Réflexions de confinés sur un monde à renverser – Conclusion

Nous avons conscience que même après l’abolition des classes et la destruction du capitalisme, les virus continueront d’exister, les épidémies perdureront. La nature est par essence un environnement soumis à la dialectique où des forces s’affrontent pour y survivre. Il n’y a pas d’osmose ou d’équilibre, la « nature » est en perpétuel mouvement. Notre priorité sera alors de trouver les moyens pour tous de vivre au mieux et sans limite dans un monde déjà mis en ruine par le capital. Écrire du communisme de fiction ne nous intéresse pas, ce qui se pose à nous dès lors, c’est comment nous pouvons nous organiser face à cette situation inédite.

Nous n’avons rien à attendre de l’État. Notre lutte pour la destruction du capital est aussi une lutte pour la destruction de l’État qui ne sert que les intérêts du capitalisme. Il faut bien avoir à l’esprit que toutes les mesures qu’il prend sont pensées non pas pour le bien de la population mais pour maintenir au maximum les profits. Nous devons aussi refuser de proposer une meilleure gestion des crises, en bref de faire le travail de l’État et du capital. Aussi terrible que soit la situation sanitaire, penser « Comment pourrait on mieux faire ou quelles mesures devrait prendre l’État ? » est une double illusion : d’une part le mirage qu’il pourrait y avoir une meilleure gestion du capitalisme, d’autre part qu’en tant que prolétaires nous y aurions un quelconque poids.

Les limitations engendrées par le confinement et le risque immédiat pris pour aller bosser font apparaître la nécessité d’une résurgence du lieu de travail comme lieu de lutte, aussi parce qu’il est l’un des rares endroits où la socialisation est encore possible. Le confinement a comme effet direct d’isoler et d’enfermer ceux qui pourraient lutter ensemble en dehors des lieux d’exploitation. Avec la presque impossibilité de s’organiser matériellement ou physiquement, une bonne partie de l’activité politique s’est réduite à de l’organisation virtuelle. Nous devons nous adapter à ce que le capitalisme nous impose, peu importe la situation et permettre à la lutte d’y faire face. Même, dans une période aussi complexe et incertaine il nous faut prendre des initiatives pour qu’elle perdure.

L’originalité et le caractère extrême de la situation que nous vivons ont fait apparaître de nombreuses initiatives. La construction de réseaux locaux de solidarité, le recensement et la publicisation des luttes de travailleurs contraints d’aller travailler au risque d’être contaminé, l’impulsion et la coordination d’une grève des loyers nationale afin de permettre à notre classe de subvenir à ses besoins alors même qu’elle est privée de ressources et ce contre les intérêts rentiers des propriétaires.

 

 

Cette crise est mondiale et nous rappelle ce que nous savions déjà, le capitalisme l’est lui aussi. S’organiser pour recréer des liens entre travailleurs en lutte du monde entier apparaît comme une priorité pour faire émerger un mouvement révolutionnaire. Participer à la construction de réseaux trans-nationaux de discussion et d’organisation, à l’image de la plateforme Fever,11 est une étape dans la constitution de liens solides entre les révolutionnaires du monde entier. Mais ces initiatives ne sont intéressantes que si elles entrent en résonance entre elles et avec les luttes de notre classe.

Ce texte est le fruit de deux mois de réflexions collectives et confinées, fortes de nos expériences de luttes depuis plusieurs années, de discussions enflammées avec des camarades, de lectures jusqu’au bout de la nuit. Il nous a permis de nous poser des questions sur le monde dans lequel nous vivons et aspirons à renverser. Si nos positions participent au débat sur les perspectives révolutionnaires, elles ne prendront réellement sens que dans les rues illuminées de barricades, dans les usines occupées, autour d’un festin dans un centre-commercial pillé, et partout, où, ensemble, on partira à l’assaut du ciel.

 

 

 

 

 


Première partie : Il n’y a pas de catastrophe naturelle

Deuxième partie : De la crise et de sa gestion

Troisième partie : Il n’y a pas de trêve dans la guerre de classe

Conclusion

Texte en entier (pdf) : Réflexions de confinés sur un monde à renverser, par ASAP révolution