne sait plus vraiment : les contrôleurs de la Star sont depuis peu équipés de caméra sur leur torse.

Quoiqu’il en soit, les contrôleurs mettront la pression tout le long pour que tu leur donnes un max d’information sur toi. Ils utiliseront des arguments comme « si tu nous mens, on va appeler les flics pour qu’ils vérifient ton identité au poste ». Cela reste bien souvent de la menace, puisqu’il est rare qu’ils se déplacent réellement. Cependant, ils peuvent parfois être présents pendant le contrôle. En effet, les contrôleurs jouissent tout de même d’une complicité toute particulière avec leurs collègues policiers. Cela peut permettre de sanctionner les fraudeurs mais aussi de contrôler l’identité des gens à tout va, pour la seule raison qu’ils n’ont pas payé 1 euros 50.

Les contrôleurs, comment les esquiver ?

Pour contrer la fraude, la Star met en place tout un système préventif. Il s’agit de la présence des soit disant amistar ou des agents de sécurité. Pour les amistar, c’est un peu de la rigolade puisqu’ils ne peuvent tout simplement rien faire : ils ne peuvent n’y vous empêcher de passer, ni vous verbaliser. Pour ce qui est des agents de sécu, ils ne peuvent pas verbaliser, mais ils ont le pouvoir de vous bloquer physiquement.

On observera chez les contrôleurs deux types de technique. La première consiste à installer un filet de contrôleurs dans des zones de passage comme le haut des escaliers, ascenseurs et aux portes du métro ou bus. Il est donc intéressant de ne pas se presser et de prendre les escaliers plutôt que les escalators pour pouvoir faire demi tour en cas de contrôle. La deuxième technique des contrôleurs, plus agressive, consiste à rentrer dans le métro ou bus, pour contrôler directement tous les gens qui s’y trouvent. Chaque personne qui n’a pas de titre de transport valide se verra alors mettre dehors le temps de son contrôle et/ou verbaliser directement dedans.

Histoire d’augmenter la difficulté, certains contrôleurs se mêlent aux passagers, en s’habillant en civil pour feindre notre vigilance… bien que, personnellement, je trouve qu’ils ressemblent à des agents de la bac. L’intérêt pour eux est d’intercepter les fraudeurs en plein flag. Impossible alors de tenter d’embrouiller le contrôleur.

Quelques techniques pour éviter les contrôleurs et frauder :

L’une des meilleures techniques est encore de se prévenir collectivement de la présence des contrôleurs sur les lignes de transports. Donc, si tu es au courant d’un contrôle en cours, envois direct un sms à tous tes potes pour diffuser l’info au maximum. D’autant qu’il y a désormais du réseau dans le métro ! A Rennes, une application pour téléphone a également été créée : RATS3, qui permet de signaler la présence de contrôleurs dans une station de métro ou un arrêt de bus, mais aussi de vérifier s’il n’y en a pas. Le groupe Facebook du comité de mobilisation de Rennes 24 est aussi très utilisé pour faire des signalements et prévenir ainsi les autres personnes.

Un des trucs cool dans le métro rennais, c’est qu’il n’y a pas de portique. Tant mieux, ça évite de se fouler une cheville ou de passer pour un con à côté de tous les gens qui ont un ticket. Autre truc pas mal à savoir : c’est que sur certaines stations, comme République ou Sainte-Anne, tu peux prendre l’ascenseur tout droit jusqu’au quai du métro, sans avoir à passer les maudits composteurs.

Si tu es obligé de frauder, il y a tout un tas de techniques qui peuvent t’éviter une amende.
Tout d’abord, ne pas hésiter à demander aux personnes qui sortent du bus ou du métro s’ils ont un ticket encore valide. Ca peut prendre un peu de temps selon le moment de la journée, mais les gens sont habituellement complaisants avec cette pratique. Autre solution, on peut parfois trouver des tickets laissés par des gens sur les rebords des distributeurs, poubelles, bancs ou autres.

Dans le cas d’un contrôle, si tu as un titre de transport non composté sur toi, il t’est possible de le sortir afin de diminuer ton amende. Plus tu mettras de temps à le sortir, plus les contrôleurs seront focalisés sur toi. Peut-être ainsi un autre fraudeur sera épargné (marche particulièrement bien pour le cas de contrôleur en civil).

Si tu n’as pas de ticket, tu peux leur donner une « fausse identité », qui sera confirmée par le fait de téléphoner à un pote, que tu as brieffé avant, et qui donnera au contrôleur une « fausse identité ». Par contre, pour que ça marche, tu dois connaître le numéro de ton ou ta pote par cœur et qu’iel réponde au téléphone (ce qui n’est pas évident, surtout si c’est un numéro inconnu). Il ne faut surtout pas dire que tu as ton téléphone sur toi : ils peuvent vérifier ton identité avec, grâce au relevé d’identité opérateur (R.I.O), qui leur donne le nom du ou de la propriétaire de la ligne.

Comment avoir accès aux transports gratuits ?

Dans certain territoire, le transport gratuit existe. Il s’agit évidemment d’une proposition qui va dans l’intérêt des capitalistes. Par exemple, à Rennes, la gratuité des transports permet d’obliger les personnes aux RSA à revenir tous les un à six mois au CCAS, pour continuer à en disposer. Il s’agit là d’un des nombreux outils qui permet la surveillance et la gestion des pauvres.

Quand bien même les transports gratuits ont contribué à la fraude et/ou à une organisation qui tend à généraliser la fraude, ils ne sont pas contradictoires et peuvent même être un outil complémentaire pour faire chier les contrôleurs. Sans parler que cela simplifie pas mal la vie, au moins pendant six mois.

Pour y avoir accès, il faut se rendre à la Star pour créer une carte Korigo (la première est gratuite). Il faut savoir qu’ils peuvent faire une photo de vous en direct live, si vous n’en avez pas avec vous : je préconise donc d’y aller avec un bonnet, une écharpe et un gros sweat pour que la photo soit la moins claire possible. La gratuité des transports donnera lieu, selon votre situation, à un renouvellement tous les 1, 3, 6 ou 9 mois5.

Comment éviter ou réduire une amende ?

Le foutage de gueule n’as pas de limite, puisque que même si vous avez une carte de transport gratuit, vous êtes obligé.es de l’avoir en permanence sur vous dans les transports en commun. Sous peine de recevoir une amende qu’il vous faut payer sous sept jours pour ne payer « que » 5 euros de frais de dossier. Bref la gratuité est une notion bien vague à la Star.

Si tu reçois une amende à ton nom, il est possible de baisser son montant à 5 euros, si tu es éligible au transport gratuit et que tu fais une demande pour l’avoir dans la semaine qui suit ta verbalisation.
Avoir sur soi, lors du contrôle, un ticket non validé ou validé dans la journée, mais à une autre heure, peut également permettre de faire baisser de moitié l’amende6. Enfin, la payer directement permet de ne pas avoir à régler les frais de dossier… Mais bon, tout le monde n’a pas les moyens, surtout en fin de mois…7

Le contrôleur étant une espèce sournoise et sadique, attention à ne surtout pas faire augmenter son amende en s’emportant face à ces « BÂTARDS »… Typiquement le genre de propos qui donne lieu à une amende de 198 euros, pour outrage. Il peut être intéressant de tenter de les embrouiller, mais il faut garder en tête que ces fils de keuf sont assermentés par l’État. Néanmoins, ils n’ont pas le droit de vous fouiller ou de vous contraindre physiquement à faire quelque chose, si ce n’est en faisant barrière de leur corps. Cours, le vieux monde est derrière toi !

Ce n’est pas un science exacte mais ne pas payer son amende est une possibilité qui peut s’avérer gagnante. A vous de voir : la question n’est pas tranchée, bien que de nombreuses personnes n’ont pas payé toutes leurs amendes.

La tarification « solidaire » des tarifs de la Star :

1. Tout public sous conditions financières

Réduction de 100%
Ressources jusqu’à

Réduction de 85 %
Ressources jusqu’à

Réduction de 50 %
Ressources jusqu’à

Personne seule

900 €

901 € et 1050 €

1051 € et 1200 €

En couple

1350 €

1351 et 1575 €

1576 et 1800 €

Couple ou personne seule avec
1 enfant

1620 €

1621 € et 1890 €

1891 € et 2160 €

Couple ou personne seule avec
2 enfants

1890 €

1621 € et 1890 €

1891 € et 2160 €

Couple ou personne seule avec
3 enfants

2610 €

2161 € et 2520 €

2521 € et 2880 €

Couple ou personne seule avec
4 enfants

2430 €

2431 € et 2835 €

2836 € et 3240 €

Couple ou personne seule avec
5 enfants

2700 €

2701 € et 3150 €

3151 € et 3600 €

Par enfant supplémentaire

+ 270 €

+ 315 €

+ 360 €

2. Pour les étudiant.es et n’hésitez pas à demander au passage la carte Sortir !

Échelon de bourses

Tarification solidaire des transports

Carte Sortir !

Échelon 2

50 % de réduction (abonnement mensuel)

50 % de réduction sur le montant de l’abonnement à une activité régulière, aide plafonnée à 75 €

Échelons 3 et 4

85 % de réduction (abonnement mensuel)

60 % de réduction sur le montant de l’abonnement à une activité régulière, aide plafonnée à 90 €

Échelons 5, 6 et 7

Gratuité

70 % de réduction sur le montant de l’abonnement à une activité régulière, aide plafonnée à 105 €

1 Sans Ticket Autonome en Lutte

2 En lien, deux textes pour en savoir plus sur la mutuelle des fraudeurs de Rennes et celle de Lille : https://nantes.indymedia.org/articles/28160 et https://www.labrique.net/index.php/thematiques/lutte-des-classes/734-mutuelle-des-fraudeurs-ensemble-creons-des-liens

3 Lien vers le site internet : http://rats.pw

4 Lien vers le groupe Facebook : https://www.facebook.com/groups/1679036202369318

5 Les conditions financières pour être éligible : https://metropole.rennes.fr/tarification-solidaire-des-transports

6 Le prix des amendes, si tu as déjà validé ou pas un titre : http://www.e-pv.fr/tpe/tpe_20/files/STAR_ePV_Infractions.pdf

7 Quelques conseils venant d’une revus plutôt intéressante publiée sur Paris : https://paris-luttes.info/frauder-les-transports-a-paris-2276?lang=fr

Action disruptive au Leclerc : des prols prennent leur futur en main

 

____A l’appel du collectif contre la réforme chômage (blog : contrelareformechomage.noblogs.org), ce mercredi 2 octobre à midi, nous étions une 50aine à participer à l,action au centre commercial de Cleunay. Après nous être tous retrouvé nous sommes entrés par différentes portes d’un des plus gros centre commercial de Rennes. Des camarades ont pris des lignes de caddies et les ont joliment disposées en un gros tas, devant les caisses du Leclerc, en plein milieu de la galerie marchande. Ce promontoire improvisé nous a servi pour lire le tract sur la réforme chômage et pour attirer l’attention. Les canons à paillette, les chants et les slogans posent l’ambiance. « Chômeur, précaires, intérimaires ; le chômage c’est notre salaire ». Au même moment, un autre groupe de camarades distribue les tracts dans toute la zone commerciale aux clients et aux employés.
Le sujet du chômage devient le centre de beaucoup de conversations. Un rageux crie qu’on est des fainéants, qu’on a qu’à allé travailler. Une caissière raconte que son fils est directement touché par la réforme. Une femme âgée chuchote qu’on a raison qu’il faut foutre le bordel partout. Plus loin un jeune lit le tract, l’air tracassé : « c’est vrai ça ? » Profitant que l’ensemble des vigiles tentent vainement de remettre les caddies sur pieds, quelques malins s’en vont discrètement avec leur courses gratos. « Merci beaucoup ! » lance un inconnu le sourire aux lèvres.

 Du coté des employés, 2 groupes se distinguent dès le débuts: ceux dont le rôle est de surveiller et de cadrer : les petits chefs et les vigiles, les chiens de gardes du capital… qui en font des tonnes, crient qu’ « on a pas le drooooiiit »! Et il y a les autres qui vendent, mettent en rayon, font le ménage…et qui affichent pour la plus part un petit sourire complice bien content de ne plus les avoir sur le dos !

 

Mais c’est quoi être caissier/caissière ?

« Tu vois, je vais t’expliquer, c’est le travail quoi ! Tu bosses 7h assis sur une chaise à scanner des tonnes de produits pour des centaines de clients … pour finalement toi aussi passer à la caisse… »
« A 18h c’est le rush tout le monde sors du travail, ce sont alors des gens pressés, stressés, des gens épuisés qui s’alignent devant toi. Et toi tu es assis avec ton uniforme et ton nom inscrit dessus. Certains te voient vulnérable et se permettent de s’énerver contre toi, de t’insulter, de t’humilier pour se défouler ou par ce que ça ne va pas assez vite. Alors que toi aussi tu as des problèmes, tu as du mal à trouver de la thune pour faire tes courses comme plein de gens. Tu penses aux douleurs dans tes articulations, à ton dos qui te fait de plus en plus mal, à comment tu vas avoir la garde de ton gosse ou si tu auras le temps d’aller voir ton médecin dans la semaine. Bref, t’es obligée de rester polie quand t’as envie de sortir, de bouger, de faire plein de choses tellement plus intéressantes que de rester là le cul coincé sur ta chaise en plein courant d’air !!»
« Tes horaires sont décalés, tes pauses midi se font à 15h et pour avoir tes congés payés c’est une compét avec le reste des salariées. »
« Des fois les clients se raréfient alors on se permet de se tourner et de discuter un peu avec la caisse voisine, mais bon pas trop. Tu as tout un tas de caméra pointé sur toi et puis il y a le manager qui sort de son bureau pour venir t’engueuler. Tu comprend pas bien pourquoi mais ça à l’air de le défouler. Il est 21h30 tu termines ton services, y’a plus qu’à manger et dormir pour recommencer encore et encore. »
« La fin du mois le salaire tombe. Bah ouais un smic c’est pas grand-chose finalement, tu payes le loyer, les traites de la voiture, le fioul pour chauffer cette hiver, la bouffe acheté chez « Leclerc c’est moins cher », des fois des petits cadeaux pour égaiyer le quotidien. A la fin du mois t’es encore dans le rouge. »

 

« Mais pourquoi vous êtes venu là ? »

       Une demi heure après notre arrivé, des flics de la brigade d’intervention arrivent d’une des grandes portes. Le moment est venu de se regrouper pour faire force en nombre. Un ptit chef continue de faire des grands gestes en faisant mine qu’il vas nous taper alors qu’on est bien plus et bien déterminés à ne pas se laisser faire. Il est rouge, il a chaud, il crie : « Mais pourquoi vous êtes venu là ? » Parce que « On est là, on est là ; pour l’honneur des chômeur, pour un monde meilleur ! On est là, on est là, même si les patrons le veulent pas, nous on est là ! »

    Il y a ici plusieurs centaines d’employés qui travaillent pour pouvoir manger. Il y a aussi des milliers de prols qui dépensent l’argent qu’ils ont gagné en travaillant pour pouvoir manger. Et il y a les patrons, loin là-haut, qui compte les millions. La boucle est bouclée et les comptes en banques des bourges se remplissent pendant que les nôtres se vide au-delà du zéro…

 

 

 

Construisons l’autonomie de Classe, organisons-nous pour ne plus rester isolés face aux patrons et leurs sbires!

 

 

Récits croisés de la journée d’action du 19 mars

Après l’acte 18 à Paris qui arrive au bout de 4 mois de lutte, les centrales syndicales posent leur deuxième date de mobilisation, suite au 5 février, ce sera le 19 mars ! Les gilets jaunes, forts de leur mouvement qui ne faiblit pas, reprennent à leur compte cette date pour inviter les grévistes à les rejoindre sur des points de blocage tout au long de cette journée de mobilisation. Car, si pour certain la grève consiste en une procession en ville sur le thème de la grève, pour d’autres, la grève est nécessairement active : Grève, Blocage, Manif Sauvage !

1er round : Le dépôt de carburant de Vern-sur-Seiche
Dans la nuit du lundi 18 au mardi 19 mars, répondant à l’appel national de blocage des raffineries et des dépôts pétroliers, une trentaine de GJ se retrouvent à 3h du matin, munis de palettes, de pneus et d’une grande détermination pour bloquer l’entrée et la sortie du dépôt. Malgré l’arrivée des gendarmes, les premiers camions citernes sont bloqués dès 4h15 et nous allons à la rencontre des chauffeurs pour leur expliquer la situation et boire un café. A 5h, c’est maintenant une dizaine de camion qui sont bloqués, on apprend que le blocage de Donges a été viré mais que les camarades continuent de bloquer les rond-points autour. Voyant que plus d’une trentaine de camion citernes sont à l’arrêt au bord de la route et notre nombre diminuer en même temps que celui des flics augmente, nous décidons de lever le camp pendant que les indésirables galèrent à dégager nos barricades…

La journée ne fait que commencer !Round 2: Manif
Dans les derniers mouvements à Rennes, la constitution d’un cortège intersectoriel qui prend la tête de la manifestation est devenu une habitude à chaque journée de mobilisation. Cette espace rassemble tous les gens en lutte, à la fois ceux qui ne se reconnaissent pas dans le cadre proposé par les centrales syndicales et ceux que ces dernières ne défendent quasiment jamais ; les précaires, les chômeurs, les étudiants travailleurs ou non… Cette auto-organisation permet à tous ceux qui veulent briser le corporatisme et participer à la grève de manière active de s’organiser sans chef ni hiérarchie et s’opposer à ceux qui veulent encadrer les mobilisations et faire le taf d’auxiliaires de police par des services d’ordre.

12 mai 2016 à Marseille : La CGT attaque et gaze les manifestant-e-s en fin de cortège.

Pour une fois, le SO de l’intersyndicale compte dans ces rangs 80 personnes de la CGT, FO mais surtout Solidaires 35, postés à l’avant du cortège mené par la CGT. Ces derniers, encadrent la manif en lien avec les forces de l’ordre, afin d’empêcher l’émergence de toute initiative qui mettrait en péril leur ballade mensuelle et surtout éviter d’entrer en résonance avec le mouvement des gilets jaunes qui exalte la contestation sociale depuis plusieurs mois.

Dès l’arrivée du cortège à République, une des banderoles des gilets jaunes se fait attaquer et voler par les flics, sans la moindre réaction du SO et des syndicalistes qui sont favorables à son existence. Seulement, l’injonction aux syndiqués de base à bien rester dans le rang des centrales et de leur bureaucratie départementale est régulièrement débordé ; c’est donc pour ces raison plus qu’évidentes, que des personnes en luttes syndiquées ou non, ont donc pris l’initiative de reprendre l’avant du cortège, sans banderole mais motivés. Tout le reste de la manif, le SO essaiera en vain de dégager ceux qui les débordent afin d’endiguer la fuite de syndicalistes de leurs rangs, et ce, au corps à corps. Les chants et moqueries redoublent au vu de leur entêtement et la solidarité permet de désamorcer ce dispositif constitué de marmules en chasubles qui s’amuse à foutre des mains au cul au passage.
Tout le monde est désormais prévenu : on n’empêchera pas la jonction de tous ceux qui veulent se retrouver, s’organiser, se tenir collectivement dans la rue, bloquer l’économie, chanter notre rage, faire chier les capitalistes, bref, repeindre d’un jaune éclatant ces cortèges qui puent la défaite…

Car l’histoire aura raison de ceux qui négocient les conditions de notre exploitation.
Nous sommes de ceux qui mettent en acte la solidarité et niquent la dissociation, la coupe est pleine, DEBORDONS !

3ème round: Blocage de la Plateforme Industrielle Cedex (PIC)
On se retrouve le soir, à la maison des gilet jaune à St Grégoire, lieu fixé du dernier départ en action. C’est aussi le moment de l’assemblée hebdomadaire des gilets jaunes à Rennes et alentours. Nous prenons donc un temps pour discuter et savoir si nous ferons cette AG sur le point de blocage ou ici avant de partir en action. Finalement nous décidons de reculer le départ en action pour prendre le temps de nous organiser pour la suite.
A 20h30, une cinquantaine de personnes se retrouvent donc à la Plateforme Industrielle Cedex (PIC) d’Armorique de Noyal-Chatillon-Sur-Seiche. Il s’agit d’une vaste usine de La Poste qui traite le courrier de tout le grand Ouest.
Une fois les barricades installées, c’est très rapidement que des dizaines de camions de toutes tailles se retrouvent bloqués. Une fois encore nous allons discuter avec eux du mouvement et des perspectives autour d’un café ou d’une clope. Nous leur conseillons d’appeler leur patrons pour leur dire qu’ils sont bloqués par des gilets jaunes, et que s’ils et elles le souhaitent nous pouvons aussi les aider à bloquer leurs boîtes pour qu’ils puissent faire grève plus facilement.
C’est justement pour faire écho à la grève que nous avions choisi cette action. En effet, un an plus tôt des dizaines de facteurs et factrices de Rennes ont fait une grève de plusieurs mois contre la réorganisation de leur bureau de poste. A cette occasion, la PIC avait été bloquée plusieurs fois.
Les travailleurs de nuit de la PIC commencent à arriver. Très nombreux sont ceux qui nous soutiennent, notre présence semble les ravir, nous leur distribuons des tracts qui rappellent comment faire grève et explique notre action, tout en leur disant, que c’est ensemble que nous serons plus fort et que si les flics viennent nous dégager, les travailleurs et travailleuses à l’intérieur de l’usine peuvent prendre le relais en faisant grève à leur tour!
Les flics sont de plus en plus nombreux, et font déplacer les camions. Nous comprenons qu’ils sont en train de dégager l’accès pour pouvoir intervenir…
On commence à se rassembler pour prendre une décision, la barricade s’enflamme et nous décidons de partir à travers champs. Les gendarmes nous chargent sur plusieurs centaines de mètres le long de la rocade plongée dans le noir. Tout le monde court se réfugier dans un resto ouvrier encore ouvert, où les flics n’hésitent pas à entrer en force et gazer. Après quelques minutes pour tenter de reprendre notre souffle, nous décidons rapidement de donner la même identité ; Camille Dupond, ils nous font sortir manu militari un par un, et contrôlent l’identité de tout le monde, 5 camarades sont choisis au hasard et se font embarquer à la gendarmerie de Vern. On fait un débrief et on organise le soutien à ceux embarqués. Ils ressortiront dans la nuit et le lendemain avec une convocation ou un rappel à la loi, pour certains au nom de Camille Dupond.
Pour contrer la répression mais surtout pouvoir envisager et organiser plein d’autres actions et former un cortège ouvert et bouillonnant, nous avons besoin d’être toujours plus nombreux.ses, ne passons pas à côté de la possibilité de gagner !

???? Féministes, déters et révolutionnaires ! ????

On a vu cette année une réelle volonté de faire émerger une organisation autonome féministe autour de la journée du 8 mars, et ce afin de ne pas se laisser dicter des mots d’ordres et modalités d’action par les syndicats et institutionnels (qui n’ont même pas voulu communiquer le parcours prévu). Une réunion publique a été organisée le vendredi 1er mars dans un bar afin d’essayer de proposer une auto-organisation de celles et ceux ne se retrouvant pas dans les appels traditionnels. Des comités de mobilisation et d’action ont déterminé des modalités d’organisation concrètes, comme les moyens de défense et les actions mis en œuvre  au sein de la manifestation. Le départ était fixé à la fac pour permettre un débrayage et de rejoindre la manif syndicale à République à 15h40, heure symbolique à laquelle les femmes arrêtent d’être payées par rapport au salaire des hommes.

On nous parle des inégalités salariales, au même titre que la parité et toutes ces batailles auxquelles se raccrochent tant bien que mal tout une frange du féminisme. Mais de quelles salaires parle-t-on? Celui des cadres, des RH, des cheffes? Et qu’en est-il de celui des femmes de ménage, des assistantes maternelles, des ouvrières… Ce manque d’analyse de classe nous laisse perplexe. Faire la grève? Manifester ? OUI, mais nous ne voulons pas seulement d’un jour par an, pour la symbolique. Il est temps de penser la grève comme une pratique de lutte offensive et non comme un appel mou sans lendemain. À Rennes, et sûrement dans beaucoup d’autres villes, des bureaucrates ont tenté de saisir cette opportunité pour reprendre le contrôle sur les manifs, qui depuis quelques mois leur échappe. Mais la rengaine gestionnaire négociant l’aménagement de la défaite nous fatigue. Les centrales syndicales ont depuis des décennies participé à transformer l’un des principaux outils de lutte des prolétaires en démonstration pathétique de leur absence de combativité et de leur incapacité à défendre les travailleuses (et travailleurs).

La manif féministe a donc quitté son point de rassemblement après une demi heure de prises de parole, avec en tête la banderole de l’intersyndicale. Rapidement, cette tête molle semble incapable d’être à la hauteur de ce qu’il se passe le 8 mars : des centaines de « féministes, déter et révolutionnaires » attendent plus de cette journée. Après quelques minutes de coude à coude de banderoles, c’est avec une certaine spontanéité que la majeure partie des gens présents décident de dépasser les drapeaux syndicaux pour rejoindre la tête du cortège. Arrivé devant la préfecture de région, le cortège syndical s’arrête après avoir parcouru les 100 « interminables » mètres, pendant lesquels il n’aura pas manqué de s’en prendre aux camarades qui tenaient la banderole, allant jusqu’à les menacer d’aller poukave aux keufs, avec qui il était en contact permanent of course.

Le cortège alors composé de différentes tendances du féminisme non institutionnel décide de poursuivre son chemin, bien décidé à ne pas s’arrêter là. Après quelques détours forcés par la présence de keufs en nombre pour nous empêcher d’accéder au centre-ville bourgeois, le cortège retourne sur République, et commence à couvrir de slogans les différentes vitrines et cibles décidées lors des comités actions. Pharmacies, gynécos (qui refusent de délivrer la contraception), magasins de lingerie, galeries lafayette, tous ces commerces qui se font du fric sur l’image de la femme et dans lesquels nous n’auront jamais les moyens de nous payer quoi que ce soit. Très rapidement, pleins de gens se prêtent au jeu, on s’arrête, on réfléchit à ce qu’on écrit, et c’est parti, applaudissements, chants féministes, puis ça continue. Il serait temps que tout le monde commence à prendre au sérieux le nouveau souffle du féminisme ; l’expression d’une force collective qui se concrétise dans notre manière de bouger toutes ensembles, de prendre les décisions, de choisir les cibles et de défendre le cortège. Malgré la présence de condés, de plusieurs tentatives pour nous bloquer, et d’une charge en queue de cortège sur Charles de Gaulle pour s’emparer d’un caddie de bouffe (!), nous resterons ensemble, et ce jusqu’à la fin de la manif.

Et ce n’est que le début…

Continuons de nous retrouver pour s’organiser, et s’autonomiser dans la lutte, poser nos propres dates de manifestations et nos modalités d’organisations. Nous ne voulons pas nous contenter des « journées nationales de..» mais infuser chacunes de nos luttes par nos pratiques et nos objectifs. Réapproprions nous la rue, parce que c’est aussi un espace pour diffuser nos idées, nos pratiques. Organisons nous dans les comités actions, renforçons notre force collective car nous laisserons personnes nous empêcher de lutter, ni les services d’ordres des syndicats, ni les flics, ni les patrons qui nous niquent la gueule au travail, ni tous les connards qui espèrent que nous serons dans la rue seulement le 8 mars.

 

 

???? Féministes, déters et révolutionnaires ! ????

 

Commerçants, le ras-le-bol des gilets jaunes !

On s’en souvient, la première grosse manifestation des gilets jaunes à Rennes a eu lieu pendant que se déroulaient au Couvent des jacobins les « Assises de la citoyenneté » organisées par Ouest France. L’occasion de promouvoir le « vivre ensemble » tant désiré par la Métropole et les commerçants du centre ville, qui devrait permettre à tout le monde de venir consommer paisiblement dans un centre historique sanctuarisé et transformé en dortoir 5 étoiles pour cadres dynamiques. Si le mouvement semblait alors très conscient de ne pas avoir sa place dans cette conception du « vivre ensemble », la place qu’occupe l’association des commerçants de Rennes, le Carré Rennais, dans la dynamique de sanctuarisation commerciale qui opère depuis plusieurs années est souvent passée sous silence, et réapparaît à chaque fois qu’un mouvement social ressurgit. Ainsi l’épopée des petits commerçants en lutte pour préserver l’ordre établi, ou la « tranquillité du centre ville », est devenue un marronnier lors de chaque mouvement social. Les nombreuses sorties récentes de son président Charles Compagnon (propriétaire du restaurant le Carré) dans les médias, invoquant le ministre de l’intérieur à « rétablir l’ordre » dans un contexte de vaste répression (1800 condamnations) nous ont conduit à nous intéresser à cette « association loi 1901 ».

« Petits commerçants », gros intérêts

Le Carré Rennais, c’est une association qui réunit 330 commerces, répartis en 200 magasins et 130 commerçants itinérants. En plus du président Charles Compagnon, on note dans les 5 postes importants du conseil d’administration 2 propriétaires de boutiques de luxe (Optique Laurence Taillandier ­ qui s’est fait cambrioler ses paires de lunettes à hauteur de 2000 euros récemment ­, et l’Atelier Joaillerie), une agence immobilière importante (Arthur Loyd, 1 er réseau français de conseil en immobilier) et le café des Jacobins (nouveau bistrot branché à côté du Couvent). Dans les 330 commerces, on retrouve notamment les centres commerciaux et galeries du centre ville, les agences bancaires, immobilières et de voyage, quasiment toutes les boutiques de luxe (joaillerie, vêtement, chaussures), franchises de fringues et de grande distrib et une bonne partie des bars, librairies et restaurants. À partir de ça, le Carré Rennais agit donc « pour renforcer leur attractivité », en jouant « un rôle d’interface entre les commerçants et les instances officielles ». Ils organisent des événements (grande braderie) et promeuvent « l’accessibilité en centre ville ». Par exemple ils ont des titres de transport et de parking gratuits à filer à leurs clients le samedi et une garderie pour leur permettre de faire les courses peinards. Ils organisent aussi des concours de vitrines au mois de décembre. On voit donc se dessiner des intérêts beaucoup plus larges. Comme à chaque fois que les bourges se réunissent entre eux, ça donne jamais rien de bon pour les prols, pas même leur putain de charité pour redorer leur image.

Les petits commerçants c’est une grosse douille. Sous couvert d’artisanat créatif et de « petite » structure, ils sont en fait les vitrines d’un capitalisme local et bien sûr font tout pour le défendre. Derrière ces derniers se cachent des petits patrons et parfois même des « gros » quand ceux-ci possèdent une armada de boutiques et de restaurants qui n’en restent pas moins des exploiteurs de première catégorie. A coups d’emplois précaires, les bourgeois du centre-ville s’enrichissent sur le dos d’un prolétariat qui se trouve, pour l’heure, sans grande capacités d’organisation. Eclatement de la masse salariale dans de petites structures, parfois organisées de manière faussement horizontale, il en devient parfois impossible de distinguer l’employé en bas de l’échelle, du manager ou du patron dans les boutiques.

Tout doit disparaître

Là où on voit la puissance de ces organisations de centre ville, c’est lors des mouvements sociaux. C’est-à-dire quand ils se sentent menacés. À Rennes, après 3 samedis de mobilisation d’une intensité plutôt relative par rapport à certaines villes de France, ils se retrouvent au ministère 2 fois et arrivent à débloquer un fonds de 3 millions d’euros de compensation. Leur capacité à s’organiser politiquement crève les yeux, tant ces derniers font pression sur les institutions pour casser le mouvement social. Dans les médias, les appels à la répression sont monnaie courante. Tout comme le déploiement policier qui protège les commerces et interdit aux cortèges de rentrer dans le centre-ville. Depuis 2016, rentrer dans le centre historique s’est imposé comme l’un des objectifs des manifestations rennaises, afin de ne pas les laisser dicter leurs lois. La prise de la maison du peuple à Sainte Anne en mai 2016, ainsi que plusieurs manifs gilet jaune cette année sont autant de victoires arrachées par la détermination collective!

A travers des discours misérabilistes dans les médias, ces derniers tentent de  retourner la colère sociale qui s’exprime dans la rue, en faisant croire que c’est eux « qui en ont ras-le-bol ». Mais qui voudrait s’attendrir devant leurs jérémiades? On sait très bien ce qui fait tourner leur business, c’est notre exploitation ; avec des salaires de merde, des conditions de travail déplorables, pour vendre des petits objets, des ptits plats, des ptits services, des ptites assurances, des ptits bijoux, derrière leurs ptites vitrines de petits commerces. De mouvement en mouvement, leurs tentatives d’intimidations à deux balles nous lassent. La dernière en date, s’autoproclamer justiciers en herbe pour pallier aux failles de la police : « si les autorités n’y arrivent pas, on va s’en occuper nous-même ». Dans un contexte de forte répression du mouvement, les différents appels passent chaque fois pour plus indécents et provocateurs de la part de petits commerçants qui semblent près à tout pour défendre leurs intérêts.

La structuration des commerçants dans toutes les villes, comme ici le Carré Rennais, est un des outils de la bourgeoisie qui, coordonné avec ceux mis en œuvre par l’État tentent d’attaquer le mouvement social. Nos intérêts de classe sont évidemment incompatibles, il est nécessaire de continuer à maintenir la pression sur le poumon économique de la ville qu’est le centre historique. La récupération politique bat son plein, et les futurs candidats aux municipales surenchérissent pour demander des peines exemplaires contre le mouvement.

La réaction du Carré Rennais montre que faire une manif en centre-ville, c’est prendre la rue, comme toujours, mais c’est aussi bloquer efficacement et directement une des expressions du capitalisme. Du début à la fin de la chaîne de montage, à la périphérie comme au centre, continuons à nous organiser contre ceux qui se font de la maille sur notre dos, attaquons les points névralgiques de l’économie pour la briser. Pas de quartier pour les bourgeois !

 

Loi anti-manifestants : des tribunes à la rue, nouveau stade dans la répression

         Avec le mouvement des « gilets jaunes », comme avec tous les mouvements sociaux, ressurgit dans le discours politique et médiatique (qui se confondent toujours plus) le spectre des « casseurs ».

Dès le 17 novembre et la première manif parisienne, les affrontements avec la police et les attaques contre des commerces et des administrations semblent se généraliser lors des différents « actes ». La diffusion de ces pratiques à l’ensemble du territoire, leur répétition et le soutien assez massif dont elles bénéficient n’a pas empêché les politiques et médias de mettre en route le logiciel habituel : dénoncer des violences « en marge », l’infiltration de « casseurs voulant seulement en découdre », « des débordements inacceptables qui nuisent à une colère compréhensible » et bla et bla et bla…

Le but est évident et le même qu’à chaque mobilisation, créer la division entre les manifestants, pour semer la zizanie en interne et justifier la répression féroce contre l’ensemble du mouvement en essayant d’en enfermer une partie dans la figure du « casseur» .

Les « casseurs »

La figure du casseur est une constante du discours politique et médiatique depuis les années 70. Elle permet de discréditer le discours politique de ceux qui choisissent de lutter parfois au-delà de la légalité. Sa première apparition peut être datée à la loi dite anticasseur de 1970 sous pompidou promulguée pour lutter contre le bouillonant mouvement révolutionnaire des années post-68. On peu la rapprocher de la figure du hooligan utilisée depuis les années 80 pour discréditer ceux qui vivent leur passion de manière un peu trop turbulente.

Et quand ça ne prend plus on essaie d’intimider les manifestants comme Castaner qui affirmait le 11 janvier en direct sur facebook : « ceux qui viennent manifester dans des villes où il y a de la casse qui est annoncée savent qu’ils seront complices de ces manifestations-là » au mépris de toute catégrorie juridique !

Apparemment la féroce répression policière (des centaines de blessés, au moins 10 yeux crevés à coup de LBD 40) et judiciaire (+20 % des comparutions immédiates, des peines de prison ferme à la pelle, des contrôles judiciaires de bâtards) ne suffit plus. Le gouvernement dans sa fuite en avant sécuritaire annonce une loi anticasseurs et propose de récupérer un projet de lois des républicains, votée au sénat à l’automne dernier à la suite du mouvement étudiant du premier semestre 2018.

Plusieurs mesures annoncées dans ce projet, adopté aujourd’hui en commission des lois de l’assemblée nationale :

La création d’un« délit de dissimulation volontaire du visage dans les manifestations » qui était auparavant une contravention de seconde classe (150€ d’amende) devient passible d’une peine de 15 000€ d’amende max et d’un an d’emprisonnement, manière facile de racketter des thunes aux prols qui luttent. Et en plus, les députés ont accepté un amendement proposant pour ce nouveau délit d’inverser la charge de la preuve, en clair ça n’est plus à l’accusation d’amener la preuve que le mis en cause était masqué pour commettre des troubles mais bien à ce dernier de démontrer qu’il avait une raison tout autre, un « motif légitime » de se masquer (swag, froid, pollution…).

Les ultras de la Fortitudo, équipe de basket de Bologne, se masquent en tribune pour protester contre des interdictions de stade frappant 12 des leurs.
« Nous ne voudrions pas etre mal compris » Jeu de mots sur le double sens de travisati qui peut aussi vouloir dire grimé

Deuxième mesure : la mise en place d’interdiction administrative de manifester sur le modèles des interdictions administratives de stades. En l’état le texte prévoit la possibilité pour les préfets :

« Lorsque, par ses agissements à l’occasion de manifestations sur la voie publique ayant donnés lieu à des atteintes graves à l’intégrité physique des personnes ainsi que des dommages importants aux biens ou par la commission d’un acte violent à l’occasion de l’une de ces manifestations, une personne constitue une menace d’une particulière gravité pour l’ordre public, le représentant de l’État dans le département ou, à Paris, le préfet de police peut, par arrêté motivé, lui interdire de participer à une manifestation sur la voie publique ayant fait l’objet d’une déclaration ou dont il a connaissance. »

Lors de son premier passage à l’assemblée le texte a même été enrichi de la possibilité pour les préfets d’interdire de manif un individu pour un mois sur l’ensemble du territoire national et ainsi empêcher d’aller manifester avec les camarades dans les autres villes !

En somme des critères bien vagues laissés à l’interprétation des préfets et basés sur les allégations des services de renseignements de police. On observe un élargissement du pouvoir donné aux préfets pour interdire de manif à peu près n’importe qui participant de près ou de loin aux mouvements sociaux ! Cette mesure sera appuyée par la création d’un fichier national des casseurs qui sera à priori intégré au sein du fichier national des personnes recherchées. Le flou volontaire laissé sur ces questions permet d’imaginer une répression importante à venir contre les mouvements sociaux basée sur une réduction générale des garanties de liberté individuelles, notamment depuis la promulgation de l’état d’urgence en 2015.

Le discours gouvernemental qui assume de trouver l’inspiration dans la politique de lutte contre le « hooliganisme » n’est pas anodine. Les mesures répressives créées pour lutter contre « la violence dans les stades » sont aujourd’hui principalement utilisées contre le supporterisme organisé. En cela l’État français est dans la tendance européenne, on teste des mesures sécuritaires dans les stades, contre des mouvements montrés du doigt comme marginaux et violents (les mouvement ultras et hooligan assimilés dans le discours publique [voir encart à la fin]), puis on les adapte pour la répression sociale plus générale contre les prols et les mouvements sociaux !

Ultras Brescia, années 90
« Lois spéciales : aujourd’hui pour les ultras, demain dans toute la ville »

Dernier exemple en date la promulgation en Italie par le dernier gouvernement de centre-gauche, et enrichi par le gouvernement d’extrême-droite en place, du DASPO Urbano. Cette mesure permet d’interdire des individus de paraître dans un certain périmètre (pour une manifestation par exemple), sur le modèle du DASPO acronyme de « Interdiction d’accéder aux manifestations sportives » mis en place depuis 1998 au nom de la sacro sainte lutte contre la violence dans les stades. En France on assiste depuis quelques années à un fort durcissement de la répression contre les supporters que ce soit des mesures individuelles (interdiction administratives ou judiciaires de stade) ou collectives (multiplications des interdictions de déplacement prise par les préfets pour des raisons chaque fois plus obscures).

L’inspiration des mesures antisupporter (car c’est bien de ça dont il s’agit créer un foot calme, aseptisé, facilement vendable à l’export et en adéquation avec l’augmentation général du prix des places et des droits tv) est claire quand on lit l’article L332-16 du code du sport qui encadre les interdictions administratives de stade.

Les interdictions administratives de stade, cancer du foot

l’article L332-16 du code du sport dispose

« Lorsque, par son comportement d’ensemble à l’occasion de manifestations sportives, par la commission d’un acte grave à l’occasion de l’une de ces manifestations, du fait de son appartenance à une association ou un groupement de fait ayant fait l’objet d’une dissolution en application de l’article L. 332-18 ou du fait de sa participation aux activités qu’une association ayant fait l’objet d’une suspension d’activité s’est vue interdire en application du même article, une personne constitue une menace pour l’ordre public, le représentant de l’Etat dans le département et, à Paris, le préfet de police peuvent, par arrêté motivé, prononcer à son encontre une mesure d’interdiction de pénétrer ou de se rendre aux abords des enceintes où de telles manifestations se déroulent ou sont retransmises en public. »

Des critères flous et larges qui permettent aux préfets d’interdire de stade pour tout et n’importe quoi, on fait notamment la chasse a l’usage de pyrotechnie et aux supporters contestataires, ainsi l’association nationale des supporters, qui regroupe des groupes de supporters de nombreux clubs, relate : « Un exemple d’utilisation abusive des interdictions administratives de stade est très connu dans le milieu des supporters: en 2014, près de 250 supporters du Paris Saint Germain ont été interdits administrativement de stade pour avoir participé à un sit -in pacifique, au cours duquel ils ont entonné des slogans contestant la direction du club.

En 2016, plusieurs dizaines l’ont été sur le même fondement. Ces IAS ont naturellement été annulées par le juge administratif, mais des années plus tard »

De même dans l’article 2 de la proposition de loi on peut lire:« Le représentant de l’État dans le département ou, à Paris, le préfet de police peut imposer, par l’arrêté mentionné au premier alinéa du présent article, à la personne concernée par cette mesure de répondre, au moment de la manifestation, aux convocations de toute autorité ou de toute personne qualifiée qu’il désigne. Cette obligation doit être proportionnée au comportement de la personne », en bref obligation d’aller pointer au comico pendant la manif. Cet mesure est un copié collé de l’alinéa 3 de l’Article L332-16 du code du sport. Selon l’ANS la moitié des IAS sont doublé d’une obligation de pointage, c’est donc sur simple décision du préfet des personnes qui sont contraintes de pointer jusqu’a 50 fois par an, parfois sans pouvoir trouver d’arrangements pour aller bosser ou en vacances.

Dans les deux cas c’est le même processus préventif qui entre en jeu, une interdiction de manif comme de stade c’est une décision qui est délivré par une autorité administrative et qui t’interdit de circuler sur un territoire donné sans aucune forme de procès.

Les représentants de l’état se voient confier la possibilités de prendre des mesures impactant violemment les libertés individuelles sans possibilité de se défendre (contrairement au tribunal). Au delà d’une attaque contre les possibilités de se défendre xe sont aussi des  mesure préventive dont le pouvoir espère sans doute qu’elle permettra de désengorger les tribunaux saturés par la répression !

Ultras Red Kaos Grenoble, 25/01/2019

Les responsables diront qu’on peut faire un recours au tribunal administratif mais on sait très bien que ces recours mettent du temps a aboutir. C’est bien de mesure parajudiciaire enlevant à l’accusée ses possibilité de défense dont il s’agit et c’est en cela qu’elles doivent être combattue. On ajoutera que les garanties de libertés individuelles ne peuvent être défendu séparément. Les supporters tirent la sonnette d’alarme depuis des années sans être écoutés et depuis l’annonce du projet de lois anticasseurs la gauche propre sur elle défile sur les plateau tv, non pas pour remettre en cause les attaques sur les libertés, mais pour dire qu’on ne pouvait décidémment pas comparer les manifestants a de vulgaires supporters de foot. Des stades de foot aux entreprises ou à la rue ce sont les même processus qui sont en cours. Nous vivons une évolution autoritaire du capitalisme libéral, au service du profit et de la paix social.

Rappelons qu’en 2015 et 2016 de nombreux participants aux mouvements sociaux avait été visés par des interdictions de manifs basés sur un détournement de la l’etat d’urgence permettant d’interdire à un individu de paraître dans un périmètre. Demain la possibilité d’interdiction de manif sera écrite dans la loi, nous ne demandons pas d’application juste de la legislation mais qui sait comment cette mesure pourra être détournée ? Il s’agit maintenant si nous voulons pouvoir continuer à lutter pour nos idées, nos conditions d’existence ou pour nos équipe de défendre nos garanties et de combattre ces mesures. Refus collectif de se soumettre aux interdictions, diffusion du masquage pour lutter contre la penalisation du fait de se masquer et contre l’identification… Ne cédons pas à la peur que veut installer la répression, affirmons notre solidarité contre la justice qui nous frappe, qu’elle soit pénale ou administrative !

Brève histoire du supporterisme organisé :

Le supporterisme organisé commence à apparaître en europe à partir des années 60 mais commence à réellement se dévelloper en italie dans les années 70. Pour reposer très brièvement quelques base face à toute les conneries que nous sortent médias et pouvoir publique.

– mouvement ultra nait en italie dans les année 70, il vise à organiser les tribunes populaires pour soutenir son équipe à travers des chants commandés par des capos, chorégraphies (appelées tifos), drapeaux, pyrotechnie etc. La violence n’est pas rejetée et elle peut souvent s’exprimer contre les ultras d’équipe rivales ou la police mais elle n’est pas centrale. C’est aujourd’hui le type de supportérisme organisée principal en europe, seul les iles britanniques on une organisation plus basé sur des chants spontannés, sans vraiment de groupes organisés ni de matériel en tribune.

-Le hooliganisme : nait du football anglais en structurant des petits groupes qui viennent au stade pour en découdre avec les fans adverses, il se répand dans toute l’europe mais en tant que mouvement il est surtout aujourd’hui massif dans les pays de l’ex bloc soviétique et les balkans.

La violence est ici centrale et on cherche l’affrontement soit aux abords du stade soit avec des arranged fights organisés en périphérie.

Le supportérisme regroupe tout un tas de pratique et la violence en fait parfois partie et il ne s’agit ni de la rejeter comme extérieure ni de la fétichiser. Qu’ils soient lambdas ou organisés dans un groupe ultras ou une firm de hools ce sont les fans qui font du foot ce qu’il est, le prétexte de la violence est souvent utilisé pour porter l’attaque contre l’essence populaire du football, l’Angleterre en est le meilleures exemple puisque la stratégie adopté pour lutter contre le hooliganisme a été tout bonnement l’augmentation du prix des places à des niveaux qui rendent impossible pour de nombreux prols de suivre leur équipe.

Retour sur la nuit de blocage du 24 janvier

Suite à l’appel national à bloquer les raffineries, nous allons avec quelques camarades rejoindre le point de blocage du dépôt pétrolier de Vern-sur-Seiche vers 23h.

Nous sommes une cinquantaine et la gendarmerie garde l’entrée de la raffinerie, nous décidons donc d’aller au rond point le plus proche pour bloquer les poids lourds. Les keufs nous disent de dégager et nous empêchent physiquement de bloquer ou de ralentir la circulation. On se rend compte de notre incapacité à bloquer effectivement le dépôt, due à notre faible nombre numérique et à la présence des keufs qui nous disent clairement qu’ils seront là jusqu’à 5h puis insinuent qu’on se fera dégager ensuite.

Après discussions et échanges sur nos expériences personnelles de chauffeurs et d’intérimaires, nous décidons à quelques dizaines d’aller à la plateforme de tri de colis du Rheu. L’idée est de faire un blocage économique en empêchant le départ des poids lourds qui distribuent des colis dans toute la France, à un rythme effréné de la période des fêtes de fin d’année, jusqu’à la fin des soldes!

Nous arrivons vers 1 heure du matin et installons une barricade devant l’entrée. Les keufs qui nous ont suivis, nous observent au loin avec des responsables de la plateforme. Nous décidons collectivement de ne laisser sortir qu’un poids lourd toutes les 5 minutes. Rapidement un embouteillage se créé depuis les quais jusqu’à la sortie de la boîte. Une enceinte passe de la musique, on discute, on échange sur nos différentes expériences de blocage, de manif, on boit des coups, certains salariés sortent discuter avec nous, nous parlent de l’organisation interne, nous conseillent d’arriver plus tôt les prochaines fois… La bonne ambiance est au rendez-vous malgré l’heure tardive, le froid et la bruine. Nous apercevons au loin des salariés en pause, nous nous saluons et nous échangeons des slogans au loin, on ressent l’envie pour eux de nous rejoindre ; la grève devient une nécessité… À l’heure de la débauche, vers 3h30, ces mêmes salariés qui défilent en voiture devant nous, klaxonnent, applaudissent, nous expriment leur soutien massivement, tout comme des chauffeurs poids lourd qui repartent sur la route.

Vers 4h30, la dernière bagnole de keuf quitte le blocage, fatiguée d’attendre.
Nous, nous sommes toujours déters !
Vers 6h du matin, le blocage est levé.
L’action de blocage est une réussite !

Il faut continuer ce genre d’action, organisons-nous, bloquons tout !