Première partie : Il n’y a pas de catastrophe naturelle
Deuxième partie : De la crise et de sa gestion
Troisième partie : Il n’y a pas de trêve dans la guerre de classe
Texte en entier (pdf) : Réflexions de confinés sur un monde à renverser, par ASAP révolution
De la crise et sa gestion
Durant cette crise sanitaire, à l’heure où nous écrivons, la moitié de l’humanité est donc en « semi-liberté », une grande première dans l’Histoire. On doit désormais rester chez soi coûte que coûte et limiter les sorties au strict minimum. On ne peut plus se déplacer d’une ville à l’autre, se rassembler est devenu une activité interdite et désormais toutes les relations sociales légales se limitent à trois endroits : la maison, le lieu de travail et les lieux de consommation.
L’encadrement de nos vies, de nos déplacements, en plus du travail, par les nouvelles mesures sécuritaires (notamment administratives) s’affinent et se durcissent, renforcé par les affects les plus réactionnaires : aller baver sur ceux qui ne respecteraient pas le confinement et mettraient en danger tout le monde. Pratique de l’auto-contrôle et nombrilisme exacerbé pour tous ceux qui se payent le luxe d’un confinement comme ressourcement. Les débats sur les plateaux TV sont insultant et désespérant. Entre les discours larmoyant et la diatribe guerrière, des artistes connus montrent qu’ils n’ont vraiment aucun talent sans la myriade de techniciens qui les entourent habituellement. Dans les boites à la production dite « essentiel », on multiplie les consignes sur la santé, sans en donné les moyens, tout en réprimant les travailleurs qui ne les respecteraient pas. La police dans sa mission de maintien de l’ordre réprime ceux dont la raison de sortie est jugée inacceptable, les prisonniers sont rationnés et privés de parloir, on promet des primes exceptionnelles aux travailleurs tout en leur sucrant leurs vacances d’été. La gauche « radicale » parle de trêve et se victimise, promettant qu’après « ça vas péter ». Mais la réalité est autre que cette image d’Épinal de film télérama : forcés à bosser, enfermés avec une « famille de merde », entaulés, à la rue, des milliards de gens voient des conditions de vie déjà difficiles se resserrer, il n’y a pas de « trêve », la guerre des classes ne s’arrêtera que si nous la gagnons.
Le capitalisme, politique de la gestion
« Le besoin croissant de contrôle des populations est, par définition, une obsession étatique, mais elle n’est pas le moteur de l’histoire, ni la raison d’être du confinement. Peu bénéfique économiquement, cette mesure est la conséquence des limites du système de santé tel qu’il est aujourd’hui (c’est-à-dire tel qu’il a été démantelé). Et c’est une contradiction de la configuration actuelle du capitalisme. »
Tristan Leoni et Céline Alkamar Quoi qu’il en coûte. Le virus, l’Etat et nous1
D’après différents commentateurs, le gouvernement Chinois se pose aujourd’hui comme modèle de gestion de crise. Son gouvernement aurait retardé la diffusion des contaminations en limitant drastiquement les libertés individuelles, se qui montrerai qu’un gouvernement autoritaire est bien plus efficace que les systèmes démocratiques. Les gouvernants sortent leurs cartes, injectent du pognon, font des alliances, montrent qu’ils sont capables en quelques jours de faire enfermer chez eux des millions de leurs citoyens et leur ôter les libertés d’habitude nécessaires à la paix sociale. Dans certain pays il y a une impossibilité économique de mettre en place le confinement car la centralité du travail informelle et journalier laisserait des travailleurs confinés sans ressources ; alors même que de nombreux États n’ont pas les moyens de débloquer des aides. Partout le virus COVID-19 décime des milliers de gens, forçant l’arrêt d’une grande partie de la production et entraînant une déstabilisation des marchés. La classe dirigeante (les capitalistes exerçant le pouvoir étatique) disposant d’une palette composée des meilleurs scientifiques, créatifs, économistes, historiens, techniciens et la possibilité d’emprunter à tout va, se débat avec le réel aussi efficacement qu’un insecte collé à un attrape-mouche, incapable de résoudre les contradictions du système dont ils sont les agents.
Le Capital est un système qui ne tournent pas pour sauver des vie mais pour se sauver lui même, voilà se que fais apparaître la situation actuel. Le confinement est une catastrophe économique. L’arrêt du travail, les logiques de flux tendus, la baisse de la consommation, l’organisation mondiale de la production, la fermeture des frontières, met les capitalistes dans la difficulté et amène logiquement à une crise mondiale. C’est finalement toujours la même stratégie que mettent en place les capitalistes, que cela soit un mouvement gilets jaunes, une pandémie ou l’explosion d’une centrale nucléaire. Il s’agit toujours de gagner du temps, ne pas perdre le contrôle et relancer au plus vite l’économie en en tirant un maximum d’avantage. Aujourd’hui il s’agit de remettre tout le monde au plus vite au boulot sans que le nombre de mort ai trop d’impact sur la réticence des travailleurs à se rendre dans les boites.
Le ralentissement mondial de la production est une grosse partie du problème des capitalistes : comment faire repartir l’économie en amortissant les effets de la crise. Évitant ainsi d’affaiblir les structures de l’Etat et du Capital ce qui pourrait permettre au prolétariat de s’engouffrer sur les chemins de la Révolution.
Mécanismes de la crise
On voit trop souvent la crise comme un « moment » où le capitalisme ne fonctionne plus, comme si on était arrivé à la fin d’un modèle ou d’une époque et que pendant l’avant-crise, le capitalisme fonctionnait « bien ». Les crises ne sont que des moments précis qui font apparaître des déséquilibres latents de manière explosive. Elles ponctuent sa temporalité dans la sphère financière comme dans la sphère de la production. S’intéresser aux mécanismes de la crise est essentiel, pas tant pour prétendre saisir tous les mécanismes économiques mais plutôt là pour envisager les conséquences que ça va avoir sur nos gueules au moment où les capitalistes voudront « résoudre » la crise. C’est à dire nous exploiter toujours un peu plus. On est donc obligé de faire un détour par l’économie, pour comprendre la « crise » qui s’annonce.
L’économie d’aujourd’hui, c’est-à-dire mondialisée, financiarisée, avec des échanges libéralisés au possible, fonctionne de manière systémique et la crise en est le mécanisme le plus terrifiant. Rien n’est autonome, tout est lié : les banques échangent entre elles, les marchés financiers sont connectés et chaque pays est dépendant d’un autre par sa production. Un problème localisé peut alors entraîner des conséquences démentielles dans le monde entier. Le COVID-19 en est l’illustration : un virus cantonné au départ à une ville chinoise peut finalement se propager dans le monde entier et entraîner avec lui une crise économique colossale, par la réaction que les États ont de cette crise.
Le déclencheur de la crise qui s’annonce touche donc la sphère de la production : c’est celui d’un arrêt général de l’activité en raison d’une pandémie inédite. Ce n’est donc pour le moment pas une crise financière c’est d’abord une crise de la production : moins de force de travail disponible, ça veut dire moins de marchandises/services ; moins d’échanges, ça signifie moins de profit pour les patrons. En 2008, le déclencheur de la crise est différent, c’était la spéculation de certaines banques américaines dans l’immobilier. Crise partie de prêts hypothécaires à bas coûts sur des maisons peu chères en vue d’accélérer l’accession à la propriété pour des familles prols américaines, les Subprimes étaient une bulle spéculative qui a fini par exploser parce qu’à force de tirer la corde (taux d’intérêt très bas, conditions de remboursement pas garanties, construction immobilière vitesse grand V) elle finit par se briser. On connaît la suite : les prols ne peuvent plus rembourser leurs prêts de façon massive, les banques s’endettent, l’État sauve les banques, krach boursier, les investisseurs flippent en retour, récession, mesures d’austérité décidées par les gouvernements du monde entier.
La crise de 2008 a donc d’abord été une crise spéculative – c’est-à-dire venant de l’activité d’une poignée de traders, d’investisseurs, de banquiers, cherchant à augmenter leur revenus via toutes sortes d’opérations financières, ici des prêts – et ce n’est qu’après qu’elle a entraîné toute l’économie dans son sillage, affectant massivement la sphère de la production et donc nos conditions de travail. Mais le déclencheur de la crise a donc beau être différent, ça tapera pareil sur nos gueules sinon pire. Les causes de la crise peuvent venir de la sphère spéculative, elles affecteront forcément l’économie « réelle ». Contre une gauche qui fait de la finance une sphère déconnectée de celle de la production, comme si les capitaux ou les actions sur lesquels les traders spéculent étaient autonomes de la sphère du travail: derrière leur business, c’est notre force de travail, nos vies qui font tourner la machine spéculative. Notre ennemi, ce n’est donc pas la finance, c’est le capitalisme dans son ensemble, finance comprise.
Et on retrouve aujourd’hui l’aspect systémique qu’avait la crise de 2008. Vous pouvez n’avoir rien en commun avec les banques américaines à l’origine des Subprimes en 2008, ne pas avoir de prêts à rembourser ou de comptes chez eux, ça ne change pas que leur business aura plus tard des conséquences à l’autre bout du monde sur nos conditions matérielles d’existence ; c’est ça la logique de la crise qu’il faut comprendre. 2008 est lourd d’enseignements pour montrer à quel point il n’y a pas de « solution » à la crise et que les États et les capitalistes de manière générale, quand ils cherchent à « gérer » la crise, sont dépassés et ne font qu’augmenter la pression au travail, augmenter la concurrence entre prols, bref à renforcer l’exploitation, qu’il y ait du taff (relance) ou pas (récession).
Déclencheurs différents, finalité toujours aussi pourrie pour nous sinon pire. Le fait qu’on assiste à une crise de la production et non une crise spéculative amène quand même une spécificité de la stratégie de l’État dans sa gestion de la crise. Contrairement à 2008 où l’État avait renfloué après-coup les banques endettées, aujourd’hui il intervient directement dans la production. Et pour sauver les meubles, il accepte des niveaux d’endettement incroyables pourvu qu’on sauve les entreprises, les patrons et le secteur privé. Il accepte de payer lui-même les salaires et les factures des entreprises. Mais en réalité ce n’est pas vraiment lui qui « paye », ce sera la banque centrale européenne qui rachètera les surplus de dettes françaises mais aussi italiennes, allemandes par la suite. Le gouvernement choisit aussi certains secteurs qu’il aurait tort d’ignorer, en donnant des aides (Air France par exemple). Le timing est serré et le gouvernement joue sa légitimité : prêt à tout pour sauver le patronat et les entreprises. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que tous ces milliards de dette artificielle mis sur le dos de « la banque des banques », personne ne sait vraiment ce que ça va devenir après ni les conséquences que ça aura sur l’économie réelle…
« Tel un personnage de dessin animé avançant au-dessus du vide, le capitalisme financier poursuit sur sa lancée alors même que sa base productive vient à disparaître sous ses pieds. À un moment ou à un autre, cependant, le personnage prend conscience de l’abîme qui s’est ouvert sous lui, et, comme pour le capitalisme, c’est précisément cette prise de conscience qui précipite sa chute réelle… »
Léon de Mattis,
Corona Capital parti 1 : Crise épidémique et crise du capital.2
Nous sommes donc au bord du précipice. La crise va effriter le système économique, des parties entières vont se détacher et tomber. Seuls, par entreprise, par famille, par nationalité, par empire industriel, les capitalistes vont essayer de tirer leur épingle du jeu. La crise va rebattre des cartes. Des très riches vont être ruinés, des petits patrons vont devenir très riches. Mais petits ou grands, ils ont les mêmes intérêts : saisir les opportunités pour faire du profit, accumuler de la richesse. Ils ont les mêmes problématiques : Comment avoir la marchandise la moins chère ? Comment avoir la main d’œuvre la moins chère ? Comment dégager le plus de profit ? C’est ce qu’on appelle la classe bourgeoise : les capitalistes.
Nous, les travailleurs, nous n’avons pas les mêmes intérêts. Nous travaillons pour gagner un salaire, pour pouvoir subvenir à nos besoins. Nous avons un rôle de producteur pourtant nous en tirons aucun profit, Nous avons pas choisi de jouer mais on est obligé de participer. Nous, notre intérêt c’est de détruire à la fois le jeu et les rôles qui sont distribués.
Le rôle de l’État : nous mettre au travail !
« Macron ne veut rien lâcher pour une raison simple : il a dans son dos le mur des riches. Un mur de film d’horreur, bourré de dents, de mâchoires acérées qui claquent… Car un peu partout sur ce globe, c’est leur place que les bourges défendent. S’en prendre à leur profit, c’est accélérer encore l’arrivée de la crise économique, dans laquelle toutes les ruines sont possibles y compris celles des plus gros. Mais le capitalisme, c’est une bête qu’on ne peut pas se contenter de blesser. Si on ne l’achève pas, elle viendra nous le faire comprendre. Pensons à la crise mondiale de 2008 et la cure d’austérité qui l’a suivie… »
Citation du journal Jaune 2 écrie pendant le mouvement Gilets Jaunes, diffusé dans les manif et sur les ronds points.3
Pour prendre partie pour le prolétariat – comme seule force capable de détruire le capitalisme – il faut définir ses ennemis de classe. Non pas par une identité mais par leur rôle dans la production et par leurs intérêts à ce que la capitalisme et l’État restent en place. Les représentants et les portes paroles de la large classe des possédants tiennent une banderole commune : « L’union sacrée » qui gère la société pour « l’intérêt commun ». C’est à dire leur alliance pour leur propre intérêt de classe. Et ce n’est pas une question de pourcentage. Notre force n’est pas le nombre mais le fait que nous produisons tout, que nous n’en tirons aucun profit et que nous avons donc trop peu à perdre. La force des capitalistes, en plus de posséder les moyens de production, ils possèdent les structures de gestions qu’est l’Etat (police, justice, prison, armée) ; ils ont donc TOUT à perdre. Ils ne lâcheront jamais le pouvoir. Nous ne leur laisserons pas le choix, nous prendrons tous.
Bien qu’ils aient des intérêts communs, les bourgeois ne sont pas du tout unis et sont en désaccord sur bien des points. Il y a dans la dictature du marché une concurrence féroce, ils sont prêt à tout pour être devant. Les désaccords politiques quant à la gestion sont mis en spectacle régulièrement par les élections, par des débats sur des plateaux TV, une sorte d’octogone publique. Faut-il fermer les frontières autour de la France ou autour de l’Europe ? Faut-il investir dans la santé ou dans les prisons ? Faut-il construire des centrales nucléaires ou des champs d’éoliennes ? A quel point faut t-il redistribuer : un peu, beaucoup, passionnément, à la folie ? Chaque famille politique défend sa couleur : vert, jaune, rouge, brun, rose, etc. selon ses intérêts. Qu’importe puisque c’est toujours et encore la sauvegarde du capitalisme qui est en jeu…
On peut nous rétorquer qu’en France comme dans d’autres pays, l’État essaie d’aider au mieu les prolétaires. On peut alors citer la mise en place du chômage technique/partiel, son extension aux intérimaires, l’augmentation du RSA et des APL pour les familles qui les touchent… Si ces mesures n’empêchent pas une perte importante de revenus et laissent de côté encore bien des prolétaires (vacataires, travail informel, etc.), il semble crucial de garder en tête leur rôle de mise sous perfusion de l’économie nationale. Il ne s’agit pas de gestes de « solidarité » mais bien d’essayer de limiter l’ampleur de la crise. Les États qui en ont les possibilités soutiennent l’offre (les entreprises) et aussi la demande (les travailleurs-consommateurs). Cette posture a également une dimension de contrôle de la reproduction de la force de travail et de soupape de sécurité face au risque de soulèvements prolétaires.
Les politiques d’aides sociales : soutenir la demande et la reproduction de la force de travail face à la crise…
L’arrêt de l’approvisionnement ou de l’activité totale dû au confinement planétaire a des coûts économiques forts qui ne tarderont guère à relancer la crise en place depuis 2008. Chaque État selon ses moyens et la structure de son économie tente de limiter la casse que ce soit par le choix de l’ « immunité collective », la limitation du confinement, l’injonction à rester ou retourner travailler, etc. Une course entre les États et entreprises capitalistes est lancée. La question est qui sortira son épingle du jeu à la sortie ou qui laissera des plumes. C’est par exemple tout l’enjeu d’avoir, ou non, des stocks de production nationaux importants prêts à inonder des marchés sous-alimentés à la fin du confinement.
Or si le confinement impacte massivement la production faisant baisser l’offre sur le marché, la demande a pris elle aussi une grande claque dans la gueule. Les prolétaires ont perdu des parties importantes de leurs salaires voire pour certains tout. Le risque d’une chute libre de la consommation était alors imminent et de fait cette consommation a subi une baisse importante notamment dans les secteurs estimés « non essentiels » (tourisme, hôtellerie-restauration, culture, etc.). Des États ont alors déployé différentes stratégies de soutien à la demande pour limiter les pertes de l’économie nationale : chèque de 1000$ par ménage aux USA, réduction des loyers en Belgique, mise en place du chômage technique/partiel et de hausse d’aides sociales (RSA, APL) pour les familles en France, etc. L’exemple des supermarchés est ainsi intéressant. Si des personnes peuvent être verbalisées pour des achats considérés comme « non essentiels » (teinture, coca cola, etc.), on remarque que tous ces produits « secondaires » sont bien en vente et réapprovisionnés sans difficulté. L’idée est bien que l’on continue à les acheter pour alimenter les entreprises concernées, à condition de mélanger ces produits à ceux « essentiels ».
Cette place du prolétaire dans la consommation est notamment à relier à la stratégie fordiste et ses évolutions. En parallèle de la systématisation de l’emploi de la chaîne, une des innovations de Ford a notamment été d’élever le salaire des ouvriers de ses usines en incitant d’autres patrons à suivre son exemple. L’idée était simple, il s’agissait que l’ouvrier ait les moyens d’acheter les modèles de voitures dites « populaires », soit bas de gamme, pour augmenter la demande et donc les profits. Au-delà de reproduire sa force de travail, l’ouvrier devait être capable de participer à la consommation de biens non primaires pour développer les débouchés des marchés.
Une politique de relance de la consommation dans ce contexte est également un outil de sauvegarde de la force de travail et de sa reproduction. En effet pour les capitalistes, laisser dépérir une part trop importante des prolétaires peut être coûteux, cela implique pour eux de se retrouver avec une main d’œuvre de moins bonne qualité par la suite car sous-alimentée, ayant développé des problèmes de santé, etc. Et quand il s’agit d’un prolétariat avec un niveau de qualification relativement élevé (massification scolaire, etc.), la perte sur investissement initial est par conséquent plus lourde. Mettre en place quand c’est possible un système d’assistance sociale est depuis longtemps pour les États capitalistes un moyen d’entretenir la force de travail selon les attentes de leurs marchés.
La naissance de l’assistance sociale au début du XXème siècle dans plusieurs États capitalistes (Chili, France, etc.) se fait d’ailleurs pour faire face à une détérioration physique du prolétariat dans le contexte de l’industrialisation (travail et mortalité infantile par exemple) et aux mouvements ouvriers révolutionnaires qui se développent. L’assistance sociale est alors avant tout un moyen de garantir d’avoir une main d’œuvre en bonne forme physique et mobilisable pour l’armée tout en pénétrant dans les foyers ouvriers pour mieux les contrôler.
Lorsque la bourgeoisie se retrouve confrontée à des mouvements forts dans le prolétariat, comme depuis plus d’un an du Chili à Hong Kong en passant par le Liban ou l’Irak. Elle réfléchit à comment les contrôler pour les étouffer ou à minima les canaliser suffisamment pour neutraliser la menace. Dans ce contexte, le déploiement d’aides apparaît bien comme un moyen de contenir également la « colère sociale » et d’amoindrir un éventuel mouvement social dur à la fin du confinement. Lâcher de la thune pour ne pas laisser se raviver les braises encore brûlantes laissées par les prolétaires du monde entier.
Guerre de classe
Macron, dans son discour du 13 avril peine à cacher que l’ouverture des écoles le 11 mai est importante uniquement pour que les salariés retournent au travail. Les centrales syndicales commencent déjà à négocier la reprise du travail et l’austérité. Les gestionnaires de la misère réorganisent le travail gratuit. Les bourgeois bobos, se planquent dans leurs eco-bunkers et croient pouvoir vivre au delà du capitalisme. Les petits patrons ont peur de devenir des salariés comme nous. Répression et remise au travail. Voilà la gestion de la crise partout dans le monde. Il n’y a pas de bonne gestion de la crise, comme il n’y a pas de bonne gestion de l’exploitation. Il y a des mouvements de classe, des changements de rapport de force. C’est la guerre de classe.
3. Les numéros sont lisible sur : http://jaune.noblogs.org