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Chroniques du Corona #2

Nous poursuivons les chroniques du coronavirus, avec un texte qui nous vient de Nedjib Sidi Moussa, que nous avions rencontré il y a quelques temps à l’occasion d’une discussion que nous avions organisé autour de son livre « Algérie: une autre histoire de l’indépendance ».

 Contre le virus capitaliste et sa société désolante

« Ce qui précipite si facilement les hommes vers les mouvements totalitaires et les prépare si bien à une domination de ce type, c’est la désolation partout croissante. » Hannah Arendt

Les gardiens de l’ordre capitaliste martèlent à l’unisson qu’« il y aura un avant et un après cette épidémie ». Or, rien ne garantit un futur préférable à la situation qui prévalait pour la majorité de la population laborieuse avant l’apparition du Covid-19.

La crise multidimensionnelle dans laquelle nous ont plongé les irresponsables gouvernementaux rappelle, s’il en était encore besoin, que la bourgeoisie et son Etat ne se contentent pas de reprendre d’une main ce qu’ils prétendent donner de l’autre.

« Quoi qu’il en coûte », le pouvoir cherche en effet à protéger les intérêts des patrons au détriment de la santé des exploités. « Nous sommes en guerre », certes. Sauf que le conflit ne se cantonne pas au domaine sanitaire : il est éminemment politique et social.

Quand, avec un cynisme certain, une porte-parole salue les salariés qui vont travailler « la boule au ventre », il s’agit surtout de refuser l’exercice du droit de retrait pour ceux dont les employeurs feraient respecter les fumeuses « mesures barrières ».

Ainsi, les ouvriers qui ne peuvent guère recourir au télétravail – facteur supplémentaire de désocialisation – mesurent tout le mépris de classe dont ils font l’objet, jetant une lumière crue sur la « distance sociale » qui les sépare des préposés à l’encadrement.

Les indépendants, auto-entrepreneurs, artistes et autres travailleurs informels qui se débrouillaient tant bien que mal en dehors du salariat réglementé mesurent l’extrême fragilité de leur situation peu enviable.

Avec les chômeurs, les détenus, les sans-abris ou les étrangers, ils ressentent dans leur chair l’exclusion qui terrorise une classe moyenne jalouse de ses avantages, son arrogance, son langage et ses innombrables signes distinctifs.

Après le premier tour des municipales, la gauche radicale a souligné le « large désintérêt populaire pour cette élection perçue comme totalement déplacée ». Ne fallait-il pas, dès lors, appeler au boycott actif de ce scrutin comme de tous les suivants ?

Dans une subite audace, des organisations franciliennes déclarent que « le syndicalisme ne saurait devenir le supplétif du gouvernement ». Or, les bureaucrates n’ont-ils jamais fait autre chose en cautionnant ces dernières années un « dialogue social » subventionné ?

Pendant ce temps, un magazine de la droite dure ricane devant la pagaille qui règnerait dans des « quartiers populaires » où l’on se bat – au sens propre – pour défendre son bifteck devant une boucherie hallal de la banlieue sud.

Tandis que les identitaires applaudissent au rapatriement d’Africains coincés en France, les xénophobes ne disent rien sur les Parisiens aisés qui ont fui la capitale pour gagner leurs résidences luxueuses de province.

Quant aux intégristes, ils invitent « à voir à travers l’épreuve du coronavirus et des conséquences qu’elle entraîne pour nous aujourd’hui la volonté de Dieu. » Réjouissons-nous plutôt de la fermeture des lieux de culte et des enceintes sportives.

Le lock-out décidé unilatéralement par les autorités permet de dresser l’inventaire des « activités essentielles » et, par contraste, celui des tâches antagoniques à la satisfaction des besoins humains favorisées par un mode de production parasitaire.

Un journal laïque signalait que l’art et la culture devenaient explicitement « non indispensables » aux yeux des tenants du régime. Comme si la plèbe ne pouvait se contenter que de pâtes industrielles ou de boîtes de conserve.

En réponse au mépris pour l’université et la recherche, un collectif réclame « respect, éthique intellectuelle, transparence et intégrité », autant de valeurs à rebours des pratiques féodo-vassaliques qui régissent ce milieu menacé de clochardisation.

La situation n’est pas différente dans les autres secteurs de ce qu’on appelle « service public » par abus de langage ; cette notion anachronique démantelée par la gauche, privatisée par la droite, contre-réforme après contre-réforme, froidement.

La santé n’est pas en reste. En une quinzaine d’années, des dizaines de milliers d’emplois et près de 70 000 lits ont disparu à l’hôpital public selon un quotidien. Mais applaudir à son balcon ne suffit pas à restituer ce qui a été détruit et volé.

Les « inconscients » ne sont pas les flâneurs que les drones surveillent ou que les policiers verbalisent. Ce sont les professionnels de la représentation qui ont bradé les conquêtes sociales. Ce sont les poseurs de la contestation qui ont multiplié les impasses.

Il n’y a plus rien à attendre des tenants d’une radicalité postmoderne (intersectionnels, décoloniaux, animalitaires, etc.) dont les thèses ont été balayées par cette déflagration qui interpelle notre commune humanité.

Par conséquent, il faudra établir le bilan des défaites successives et refuser, dès à présent, les fausses recettes qui ont conduit au désastre planétaire. La « crise sanitaire » exprime la crise du capitalisme et de la démocratie représentative qu’il faut rejeter définitivement.

Pourtant, d’aucuns en viennent à justifier l’attestation de sortie qui, toutes proportions gardées, remémore le livret d’ouvrier de l’Ancien Régime ou le permis de voyage sous la colonisation. Inutile de franchir le point Godwin…

Quelle liberté perdue faudra-t-il pleurer demain ? Ici et maintenant, cette crise permet de tester à grande échelle les instruments d’un contrôle social perfectionné grâce aux nouvelles technologies. Et tout cela au nom de notre santé.

Car cette épreuve révèle les peurs enfouies, le degré d’aliénation et le niveau de passivité entretenu par l’injonction « restez chez vous » répétée inlassablement par les média de masse et relayée jusque dans nos logements exigus par voie d’affichage.

Mais la crainte ne nous grandit pas. Loin de là. L’isolement n’ouvre aucune perspective émancipatrice. L’atomisation sert le pouvoir, tous les pouvoirs. La propagande anxiogène vise à renforcer l’atomisation et à infantiliser des adultes déjà fragilisés.

Sur la radio publique, les auditeurs attendent des experts des consignes à propos de ce qu’ils ont le droit de faire, comme les jeûneurs demandent aux imams ce qui est licite sur les stations communautaires pendant le mois de Ramadan.

Heure après heure, les sirènes deviennent plus bruyantes. Que dire des regards fuyants quand on croise un piéton dans un quartier désert ? Les masques, plus nombreux sur les visages malgré les stocks vidés, défigurent et installent l’ambiance d’un hôpital militaire.

L’absurdité d’un mode de vie subi éclate au grand jour avec la pandémie : le confinement a provoqué l’augmentation des ventes d’accessoires sexuels, de drogues et d’armes aux Etats-Unis. Sans parler de la pénurie de papier hygiénique dans les supermarchés.

On assiste à une ruée paradoxale sur les sites de rencontres alors que celles-ci ne sont plus possibles et encore moins désirées par des célibataires depuis longtemps indisponibles, dépressifs ou en épuisement professionnel.

Le toucher était suspect dans nos contrées inclusives, le contact devient criminel. On pourra balancer son malade et le géolocaliser grâce à des applications qui ramènent le morbide à une dimension ludique, comme n’importe quel jeu vidéo.

Mais la réalité nous rattrape très vite, à mesure que les « cellules éthique » opèrent un tri selon les chances de survie des patients, comme dans l’Italie voisine, et que se creuse « l’espace de courtoisie » entre chaque consommateur.

Pour sortir du marasme, il faudra sans doute, ainsi que le suggère une revue chinoise, « opérer dans cet état perpétuel de crise et d’atomisation ». D’autant que tout n’est pas perdu. Selon le quotidien français de référence, « l’union sacrée » n’est pas encore réalisée.

Tel est leur problème, telle est notre solution !

Socialisme ou barbarie…

Eros ou Thanatos…

Paris, le 22 mars 2020

Nedjib SIDI MOUSSA

Pour une mutinerie internationale contre le Capital !

        Le virus du corona s’est répandu dans le monde entier et avec lui la peur de se faire contaminer et d’en mourir. Partout, les prolétaires subissent les conséquences de la pandémie du Covid-19 et des mesures prises par les Etats. 2,6 milliards de personnes confinées, excepté bien sûr une très grande partie des travailleurs, bien forcée d’aller taffer pour maintenir la production, et comme toujours dans le capitalisme à leurs risques et dépends !
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        Les premiers à s’être révoltés sont celles et ceux enfermés dans les taules (peut importe le nom qu’elles portent: CRA, maison d’arrêt, bagne,..) ceux pour qui le confinement est déjà le pain quotidien. Parce que tout de suite les prisonniers et prisonnières ont pris conscience qu’ils étaient dans un environnement à risque et que mesures ou pas mesures, la situation n’allait quempirer leurs conditions de vie. En France, déjà avant l’annonce de confinement, certaines prisons avaient pris leurs dispositions:
        – Suppression des parloirs
        – Moins de promenades
        – Supression des activités 
        – Moins de douches dans les prisons où elles sont collectives
        – Plus de visites médicales
        – Plus d’activités
        – Plus de clopes ni de petites courses dans les CRA (car plus d’assos pour les apporter)
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        C’est l’isolement le plus total, plus de lien avec l’extérieur et de moyen de pouvoir faire rentrer tout ce qui peut rendre la vie un peu moins rude sous les barreaux.  Le constat est fait rapidement: la taule va nous tuer, on doit en sortir !  Les premières révoltes collectives commencent dimanche 15 mars, très rapidement suivies dans plusieurs taules, puis après l’annonce de Macron et la prise des mesures annoncées par le ministère de la Justice c’est de plus en plus de prisonniers qui rejoignent le mouvement.Les prisonniers s’organisent refusent de remonter de leur promenades, vont sur les toîts, saccagent leurs cellules, défoncent les grillages pour pouvoir communiquer entre les promenades, détruisent les caméras, font des grèves de la faimPuis à l’intérieur de chaque prison et par une cordination nationale un appel circule: tout bloquer à partir du 23 mars pour que les Eris (flics spécialisés pour mater les prisonniers) ne puissent pas intervenir dans toutes les prisons en même temps, et pour bloquer les éventuels transferts: une cinquantaine de prison connai une journée de révolte, du refus de regagner sa cellule à la destructon de plusieurs batiments (Uzerche). Dès le lendemain, la ministre de la justice annonce ordonner 5000 libérations (seulement pour les fins de peine) non sans avoir auparavent réprimé les mutins, tirs de fusils à pompes à Bezier, 350 transferts à Uzerche, une centaine de poursuite à Fleury, mise en isolement, fouilles de cellules, des téléphones ont été saisis… La communication avec l’intérieur est toujours compliquée et risque de l’être de plus en plus, ne perdons pas les liens que nous avons. Plus que jamais nous devons faire le relais de ce qui se joue à l’interieur, mais aussi de la solidarité des proches qui s’organisent à l’exterieur. N’hésitez pas à nous contacter si vous avez des informations. (a.s.a.p@riseup.net)
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        Comme le virus, la révolte des prisonniers n’a pas de frontière, des mutineries ont éclaté dans plusieurs pays; en Italie il y a déjà plusieurs semaines (cf article), mais aussi aux USA (Santa Fe), Chili, Colombie, Mexique et en Iran (20 000 prisonniers ont été libérés) et ça les prisonniers le savent.
Partout, l’objectif semble clair, celui que partagent tous les prisonniers du monde depuis toujours : sortir par tous les moyens: la libération ou l’évasion.
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        On ne se fait pas d’illusion sur ce que l’Etat aura à offrir ici où là, comme toujours étouffer les révoltes quand il en a la force et donner des miettes quand il n’a plus le choix. Le Corona ne changera rien à l’ordre des choses, l’État n’ouvre pas les prisons, n’arrête pas les usines, il tente plutôt de mettre en place une selection de ceux qu’il soigne, et quand la situation se sera calmée, la crise économique qui suivra fera au moins autant de morts.
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Une seule solution s’ouvre à nous, car tout ce que nous obtiendrons, ce sera par nous même, prolétaires du monde entier, enfermés ou dehors,
levonsnous contre l’ordre établi et organisons une mutinerie internationale contre le Capital !

Chroniques du Corona #1

Un camarade nous a envoyé un petit texte pour raconter les conséquences des mesures prise par l’Etat, sur sa vie. D’autre suivrons, n’hésitez pas à nous envoyer les votre en MP ou par mail (a.s.a.p@riseup.net) et à en parler à vos collègues, vos potes.
Depuis 2 ans on diffuse des enquêtes militantes sur la question de l’exploitation et des conditions de vie sur la région rennaise.
On s’est dit qu’au vu de l’isolement lié au mesures de confinement et les tensions engendrées au taf en cette période de crise qui est partie pour durer, ça nous intéresse de diffuser des textes courts sur les formes d’organisation et de résistance dans le travail pour confronter nos expériences avant de pouvoir se retrouver et s’organiser IRL!Alors qu’une période cruciale pour l’univers merveilleux de l’événementiel et des festivals commencent, ce sont déjà de nombreux événements culturels qui sont petit a petit annulés, que ce soit le concert de Maître Gims au Zénith, un spectacle de cirque dans une salle de 200 places ou le salon de l’auto de Genève. Ce sont des milliers de travailleurs qui sont mis sur le carreau. D’autant que la douille a été prévue depuis longtemps. C’est toute la production du spectacle et de l’événementiel qui est pensée pour exploiter au mieux ces travailleurs.

Le secteur de l’événementiel ne repose que sur le fait qu’il fonctionne avec des contrats essentiellement précaires. Que se soit les CIDD et missions d’intérims pour les agents d’accueil des salons, les serveur de la buvette et les contrats d’intermittences pour les techniciens son et lumière ainsi que les artistes.

Le patronat a un double intérêt à utiliser ce genre de contrats :
-Le premier est d’empêcher toutes forme d’organisation de travailleurs, quand on est intérimaire, en CIDD ou intermittent, on ferme sa gueule parce que l’ouvrir, ça veut dire ne jamais être rappelé et peux être “se faire blacklister dans le réseau”.

-Le deuxième est que, en temps de crise, comme en ce moment, le travailleur devient une variable d’ajustement. A Rennes les boîtes d’intérim ont par exemple annulé l’ensemble des missions d’intérim dans l’événementiel. Ce sont donc plusieurs centaines de prolos qui se retrouvent dans la galère.

Les sociétés de prestataires et d’événementiel doivent annuler, pas grave, il suffit juste d’embaucher personne et d’aller pleurer au ministère de l’économie pour avoir des tunes pour combler le manque à gagner. La machine capitaliste est bien huilée, une fois de plus ce sont ses meilleurs machines (nous), celles que l’on peut interchanger, celles dont le potentiel de travail est étirable à merci, qui payent le prix de toute cette merde.

Alors les questions se multiplient. Pour les CDI et CDD, serons-nous mis au chômage technique ou partiel et donc indemnisés ? Si oui, à quelle hauteur et quand seront versées ces indemnisations ? Pour d’autres, on se demande si nous aurons quand même accès à l’intermittence et au chômage tandis que certains font face à la rupture de leur période d’essai ou le report de leur stage rémunéré. Pour les vacataires, on s’interroge sur quels contrats (CIDD) donneront lieu à des idemnisations ou non et parfois on se rend compte que pour une partie voire la majorité des missions prévues, on n’aura probablement rien (contrat pas signé, annulation plus de 7 jours avant la date de début de mission, résistance de l’employeur). Nous ne savons pas qu’elle sera notre situation, que se soit dans les 2, 6 ou 12 prochains mois. Ce sont alors tous les travailleurs quelque soit leur statut ou leur métier qui sont touchés de plein fouet.

Pendant que les entreprises se font renflouer leurs caisses par l’état, la question se pose alors pour nombre d’entre nous: pourrons-nous payer notre loyer le mois prochain? Jusqu’à quand pourrons-nous nous serrer la ceinture?

Et si on arrêtait de payer ?

Fièvre du capitalisme, de quoi le corona est il le nom ?

Depuis quelques semaines, un virus apparu en Chine s’est rapidement propagé à de nombreux pays du monde et crée une situation économique et politique inédite ! Ce qui était d’abord présenté comme une grippe un peu vénère, a rapidement pris des allures de pandémie dont les conséquences vont bien plus loin ce qu’on pouvait imaginer il y a quelques semaines.

C’est une véritable crise du capitalisme mondial qu’a imposée cette épidémie sans précédent dans l’histoire récente. Sa propagation exponentielle a fait prendre à de nombreux pays des mesures drastiques : confinement, fermeture des frontières ou par exemple aux USA des lignes aériennes en provenance de l’Europe… Le stress économique provoqué par ces mesures et par la chute de l’activité et des échanges (avec la Chine notamment) a provoqué une dégringolade généralisée des marché boursiers depuis ces derniers jours. Le CAC 40 connaît au moment où on écrit cette article une des pires chutes de son histoire.

Impossible de savoir si cette crise est passagère ou va s’installer dans la durée et avoir des impacts à long termes sur le capitalisme. Ce qui est sûr, c’est qu’elle montre la fragilité des marchés financiers, liés à la production et non pas déconnectés du réel ; une crise économique de longue durée se profile, demain ou dans quelques mois… Crise après crise, le capitalisme évolue et se régénère, on va pouvoir observer dans la gestion de l’attaque corona, les prémisses du visage du capitalisme de demain comme dans un mauvais film d’anticipation ou une série canal+ qui nous fait pas rire.

Comme d’hab quand le capitalisme souffre c’est les exploités qui trinquent. En Italie, pays d’Europe le plus touché, toutes les activités sont désormais a l’arrêt, bars et restos sont fermés comme les écoles ou les facs. Les compétitions sportives sont arrêtées et les Italiens invités à se confiner chez eux et à ne sortir que pour des raisons essentielles. Bien sûr toutes ces restrictions ne s’appliquent pas à une activité : le travail. Impossible pour les capitalistes d’arrêter de nous exploiter, même provisoirement. Les matchs de foot sont annulés par crainte de contagion mais quelle risque de transmission y aurait-t-il dans le métro ou dans l’atelier des usines si ce n’est celui de la révolte? Rien d’étonnant là-dedans et loin de nous l’idée de pointer une mauvaise gestion, on doit bosser pour que les bourgeois puissent accumuler, notre santé n’est même pas une question qui se pose quand on meurt au travail tous les jours. Etre obligés de bosser, ou ne pas être payés si on est mis au chômage, être mal soignés et privés de sorties collectives sonne le glas d’une vie austère et morose, coincés entre l’entreprise, les magasins ou le domicile!
Déjà des travailleurs se révoltent contre l’obligation d’aller bosser quand tout le reste est appelé a s’arrêter pour limiter les risques de contagion. Des grèves sauvages ont éclatées ces derniers jours dans de nombreuses usines comme a la FIAT de Pomigliano, la Whirlpool de Cassinetta, la Corneliani de Mantova, la Ast de Terni et de nombreuses entreprises, du nord au sud du pays.

Autre symptôme de la crise provoquée par l’épidémie, à l’annonce de la suspension des parloirs les prison du pays se sont enflammées. Plus de 30 prisons, sur l’ensemble du territoire italien, ont connu en quelques jours des mutineries allant de la grève de la faim à la prise de contrôle totale de la prison par les émeutiers comme à Modène où la prison à été entièrement saccagée ou encore à Milan où elle a été partiellement incendiée et ce en plein centre ville ! Ces révoltes interviennent bien sûr pour un ensemble de raisons dont la suspension des parloirs et la peur de la contamination ne sont que les dernières humiliations qui font déborder la rage. Les mots d’ordres des enfermés, de leurs familles et soutiens qui se sont mobilisés à l’extérieur crient « Liberté pour tous ! » et « Amnistie ». C’est un conflit direct et frontal avec le système carcéral qui est posé et nous ne pouvons qu’espérer qu’il posera des jalons et donnera des idées pour la suite. Nos pensées vont vers ceux qui, une fois la révolte terminée connaîtront transferts, tabassage, nouveaux procès et autres mesures d’isolement. Nous leurs apportons tout notre soutien ainsi qu’a ceux qui a Foggia ou à Rome ont réussi à profiter de l’émeute pour se faire la belle, qu’elle ne prenne jamais fin !

Ce virus fait apparaître ce qui n’est qu’une version déformée de la merde capitaliste et on ne peut imaginer quelles formes les luttes prendront en France si la situation s’aggrave mais espérons qu’elles contaminent tout le monde!

À bas l’État et le Capital,

à mort le salariat et le système carcéral,

vive l’auto-organisation!

Le GJ plie mais ne rompt point

Nous étions environ 800 à s’être réunis pour l’appel régional “Tout le grand Ouest à Rennes” ce samedi 15 février dernier. Plus d’un an après le début du mouvement « Gilets Jaunes », on peut s’interroger sur la signification de ce genre d’évènement en plein milieu d’un mouvement social contre la réforme des retraites dont personne ne semble savoir dire réellement s’il serait plutôt sur le déclin ou tout simplement mort-né. Et ce, non pas en termes de nombre de personnes dans la rue, indéniablement supérieur à celui du mouvement des gilets jaunes, mais bien en termes d’efficacité et d’inventivité. Quels enseignements peut-on alors tirer d’une journée comme celle-ci, qui pour nous n’a rien ou peu en commun avec les dizaines d’appels intersyndicaux qui ont eu lieu depuis le 5 décembre ?

 

LA RUE NE SE NEGOCIE PAS, ELLE SE PREND

Une fois de plus, les GJ ont montré qu’il est possible d’organiser des appels de manière autonome c’est-à-dire en dehors du calendrier syndical. Nous refusons d’être encadrés dans la manifestation que ce soit par la mise en place de services d’ordres ou par les keufs dont nous ne voulons pas faciliter le travail en déposant des parcours de manifestation en préfecture. Les logiques de représentation face aux pouvoirs ne nous intéressent pas car nous, travailleurs en lutte, voulons nous organiser nous-même pour attaquer le capitalisme et pas pour négocier à la marge les conditions de notre exploitation. Le mouvement GJ, au-delà de son hétérogénéité et malgré la répression acharnée, a réussi à se donner les moyens de lutter contre l’état, le capital et ses sbires et a su s’accorder sur une acceptation des pratiques offensives par un débordement répété des formes classiques de la contestation pacifiée.

La force de ces cortèges, et notamment du samedi 15 février, est qu’ils réfléchissent à des moyens concrets de rendre effective la solidarité, même quand les capacités physiques de tout le monde ne permettent pas de suivre le niveau d’intensité. Et ça se traduit directement dans la rue par une solidarité et la non-dissociation en actes. Tous les gens qui sont présents sont solidaires des pratiques des uns et des autres. Les cortèges ne sont pas seulement “jeunes, déter et révolutionnaires” comme certains aiment à le crier dans les cortèges syndicaux, mais bien de tous les âges. Cependant, on ne peut pas juger du caractère révolutionnaire uniquement par des pratiques de rue offensives individuelles mais par la multiplication des pratiques réappropriables par l’ensemble de la manifestation.

Le refus de la dissociation, se protéger des charges de keufs ou protéger les camarades qui font des actions, sont l’essence même de ce qui permet de diffuser des pratiques révolutionnaires au travers des manifestations. Ainsi on voit bien que dès que des gens essaient de se changer pour éviter d’être reconnus, beaucoup de gens viennent se positionner autour pour les protéger des caméras et des regards. On a vu plusieurs situations où les gens refusaient de courir devant des charges, préférant se tenir et trottiner, ou bien encore, à la première occasion, avancer vers le dispositif pour tenter de récupérer les gens qui se faisaient matraquer ou que les flics tentaient d’arrêter. Ce sont des choses qui témoignent d’un refus collectif de laisser qui que ce soit aux mains des flics parce que ce sont nos ennemis un point c’est tout. On a vu plusieurs fois les palets de lacrymos être renvoyés sur les flics. C’est là encore bien grâce à une volonté de défendre la manifestation dans son ensemble que nous avons pu nous épargner de trop subir les gaz lacrymogènes. Cela additionné au fait qu’il y ait eu une diffusion de matériel de protection dans le cortège par une assemblée de lutte au tout début de la manif : foulards blancs et maalox dans des bouteilles d’eau. Tout ceci a contribué à ce que les gens restent groupés face aux attaques des keufs, toujours plus nombreuses lors de cette journée de mobilisation.

Cette journée nous confirme encore que c’est par ces pratiques partagées largement dans le cortège que nous arrivons ensemble à nous défendre face à la répression et ainsi à nous donner davantage les moyens de réaliser nos objectifs. Le fait de lever les mains ou se désigner comme pacifistes ne nous protège pas collectivement mais à contrario nous désigne comme des manifestants faciles à charger, nasser, pour mieux nous tenir éloignés de nos cibles.

 

NE RESTONS PAS ISOLES FACE A LA REPRESSION

Pour ce qui est de la répression judiciaire, il nous semble important de rappeler que ces manifestations entraînent régulièrement des arrestations et d’éventuels procès. Ainsi pour cette manif, sept personnes ont été arrêtées : cinq sont sorties après une vérification d’identité et les deux dernières avec une convocation ultérieure au tribunal.

Il est donc nécessaire de diffuser au sein des cortèges des pratiques pour se défendre collectivement face à la justice. Pour avoir le plus de billes face à la répression, il nous faut nous rappeler ensemble les pratiques utiles avant, pendant et après les manifs et actions. Préparer ses garanties de représentation*, discuter avec ses proches de quoi faire pour nous aider / soutenir si on est arrêté ou faire le ménage chez soi pour anticiper une perquisition. S’informer sur comment se défendre face à la justice (contrôle d’identité, GAV, tribunal, etc.) sur les sites des camarades des différents groupes de défense collective. Eviter de parler d’actions illégales au téléphone ou sur les réseaux (si déjà fait, effacer toutes les traces). Avoir de quoi se protéger des gazs, des flashballs ou autres tirs tendus (masques de plongée), et s’anonymiser dans la rue. Refaire du ménage si on s’en ait donné à coeur joie (vêtements, chaussures, matériel, etc.), rappelons-nous que des enquêtes peuvent mettre des mois avant de tomber sur notre gueule. En cas de problèmes, aller voir les camarades en AG pour les informer, chercher de l’aide et organiser ensemble la défense face à la justice !

N’oublions pas que le commissariat, le tribunal et la prison sont autant de lieux de conflits dans lesquels nous avons intérêt à nous défendre collectivement ! Le terrain d’action du mouvement social ne peut s’arrêter où commence la répression si on veut limiter au mieux ses effets d’isolement et de démobilisation. Par exemple en allant au tribunal après la manifestation, en faisant des rassemblements de soutien au camarade en garde-à-vue ou en taule, en faisant de la thune pour les frais de justice, en préparant ensemble les défenses pour les procès, en s’organisant pour soutenir les camarades en prisons (parloirs sauvages, lettres de soutien, mandats pour cantiner, etc.).

 

SAINTE ANNE OU RIEN ?

Pour ce qui est des objectifs lors de cette journée de mobilisation, il était clair que ce qui se jouait était la volonté d’accéder au centre historique, comme dans la majorité des manifestations rennaises depuis 2016 face à la stratégie de fermeture de l’accès du cœur de la ville par un lourd dispositif. Dès le départ donc, les manifestants ont commencé à fixer le dispositif policier au niveau de la place de la Mairie, puis dans les rues parallèles. La volonté des manifestants était clairement d’aller à l’affrontement avec les forces de l’ordre assez rapidement. Après une tentative de contre-charge sur les flics qui tentaient de faire refluer les manifestants au niveau de l’Hôtel Pasteur, le cortège a été repoussé et chargé plusieurs fois jusqu’à l’esplanade Charles de Gaulle, avant de réussir à s’extirper afin de remonter tout droit vers le centre-ville car le dispositif s’était reformé autour de la place… en oubliant une issue !

C’est néanmoins au prix d’un cortège très speed durant lequel au moins deux tiers des effectifs ont été perdus que les manifestants ont pu prendre les flics à revers au niveau de la rue Jean Jaurès, sous le Parlement, pour finalement réussir à investir le centre-ville. S’en est suivi une petite ballade d’une demi-heure dans le centre ville au cours de laquelle les manifestants ont pu exprimer leur joie en arrivant place Sainte Anne, dégommant au passage le commissariat et quelques banques. Cependant, ce rapide passage s’est fini par une dispersion accélérée de ce cortège entre Parlement et Hoche…
Pendant ce temps, le reste de la manifestation restait bloqué place de la République, le dispositif policier s’étant reformé pour mieux protéger l’accès au centre historique. Vers 18h, quelques manifestants ont tout de même pu se retrouver à St Anne pour un dernier baroud d’honneur.

En dehors de ça, peu (ou pas) de discours, tracts ou textes diffusant des positions ou objectifs politiques ont été portés au cours de cette manifestation. Peu de réflexion sur comment se retrouver, se coordonner après ou avant les manifs. Faire circuler des textes dans nos manifs, c’est le moyen de partager nos réflexions et propositions politiques quand on ne participe pas aux mêmes espaces d’orga. C’est aussi diffuser nos idées dans et en dehors de la manif par la diff ou l’affichage pour inviter plus de gens à rejoindre nos luttes ! C’est pourquoi, nous devons essayer de produire collectivement des textes pour les faire tourner en manif ou en action quand c’est possible.

Nous considérons que pour ce qui est par exemple des ennemis du mouvement local que sont les bars et les commerçants, ils sont encore trop souvent défendus comme étant des “petits commerces indépendants”. Sauf qu’à Rennes, n’oublions pas que la majeure partie de ces commerces indépendants font partie de l’association de commerçants le “Carré Rennais” : en bon capitalistes, ils savent s’organiser collectivement pour lutter contre nous et défendre leurs intérêts communs. Dans un seul objectif : faire du biff et préserver le calme du centre-ville les samedis après-midis. N’oublions pas non plus toutes les interventions publiques qu’ils ont pu faire pour demander ouvertement aux pouvoirs publics et aux flics de réprimer plus durement le mouvement pour qu’il cesse. La majorité de ces commerces sont de plus entre les mains d’une poignée de discrets propriétaires.

Il est important qu’on s’organise pour être nombreux et qu’on puisse définir ensemble quels sont les intérêts à attaquer en priorité quand on sort dans la rue pour manifester, plutôt que de chercher un face à face contre la police qui arrivera de toute façon puisque la police défendra toujours les intérêts de nos ennemis. Trouvons des cibles qui donnent du sens à notre besoin de révolution.

 

* Justificatifs censés prouver qu’on se représentera à une date ultérieure de procès en cas de refus de comparaître en comparution immédiate (n’acceptez-jamais, c’est de la fast & furious justice, toujours prendre le temps de préparer sa défense) ou de présentation au Juge des Libertés et de la Détention. Ces documents doivent prouver que les personnes sont liées au territoire local et qu’elles ne disparaîtront donc pas en cours de route : papiers d’identité / justificatif de domicile / contrat de travail, de stage, de formation, promesse d’embauche, carte étudiante, attestation d’allocations chômage, de ressources RSA, etc.

Nous ne sommes pas tous égaux en garanties de représentation. Il est important d’être solidaires en aidant au maximum tous les camarades à pouvoir en présenter (attestation d’hébergement gratuit, etc.) et en refusant d’insister plus que nécessaire sur son profil social quand on a une “bonne” situation car c’est faire le jeu de la justice qui aime nous trier (exemple : “étudiant bon élève qui a fait une erreur” VS “marginal potentiellement récidiviste”). En cas de problèmes, n’hésitez pas à venir voir les camarades dans les AG du mouvement pour qu’ils vous filent un coup de main !

Fin du monde ? Plutôt éclipse rouge que soleil vert !

Le dérèglement climatique, et plus largement la destruction généralisée des habitats et des espèces qui composent l’écosystème de notre planète est évidemment très préoccupante. Il suscite, à nouveau, et à intervalles réguliers depuis plusieurs décennies maintenant, une grande mobilisation. Notamment par une jeunesse inquiète, à raison, de bouleversements majeurs prévus à court terme. Mais il nous paraît aujourd’hui nécessaire non seulement de critiquer mais surtout de détruire ce qui depuis déjà longtemps se construit autour du mot « écologie ».

Car c’est bien là, derrière cette construction, que se cache le cœur du problème. Penser les dérèglements et destructions en cours causés par «l’empreinte de l’Homme » comme on nous le rabâche du G20 à Alternatiba permet de cacher le fond du problème. C’est la bourgeoisie mondiale, la classe dominante et le système capitaliste tout entier qui sont la cause de ces dérèglements. La production massive de biens permettant le profit capitaliste nécessite une industrie destructrice pour l’environnement. 70 % des émission de gaz à effet de serre sont le fait de seulement 100 entreprises. Les mêmes qui exploitent des centaines de millions de prolétaires de part le monde. Responsabiliser et culpabiliser les individus pour leur empreinte est une hypocrisie alors même que la plupart d’entre eux vivent piétinés sous la semelle capitaliste.

Le spectre de l’urgence, agité à intervalles réguliers par les différentes composantes du mouvement altermondialiste n’est pas une position politique. Il s’agit, et depuis le début de ces mobilisations, d’une stratégie de confusion et de précipitation. C’est cette précipitation qui empêche de voir émerger débats et discours au sein d’un mouvement qui se caractérise alors par son rejet du débat politique, sous couvert de diversité. Il est donc impératif de se détacher de l’urgence, de se débarrasser des œillères qu’elle impose pour combattre lucidement un capitalisme mortifère, principal responsable de l’accélération de la destruction de la planète et de l’épuisement de ses ressources.

Étymologiquement, l’écologie désigne à la base une « science de la maison », une façon de penser « l’habiter » avec ordre, cohérence et parcimonie. Un savoir de la gestion. Vouloir penser la planète, notre habitat, en appliquant cette « science » qu’est l’écologie, c’est donc toujours se mettre à la place de la classe dirigeante, de ceux qui ont le pouvoir. L’écologie est de fait intrinsèquement réformiste, elle se résume à organiser, agencer, modifier… Elle n’est surtout jamais révolutionnaire.

Feu déclenché par des propriétaires terriens en Amazonie.

Telle qu’elle est évoquée par les médias mainstream, les organisations politiques dites « écologistes » ou des théoriciens de la question, elle n’est jamais qu’une déclinaison du capitalisme. Et aussi verte qu’elle soit, elle en restera une variante, se caractérisera toujours par l’exploitation du prolétariat par la bourgeoisie. Elle restera notre ennemi et donc un système à combattre, à détruire.

En renouvelant le capitalisme dans ses arguments et ses champs d’actions, elle participe à le rendre plus durable, plus fort, plus pérenne.  Ce système est d’autant plus fort lorsqu’il apparaît « nouveau », « vert », « solidaire », « partagé »… Les inquiets en saluent alors la réforme et en embrassent aveuglément les nouveaux principes, supposément salutaires. Si la façade a été ravalée à coups de peinture verte, fondations et briques restent toujours aussi brunes et pourries.

Le spectre alarmiste de l’altermondialisme se caractérise également par sa confusion. Pêle-mêle on retrouve sous cet étendard verdoyant des anarchistes, des communistes, toute une floppée d’ONG, des écologistes de divers bords ainsi que des souverainistes et une partie de l’extrême droite, devenus altermondialistes au nom de motivations réactionnaires, nationalistes, protectionnistes et anti-libérales. Vouloir lutter « ensemble » pour le vivant, la terre ou la nature c’est dépolitiser la lutte. Ce front commun s’assume comme un mouvement au dessus des clivages idéologiques, il est logiquement parcouru de contradictions intenables, portés par des ennemis et donc voués à l’échec. À nos camarades qui s’y investissent actuellement, car c’est une cause qui mobilise, nous martelons son danger et son inefficacité. Elle prend du terrain politique au mouvement social, à la grève et à la lutte anti-capitaliste à proprement parler. Ces alliances entre organisations ne sont que le reflet des ambitions de gestionnaires voulant réformer le capitalisme selon leurs intérêts de classe, opposés aux nôtres.

 

1/ Le greencapitalism, la paix verte

La problématique climatique, l’accélération de la destruction de l’environnement sont des réalités que nous ne voulons en aucun cas nier. Elles nous préoccupent, comme toutes les attaques infligées par le capitalisme. Nous critiquons en revanche les réponses qui lui sont accordées.

L’homme brocoli, militant emblématique d’Extcintion Rebelion UK.

La première est celle menée par les États et les entreprises qui doivent désormais intégrer le discours écologiste et agir en ce sens, au moins en façade, afin de ne pas perdre la main. Leur objectif est principalement de donner l’illusion d’être concernés par ces problématiques et d’être acteurs d’un changement, notamment à grands renforts de greenwashing. Les campagnes de pubs et les déclarations des états et entreprises se multiplient afin de donner une image de responsabilité écologique fausse et trompeuse. En sommes, ils se targuent d’œuvrer pour le « climat », la « nature », afin de toujours mieux défendre leurs taux de profits et consolider leur emprise.

Un des fondements de cette réponse repose sur la culpabilisation des individus et notamment des prolétaires. Les injonctions à se responsabiliser se multiplient et augmentent la dette environnementale flottant au dessus de la tête de chaque individu. On devrait moins utiliser sa voiture car elle pollue (facile quand on travaille a 5h du matin à 20km de chez soi), éteindre la lumière quand on sort de sa chambre, manger moins de viande, bien trier ses déchets, acheter en vrac à l’épicerie bio du coin… Les médias et les politiques le répètent, si tout le monde faisait sa part du travail, ça irait déjà bien mieux ! Alors face à la supposée inaction générale, la bourgeoisie prend les devants. Prenons un exemple qui a suscité il y a peu une grogne sociale sans précédent : les taxes sur l’essence augmentent au détriment des plus pauvres qui doivent alors la subir… Ou agir et s’organiser. C’est ce discours, une fois généralisé et intégré, qui culpabilise ceux qui ne peuvent pas manger bio ou se passer de leur voiture. À tel point qu’on veut leur faire croire que c’est leur faute si le climat se dérègle ou que certains continents sont meurtris par les famines.

Les exemples sont légion et en disent long sur l’hypocrisie de ceux qui détiennent le pouvoir. Il n’y a qu’à voir ce qui est fait derrière les injonctions à trier les déchets pour qu’ils soient renouvelés. Les entreprises à qui les états ont confié leur traitement en font payer la collecte pour ensuite les balancer tels quels dans des décharges à ciel ouvert qui polluent plus encore les pays du sud. Un discours de façade culpabilisant et responsabilisant qui permet de masquer le fond du problème. Car à coté de ces « petits gestes quotidiens » censés sauver la planète, les capitalistes s’enrichissent toujours plus grâce à des entreprises qui continuent à la polluer, massivement. L’agriculture, l’élevage et la pêche industrielles qui permettent d’enrichir les actionnaires de l’agroalimentaire ou de la grande distribution, épuisent drastiquement les ressources et accentuent les inégalités mondiales. On assiste à un gaspillage organisé à tous les niveaux pour maintenir les taux de profits. D’un côté les prolétaires des pays au capitalisme avancé sont abondés en nourriture de mauvaise qualité, de l’autre ceux des pays où le capitalisme est plus balbutiant croulent sous les carences et les famines chroniques.

Le greenwashing, effectué à grands renforts de campagnes de pub et de fondations bidons, permet de déguiser les ambitions des capitalistes. Il prépare également une maximisation de leurs profits futurs. Avec la raréfaction des ressources, leur valeur va continuer à augmenter et les prolétaires seront les premiers touchés. Le capitalisme vert qui se dessine sera encore plus clivant et ce sont toujours les exploités qui en paieront, en premier, le prix fort. À qui profitera par exemple l’obligation prochaine de remplacement des véhicules d’un certain âge quand ceux-ci seront jugés trop polluants ? Sûrement pas aux prolétaires qui devront s’endetter pour pouvoir aller travailler en voitures électriques.

 

2/ la réponse alternativiste, la fuite en arrière

L’autre réponse est celle que l’on peut qualifier d’alternativiste. Elle est choisie par bon nombre de militants, par certains de nos camarades. A notre sens, elle n’est qu’une fuite en arrière.

On évoquait précédemment la dette écologique qui flotte au dessus de la tête de chaque individu. Une épée de Damoclès culpabilisante censée pousser les consommateurs à se responsabiliser, à faire le choix d’un capitalisme éthique, vert, sans emballage mais pas sans exploitation. Elle est le fruit du greenwashing des capitalistes mais aussi de ceux qui, sous couvert de parfois le combattre mais surtout de défendre l’environnement et ces « autres mondes possibles », s’en font les complices. Ces gens qui clament haut et fort que c’est en mangeant bio et local, en faisant du vélo, en n’utilisant que les transports en commun et/ou en vivant chichement que l’on fera véritablement avancer les choses. Ces gens qui reprennent le discours des dirigeants mais en ayant au moins le mérite de le prendre au sérieux. S’ils se trompent, on les imagine sincères… Pour faire changer les choses, on se persuade de ce qu’on peut. Tous ceux là sont profondément réformistes et quand ils martèlent l’urgence, c’est toujours à destination des états. Car à les entendre si les états sont les potentiels responsables du problème, ils sont surtout les seuls à même de le solutionner. Souvent leur discours repose sur une succession de reproches faits aux puissances capitalistes qui ne feraient que des paroles en l’air, n’agiraient pas concrètement. 

Extinciton Rebelion veut aller « Au-delà de la politique ».

Extinction Rebellion s’est, depuis un an, institué comme une sorte d’internationale de l’environnement. Le mouvement, lancé en octobre 2018 à Londres, s’est propagé dans de nombreux pays, avec des spécificités nationales. Les mouvements américains et anglo-saxons ont par exemple accepté les dons du Climate Emergency Fund, a contrario de l’antenne française. Ce fond est alimenté par des millionnaires américains notamment Aileen Getty, riche héritière d’une famille de pétroliers ou encore Rory Kennedy, la fille de l’ancien président américain Kennedy… Ou comment reverdir son nom. Le mouvement prône des actions de désobéissances civiles non violentes pour pousser les états à réagir face à l’urgence climatique. Ses militants exigent « la reconnaissance de la gravité et de l’urgence des crises écologiques actuelles et une communication honnête sur le sujet », « la réduction immédiate des émissions de gaz à effet de serre pour atteindre la neutralité carbone en 2025, grâce à une réduction de la consommation et une descente énergétique planifiée », « l’arrêt immédiat de la destruction des écosystèmes océaniques et terrestres, à l’origine d’une extinction massive du monde vivant » et « la création d’une assemblée citoyenne chargée de décider des mesures à mettre en place pour atteindre ces objectifs et garante d’une transition juste et équitable ». Un programme qui tient en quatre points et qui en dit long sur les ambitions de ces supposés « écologistes radicaux ». Les militants d’XR, en bons réformistes, font confiance aux états capitalistes pour régler la catastrophe environnementale qui se profile.

En dénonçant « toutes les violences », comme ils l’ont si odieusement inscrit sur une banderole pendant l’occupation de la place du Châtelet, ils mettent sur un pied d’égalité la violence d’état et celle du mouvement social. La violence répressive des états capitalistes qui protègent leur classe mise à mal par la violence révolutionnaire d’un prolétariat qui se bat contre l’exploitation, pour l’émancipation. Par cette dénonciation, Extinction Rebellion, entretient et diffuse le discours selon lequel il y aurait de bons et de mauvais manifestants, grossièrement les pacifiques contre les violents. À ce jeu-là, ce sera eux contre nous. Cette dissociation en dit long sur un mouvement qui se revendique ouvert et inclusif. Il n’est que l’énième projet de gestionnaires de la lutte et autres bureaucrates qui veulent la main mise sur la contestation. Pire, ils créent par ce biais, une forme de lutte acceptable par l’état. Ce dernier s’empresse de la légitimer, d’abonder dans le sens de ces pratiques. Reste aux médias à la relayer et à en couvrir avec bienveillance les actions. Début octobre, pour le lancement de la « semaine internationale de rébellion », Extinciton Rebellion France a voulu frapper fort. Le mouvement annonçait la « dernière occupation avant la fin du monde » et s’est retrouvé, logiquement, sous le feu des projecteurs. Une semaine organisé en partenariat avec Anne Hidalgo, maire de Paris ou encore Didier Lallement, le préfet de police… Après un an de mouvement social porté par les Gilets Jaunes, il paraît inconcevable que des militants puissent traiter avec ces institutions pour s’organiser. Les révoltes qui embrasent le monde du Chili à l’Irak ou au Liban sont caractérisées par le débordement qui survient lorsque l’organisation est collective, spontanée, qu’elle s’autonomise. L’attitude des militants XR pendant l’occupation, très éphémère, de la place du Châtelet est elle aussi révélatrice du profil de certains de leurs rebelles. Aux abords de la place, des militants en gilets oranges sont censés « apaiser les tensions avec les plus mécontents ». Leur rôle à un nom : « peace keeper », marrant comme en français ça donne « gardien de la paix », rien d’autre qu’un nom policé pour désigner des keufs. Cette milice pacifiste veillait aussi à ce que les participants à l’occupation ne consomment ni drogues ni alcools, toutes substances étant proscrites sur les lieux de mobilisation. Il ne s’agit pas ici d’en faire l’apologie, plutôt de dénoncer ceux qui avaient les moyens de s’éloigner de quelques mètres pour aller s’enivrer aux terrasses des bars voisins. Cette attitude dénote en premier lieu d’un mépris de classe, les pauvres n’ont pas même le loisir de se vider une canette en aluminium ! Mais à notre sens elle est surtout révélatrice d’une volonté de privatiser l’espace public et d’y instaurer des règles nouvelles, les leurs. On n’arrête pas le projet gestionnaire ! Finalement, en brassant le plus large possible, en imposant ses règles de bonnes conduites, en excluant la violence révolutionnaire et en traitant avec l’état, XR devient en véritable syndicat de la nature. Un nouveau parti d’opposition sage et légitime, avec lequel le pouvoir peut négocier, discuter et aller, selon son bon vouloir réformer un peu. Gardez vos miettes !

Il y a aussi ceux qui pensent que c’est en construisant à côté du système qu’on le détruit. Ces gens qui sont parfois des mêmes luttes que nous. Ceux qui expérimentent d’autres modes de vie mais qui ont toujours le capitalisme comme voisin direct. Et lui n’entend jamais laisser son voisin prospérer en paix. Il est vorace. Il reviendra toujours prendre ce qu’il croit lui appartenir. Les différentes ZAD ont eu le mérite d’exister, de faire émerger des alternatives, de défendre des principes qui nous sont chers comme l’abolition de la propriété privée. Mais elles ne peuvent être que des zones où l’autonomie se construit de manière temporaire. Le capitalisme reviendra car, justement, le monde est sa propriété privée. Alors il envoie ses huissiers et ses gros bras déménager ceux qui ont cru pouvoir lui échapper. Les keufs viennent et dans leur sillage ils amènent la répression, celle qui meurtrit les corps, met en pièce les expérimentations et abîment les idées. Les survivants seront contraints de s’asseoir à la table des négociations et de s’y faire bouffer après avoir trahi ceux avec qui ils ont lutté. C’est pourquoi ceux qui veulent construire des cabanes dans les bois et se bâtir des haciendas en palettes auront tout le loisir de le faire quand on aura détruit le capitalisme, quand on dansera sur ses cendres et qu’on squattera son immensité de béton. On ne construit pas à côté d’un système, on construit sur ses ruines.

 

3/ L’urgence n’est pas climatique mais communiste

Le panache de fumée causé par l’incendie de l’usine Lubrizol, s’élevant au dessus de Rouen.

Nous pensons que ce qui fait cruellement défaut à l’analyse proposée, notamment par XR, mais surtout par l’immense majorité des écologistes, c’est qu’elle ne propose que de s’attaquer aux symptômes et non aux causes des bouleversements écologiques en cours. Ce que ne comprennent pas, ou refusent de dire, ceux qui marchent pour le climat (bien sagement avec le soutien d’une bonne part du spectre politique) c’est que les états ne peuvent pas changer leur politique écologique de manière conséquente. Parce que tant que les capitalistes seront aux manettes, le train ne s’arrêtera pas, il continuera de prendre de la vitesse et ce jusqu’au déraillement fatal. On pourra toujours changer deux trois boulons de la machine capitaliste et les remplacer par des pièces plus vertes, imposer de nouvelles taxes écologistes, renforcer les énergies renouvelables, favoriser les transports en commun… Il n’y aura jamais de changements majeurs sans remise en cause de la recherche perpétuelle du profit. Et ça les états n’y peuvent rien parce que c’est tout simplement le fondement du système capitaliste, dont ils sont les premiers complices.

Bien sûr, même si un capitalisme vert était possible (il l’est peut être à l’échelle des puissances capitalistes mais pas à l’échelle mondiale) il n’en resterait pas moins un système détestable basé sur l’exploitation, l’inégalité et l’aliénation. Mais là n’est pas la question. Nous affirmons que seule la fin du système capitaliste peut permettre d’inverser la tendance des bouleversements écologiques en cours. Seule une révolution mondiale permettra d’enterrer définitivement ce régime qui asservit à la fois les hommes et leur environnement. C’est pourquoi des mobilisations réclamant des mesures aux gouvernants nous semblent inutiles et vaines. Un mouvement se voulant écologiste ne peut être conséquent qu’en s’inscrivant plus largement dans les luttes révolutionnaires qui vont apparaître dans la période qui s’ouvre. Ce discours ne revient en rien à minimiser la situation actuelle, nous sommes convaincus qu’il faut mettre en avant certaines de ces préoccupations pour penser des actions et construire des luttes. Mais il nous paraît essentiel de replacer les thématiques environnementales au sein des luttes sociales, dans une perspective de les renforcer. Il s’agit aussi d’afficher ceux qui proposent un écologisme déconnecté de l’anticapitalisme, comme ceux qui rêvent d’un capitalisme vert ou ceux qui prônent une décroissance heureuse, pour ce qu’ils sont : au mieux des inconséquents, au pire des ennemis de classe.

 

 

Pour paraphraser Rosa Luxemburg, dont la formule est aujourd’hui d’un actualité brûlante : communisme ou barbarie !

 

Des camarades chiliens bloquant Mina Escondida, la plus grande mine de cuivre au monde.

 

Notes provisoires sur la révolte « anarchique » de masse qui secoue la région chilienne

Nous publions ici la traduction d’un texte paru sur la page Facebook Omnia Sunt Comunia puis sur le site Materiales por la emancipacion le 27 octobre 2019 (lien disponible en fin d’article). Cet article survient après 2 semaines d’intense révolte prolétarienne dans la région chilienne et a pour vocation de fournir un premier éclairage à chaud sur les étapes franchies par le mouvement social dans la voie qui mène au processus révolutionnaire par et pour la classe prolétaire! Un certain nombre d’aspects positifs et de limites sont ici identifiés, dans le seul but de faire progresser nos luttes partout dans le monde, c’est ce pourquoi nous avons décidé d’en proposer la traduction.
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Ce qui a profité au développement d’une perspective de classe :

Le vendredi 18 octobre, une révolte sauvage a éclaté dans la ville de Santiago avant de se répandre dans pratiquement toutes les villes du pays. Le motif apparent était la montée du prix du ticket dans les transports collectifs de Santiago (dans les bus du Réseau Métropolitain et dans le Métro), mais rapidement c’est le mode de vie capitaliste qui a été la cible des critiques des manifestants. Un mouvement énorme et incontrôlé a ainsi fait son apparition historique et comme certains camarades l’ont affirmé dans plusieurs tracts distribués dans la révolte : “plus rien ne sera pareil”.

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La première chose qu’il faut souligner est la généralisation spontanée du mouvement et sa critique dans les actes à la totalité du mode de vie capitaliste-néolibéral : expropriation et distribution massive des biens des grands capitalistes (supermarchés, centres commerciaux, pharmacies, banques, etc.), destruction des infrastructures de l’Etat (postes de police, bâtiments municipaux, etc..), la répudiation massive des organes répressifs de l’Etat dans un contexte « démocratique » (carabiniers, police d’investigation et miliciens), et une esquisse intuitive de critique de l’ensemble de la marchandisation de tous les aspects de la vie quotidienne (il n’existe ni « demande » concrète ni « justification », on veut tout « changer »).

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– Le rôle dynamisant que le prolétariat juvénil a joué et continue de jouer, avec son intransigeance programmatique et sa combativité subversive à tout prix.
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– Les protestations sauvages ont effectivement constitué un dommage considérable à la propriété privée des grands capitalistes de ce pays : c’est la véritable raison pour laquelle l’Etat a mis les milices dans les rues. Cela horrifiait la classe dirigeante capitaliste.
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– Un autre aspect qui a profondément retenu notre attention est la prolifération de noyaux qui pratiquent de manière généralisée la violence offensive et l’autodéfense contre les forces répressives de l’Etat dans les manifestations, tant dans le « centre » que dans les quartiers périphériques. Il y a quelque chose comme « la violence prolétarienne de masse diffuse », coordonnée solidairement au milieu des barricades, qui rend inutile – du moins pour l’instant – toute spécialisation ou professionnalisation de cette activité par petits groupes. Jusqu’à présent, cela a été très efficace.
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– La rupture de l’isolement et de la non-communication à laquelle nous contraint ce système qui se manifeste par : la solidarité de classe spontanée et la communication sociale en dehors des rôles précédemment préfabriqués. Malgré l’ « Etat d’urgence », le couvre-feu et les milices dans les rues, le prolétariat n’a pas eu peur et n’a pas abandonné la lutte malgré la répression brutale qui a laissé un grand nombre de morts, torturés, disparus et emprisonnés. Au moment de la rédaction de ce texte, il a été annoncé dans de nombreuses régions, dont la région métropolitaine, que le couvre-feu serait levé à cause de la pression sociale du prolétariat, qui ne l’a pas respecté et qui manifeste une haine viscérale envers les militaires.
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– Malgré tous les efforts de l’Etat pour revenir à « une certaine normalité » et la diffamation des médias, cela n’a pu être rétabli, car notre classe a continué à protester quotidiennement sans même « demander la permission » de le faire – toutes les manifestations étant par ailleurs « illégales ».
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– La réalité de la lutte a écrasé les tentatives de « spectacularisation » de la révolte de la presse : le prolétariat a reconnu que la fonction sociale-essentielle de la presse est de déformer les faits et de monter une histoire similaire aux intérêts de la classe dominante – les journalistes sont les « porte-parole » du capital.
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– Le mouvement, dans le contexte de la révolte, se dote, au niveau embryonnaire, d’organes de lutte territorialement enracinés, basés sur la formation d’assemblées de voisins auto-organisées, qui se trouvent dans divers quartiers et populations construisant d’en bas une perspective anticapitaliste contre la précarité. Nous considérons ces espaces d’associativité prolétarienne comme stratégiques pour former une communauté de lutte, parce qu’ils expriment le besoin d’auto-activité de la part des prolétaires eux-mêmes et de manière autonome.
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– Un secteur important du prolétariat a rejeté en bloc les propositions de  » réformes  » avec lesquelles le gouvernement a essayé d’éteindre le feu de la révolte : elles sont considérées comme des miettes indignes, ce qui a mis l’Etat en échec, du moins jusqu’à présent.
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– Il n’y a pas d’ « entité politique » capable de se proclamer une entité représentative et valide pour dialoguer avec le gouvernement, ce qui a déconcerté la bourgeoisie. C’est une révolte sans chefs. D’où l’ « anarchie » de ce mouvement.
Contradictions et limites qui doivent être combattues par les minorités révolutionnaires au sein du mouvement :
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– Lors des gigantesques marches du vendredi 25 octobre qui, selon les chiffres officiels, dans la seule ville de Santiago, ont rassemblé plus de 1 500 000 manifestants, un sentiment d’identification patriotique et d’unité nationale s’est exprimé massivement, au détriment d’une perspective de conflit social de classe. Un exemple en est la prolifération des drapeaux chiliens – qui étaient absents jusque là – et l’atmosphère festive et pacifiste qui a prévalu tout au long de la journée, ce qui a été apprécié par le gouvernement lui-même comme une opportunité qui « ouvre des chemins vers l’avenir et l’espoir ».
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– L’hésitation de certains secteurs organisés du mouvement ouvrier à participer à la révolte -par exemple, les mineurs de l’entreprise publique CODELCO et les syndicats appartenant au Coordinateur national des travailleurs NO+AFP-, à l’exception du Syndicat des ports du Chili (UPCH) et du syndicat de la construction regroupés dans le syndicat combatif SINTEC : qui ne s’affranchi pas des contradictions, limites et développement inégal selon la localisation géographique.
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– L’écho qui, dans certains secteurs sociaux, a fait courir la rumeur dans la presse et le gouvernement qu’il existe une vague de pillages visant les maisons privées et les petites entreprises – qui ont été des cas très particuliers et en nombre limité. Cela s’est également exprimé au sein du mouvement des « gilets jaunes », des voisins organisés en bandes pour défendre leur quartier contre des pillards inexistants. C’est d’autant plus dangereux que c’est un terreau fertile pour les courants d’extrême droite néo-fascistes et parce qu’il dresse les prolétaires contre les prolétaires.
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– L’existence de militants des partis traditionnels et de la « nouvelle gauche » -plus ou moins la même- dans les assemblées et les conseils auto-organisés, qui tentent de coopter et de supplanter l’auto-direction du mouvement pour imposer leurs positions et devenir des interlocuteurs valables pour négocier avec pouvoir.
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– Malgré les grands sauts qualitatifs que le mouvement a faits dans sa vaste extension, il n’a pas réussi à figer et à consolider une lecture de classe clair, une faiblesse qui démontre une grande tâche en suspens qu’il faut corriger par la projection du mouvement. Cela s’est traduit, surtout depuis les grandes marches, par la résurgence d’une identification comme « classe moyenne » de certains secteurs du prolétariat promus par les partis d’ordre et les mass media.
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– La révolte a révélé des minorités révolutionnaires désorganisées et fragmentées, ce qui ne signifie pas pour autant qu’elles ont immédiatement participé au mouvement, en tentant de porter certaines oritentations par des actes et de la propagande, malgré leurs moyens limités. La gauche et le léninisme en général ne voulaient pas se mêler avec les incontrôlables, ils se dissociaient de la révolte, et même leurs secteurs les plus traditionnels condamnaient le pillage des grandes entreprises, et ont mis au moins trois jours pour démontrer leur présence dans la rue. Cela souligne la nécessité de construire un mouvement ouvertement anticapitaliste qui rassemble les secteurs les plus radicaux de la classe.
Perspectives provisoires
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Quoi qu’il arrive à l’issue de cette grande étape, il est clair qu’il y a eu une rupture irréversible, une fissure, qui marque un changement d’époque pour notre classe dans cette région. Ce que des milliers et des milliers de prolétaires ont vécu de nos jours sans expérience préalable de lutte peut difficilement être effacé de la mémoire combative de notre classe. Cette révolte a offert une occasion unique qu’il ne faut pas laisser passer : il est devenu clair que ce n’est qu’en luttant que des revendications concrètes et l’amélioration des conditions de vie du prolétariat sont imposées. Nous avons réalisé notre propre force. La révolte généralisée annonce la possibilité latente d’un changement révolutionnaire possible, de la réconciliation de l’espèce humaine avec elle-même et son environnement naturel, malgré le mépris antérieur manifesté par des secteurs de l’environnement subversif de notre région – avec des discours du type « humain=peste » ou que le « peuple est mort ». Le prolétariat n’est pas mort, nous ne sommes pas seulement un capital variable, nous avons un rôle énorme à jouer dans la liquidation de ce monde capitaliste et cela a été démontré dans la pratique. Pour l’instant, la lutte se poursuit dans les rues et dans les assemblées contre le pacte social qu’ils veulent nous imposer et contre la reprise réformiste. Cette révolte remettait intuitivement en question les fondements de la structure sociale capitaliste et cela ne peut être effacé de la mémoire historique. Nous allons plus loin, nous allons vers la vie.
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Algun@s Proletari@s en lucha de la Región chilena
Mañana del sábado 26 de octubre – Primavera subversiva del 2019
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Mettons les contrôleurs à l’amende

« Les contrôleurs sont des voleurs de pauvres »

De nombreux conflits sociaux émaillent la société que ce soit de notre logement au travail en passant par la Rue, nos vie sont de plus en plus surveillées, normées en bref contrôlées. Nous devons encore et toujours nous défendre face à l’Etat, les patrons et leurs sbires ! Les transports en sont un exemple parmi tant d’autres, la présence quotidienne des contrôleurs est une attaque contre les prols qui n’ont souvent aucun autre choix pour se déplacer dans des espaces urbains toujours plus vastes et éclatés. Il est tant d’offrir une réponse pour d’une part se défendre et trouver des moyens de solidarité qui nous permettent de lutter contre l’exploitation que nous subissons continuellement !

Ce texte vient d’une volonté de diffuser a minima des moyens de se défendre, seul ou à plusieurs, contre les contrôleurs de la ville de Rennes. Ce texte donnera également les billes pour avoir accès à la gratuité des transports, pour celles et ceux qui y ont droit. Enfin, si des gens veulent se ressaisir de cette question collectivement, comme a pu le faire la STAL1 à Rennes, n’hésitez pas ! D’autres actions pour les transports gratuits pourraient également être imaginées, comme celle réalisée en 2016, à Rennes, lors du mouvement contre la loi travail.

Pour moi, la fraude n’est pas un acte de lutte, mais une expression de la réappropriation des transports en commun par le prolétariat. Pour beaucoup, il s’agit d’une nécessité. C’est en revanche l’organisation qui lui donnera un aspect véritablement subversif et de lutte. Par exemple, la mutuelle des fraudeurs est une pratique intéressante pour s’organiser : il s’agit d’une organisation collective qui permet d’échanger des expériences et des techniques de fraudes tout en mettant en commun nos ressources afin de mutualiser le remboursement des amendes2. Plus encore, l’organisation peut permettre la création d’un rapport de force pour lutter contre les contrôleurs et ainsi permettre a ce que même les personnes sans papiers puissent se battre contre ces situations où le contrôle d’identité devient la norme.

Comment esquiver un contrôle ?

Un contrôle, c’est avant tout un interrogatoire qui consiste à te faire dire ton nom, prénom, adresse. Puis à te les redemander sous forme papiers (ID, permis, cb etc…) pour qu’ils soient sûrs de pouvoir t’envoyer l’amende à ton nom. Si tu n’as rien pour confirmer ton identité, et c’est tant mieux, ils peuvent te demander si tu as un téléphone… Avec ton téléphone, ils vont te demander de joindre une personne qui confirmera ton identité. Si tu n’arrives à joindre personne, ils pourront aussi te demander d’appeler un numéro gratuit, le 3179, qui transmettra, par sms, le RIO (relevé d’identité opérateur), ce qui donnera directement l’identité du propriétaire de la ligne !

Ces derniers temps, les contrôleurs te demandent même de signer un papier, pour reconnaître que l’identité que tu leur as donné est la vraie. Autrement, tu devras payer une amende de 3750 euros. Cette pratique est de nouveau renforcée par un dispositif de contrôle ou de surveillance, on ne sait plus vraiment : les contrôleurs de la Star sont depuis peu équipés de caméra sur leur torse.

Quoiqu’il en soit, les contrôleurs mettront la pression tout le long pour que tu leur donnes un max d’information sur toi. Ils utiliseront des arguments comme « si tu nous mens, on va appeler les flics pour qu’ils vérifient ton identité au poste ». Cela reste bien souvent de la menace, puisqu’il est rare qu’ils se déplacent réellement. Cependant, ils peuvent parfois être présents pendant le contrôle. En effet, les contrôleurs jouissent tout de même d’une complicité toute particulière avec leurs collègues policiers. Cela peut permettre de sanctionner les fraudeurs mais aussi de contrôler l’identité des gens à tout va, pour la seule raison qu’ils n’ont pas payé 1 euros 50.

Les contrôleurs, comment les esquiver ?

Pour contrer la fraude, la Star met en place tout un système préventif. Il s’agit de la présence des soit disant amistar ou des agents de sécurité. Pour les amistar, c’est un peu de la rigolade puisqu’ils ne peuvent tout simplement rien faire : ils ne peuvent n’y vous empêcher de passer, ni vous verbaliser. Pour ce qui est des agents de sécu, ils ne peuvent pas verbaliser, mais ils ont le pouvoir de vous bloquer physiquement.

On observera chez les contrôleurs deux types de technique. La première consiste à installer un filet de contrôleurs dans des zones de passage comme le haut des escaliers, ascenseurs et aux portes du métro ou bus. Il est donc intéressant de ne pas se presser et de prendre les escaliers plutôt que les escalators pour pouvoir faire demi tour en cas de contrôle. La deuxième technique des contrôleurs, plus agressive, consiste à rentrer dans le métro ou bus, pour contrôler directement tous les gens qui s’y trouvent. Chaque personne qui n’a pas de titre de transport valide se verra alors mettre dehors le temps de son contrôle et/ou verbaliser directement dedans.

Histoire d’augmenter la difficulté, certains contrôleurs se mêlent aux passagers, en s’habillant en civil pour feindre notre vigilance… bien que, personnellement, je trouve qu’ils ressemblent à des agents de la bac. L’intérêt pour eux est d’intercepter les fraudeurs en plein flag. Impossible alors de tenter d’embrouiller le contrôleur.

Quelques techniques pour éviter les contrôleurs et frauder :

L’une des meilleures techniques est encore de se prévenir collectivement de la présence des contrôleurs sur les lignes de transports. Donc, si tu es au courant d’un contrôle en cours, envois direct un sms à tous tes potes pour diffuser l’info au maximum. D’autant qu’il y a désormais du réseau dans le métro ! A Rennes, une application pour téléphone a également été créée : RATS3, qui permet de signaler la présence de contrôleurs dans une station de métro ou un arrêt de bus, mais aussi de vérifier s’il n’y en a pas. Le groupe Facebook du comité de mobilisation de Rennes 24 est aussi très utilisé pour faire des signalements et prévenir ainsi les autres personnes.

Un des trucs cool dans le métro rennais, c’est qu’il n’y a pas de portique. Tant mieux, ça évite de se fouler une cheville ou de passer pour un con à côté de tous les gens qui ont un ticket. Autre truc pas mal à savoir : c’est que sur certaines stations, comme République ou Sainte-Anne, tu peux prendre l’ascenseur tout droit jusqu’au quai du métro, sans avoir à passer les maudits composteurs.

Si tu es obligé de frauder, il y a tout un tas de techniques qui peuvent t’éviter une amende.
Tout d’abord, ne pas hésiter à demander aux personnes qui sortent du bus ou du métro s’ils ont un ticket encore valide. Ca peut prendre un peu de temps selon le moment de la journée, mais les gens sont habituellement complaisants avec cette pratique. Autre solution, on peut parfois trouver des tickets laissés par des gens sur les rebords des distributeurs, poubelles, bancs ou autres.

Dans le cas d’un contrôle, si tu as un titre de transport non composté sur toi, il t’est possible de le sortir afin de diminuer ton amende. Plus tu mettras de temps à le sortir, plus les contrôleurs seront focalisés sur toi. Peut-être ainsi un autre fraudeur sera épargné (marche particulièrement bien pour le cas de contrôleur en civil).

Si tu n’as pas de ticket, tu peux leur donner une « fausse identité », qui sera confirmée par le fait de téléphoner à un pote, que tu as brieffé avant, et qui donnera au contrôleur une « fausse identité ». Par contre, pour que ça marche, tu dois connaître le numéro de ton ou ta pote par cœur et qu’iel réponde au téléphone (ce qui n’est pas évident, surtout si c’est un numéro inconnu). Il ne faut surtout pas dire que tu as ton téléphone sur toi : ils peuvent vérifier ton identité avec, grâce au relevé d’identité opérateur (R.I.O), qui leur donne le nom du ou de la propriétaire de la ligne.

Comment avoir accès aux transports gratuits ?

Dans certain territoire, le transport gratuit existe. Il s’agit évidemment d’une proposition qui va dans l’intérêt des capitalistes. Par exemple, à Rennes, la gratuité des transports permet d’obliger les personnes aux RSA à revenir tous les un à six mois au CCAS, pour continuer à en disposer. Il s’agit là d’un des nombreux outils qui permet la surveillance et la gestion des pauvres.

Quand bien même les transports gratuits ont contribué à la fraude et/ou à une organisation qui tend à généraliser la fraude, ils ne sont pas contradictoires et peuvent même être un outil complémentaire pour faire chier les contrôleurs. Sans parler que cela simplifie pas mal la vie, au moins pendant six mois.

Pour y avoir accès, il faut se rendre à la Star pour créer une carte Korigo (la première est gratuite). Il faut savoir qu’ils peuvent faire une photo de vous en direct live, si vous n’en avez pas avec vous : je préconise donc d’y aller avec un bonnet, une écharpe et un gros sweat pour que la photo soit la moins claire possible. La gratuité des transports donnera lieu, selon votre situation, à un renouvellement tous les 1, 3, 6 ou 9 mois5.

Comment éviter ou réduire une amende ?

Le foutage de gueule n’as pas de limite, puisque que même si vous avez une carte de transport gratuit, vous êtes obligé.es de l’avoir en permanence sur vous dans les transports en commun. Sous peine de recevoir une amende qu’il vous faut payer sous sept jours pour ne payer « que » 5 euros de frais de dossier. Bref la gratuité est une notion bien vague à la Star.

Si tu reçois une amende à ton nom, il est possible de baisser son montant à 5 euros, si tu es éligible au transport gratuit et que tu fais une demande pour l’avoir dans la semaine qui suit ta verbalisation.
Avoir sur soi, lors du contrôle, un ticket non validé ou validé dans la journée, mais à une autre heure, peut également permettre de faire baisser de moitié l’amende6. Enfin, la payer directement permet de ne pas avoir à régler les frais de dossier… Mais bon, tout le monde n’a pas les moyens, surtout en fin de mois…7

Le contrôleur étant une espèce sournoise et sadique, attention à ne surtout pas faire augmenter son amende en s’emportant face à ces « BÂTARDS »… Typiquement le genre de propos qui donne lieu à une amende de 198 euros, pour outrage. Il peut être intéressant de tenter de les embrouiller, mais il faut garder en tête que ces fils de keuf sont assermentés par l’État. Néanmoins, ils n’ont pas le droit de vous fouiller ou de vous contraindre physiquement à faire quelque chose, si ce n’est en faisant barrière de leur corps. Cours, le vieux monde est derrière toi !

Ce n’est pas un science exacte mais ne pas payer son amende est une possibilité qui peut s’avérer gagnante. A vous de voir : la question n’est pas tranchée, bien que de nombreuses personnes n’ont pas payé toutes leurs amendes.

La tarification « solidaire » des tarifs de la Star :

1. Tout public sous conditions financières

Réduction de 100%
Ressources jusqu’à

Réduction de 85 %
Ressources jusqu’à

Réduction de 50 %
Ressources jusqu’à

Personne seule

900 €

901 € et 1050 €

1051 € et 1200 €

En couple

1350 €

1351 et 1575 €

1576 et 1800 €

Couple ou personne seule avec
1 enfant

1620 €

1621 € et 1890 €

1891 € et 2160 €

Couple ou personne seule avec
2 enfants

1890 €

1621 € et 1890 €

1891 € et 2160 €

Couple ou personne seule avec
3 enfants

2610 €

2161 € et 2520 €

2521 € et 2880 €

Couple ou personne seule avec
4 enfants

2430 €

2431 € et 2835 €

2836 € et 3240 €

Couple ou personne seule avec
5 enfants

2700 €

2701 € et 3150 €

3151 € et 3600 €

Par enfant supplémentaire

+ 270 €

+ 315 €

+ 360 €

2. Pour les étudiant.es et n’hésitez pas à demander au passage la carte Sortir !

Échelon de bourses

Tarification solidaire des transports

Carte Sortir !

Échelon 2

50 % de réduction (abonnement mensuel)

50 % de réduction sur le montant de l’abonnement à une activité régulière, aide plafonnée à 75 €

Échelons 3 et 4

85 % de réduction (abonnement mensuel)

60 % de réduction sur le montant de l’abonnement à une activité régulière, aide plafonnée à 90 €

Échelons 5, 6 et 7

Gratuité

70 % de réduction sur le montant de l’abonnement à une activité régulière, aide plafonnée à 105 €

1 Sans Ticket Autonome en Lutte

2 En lien, deux textes pour en savoir plus sur la mutuelle des fraudeurs de Rennes et celle de Lille : https://nantes.indymedia.org/articles/28160 et https://www.labrique.net/index.php/thematiques/lutte-des-classes/734-mutuelle-des-fraudeurs-ensemble-creons-des-liens

3 Lien vers le site internet : http://rats.pw

4 Lien vers le groupe Facebook : https://www.facebook.com/groups/1679036202369318

5 Les conditions financières pour être éligible : https://metropole.rennes.fr/tarification-solidaire-des-transports

6 Le prix des amendes, si tu as déjà validé ou pas un titre : http://www.e-pv.fr/tpe/tpe_20/files/STAR_ePV_Infractions.pdf

7 Quelques conseils venant d’une revus plutôt intéressante publiée sur Paris : https://paris-luttes.info/frauder-les-transports-a-paris-2276?lang=fr

Action disruptive au Leclerc : des prols prennent leur futur en main

 

____A l’appel du collectif contre la réforme chômage (blog : contrelareformechomage.noblogs.org), ce mercredi 2 octobre à midi, nous étions une 50aine à participer à l,action au centre commercial de Cleunay. Après nous être tous retrouvé nous sommes entrés par différentes portes d’un des plus gros centre commercial de Rennes. Des camarades ont pris des lignes de caddies et les ont joliment disposées en un gros tas, devant les caisses du Leclerc, en plein milieu de la galerie marchande. Ce promontoire improvisé nous a servi pour lire le tract sur la réforme chômage et pour attirer l’attention. Les canons à paillette, les chants et les slogans posent l’ambiance. « Chômeur, précaires, intérimaires ; le chômage c’est notre salaire ». Au même moment, un autre groupe de camarades distribue les tracts dans toute la zone commerciale aux clients et aux employés.
Le sujet du chômage devient le centre de beaucoup de conversations. Un rageux crie qu’on est des fainéants, qu’on a qu’à allé travailler. Une caissière raconte que son fils est directement touché par la réforme. Une femme âgée chuchote qu’on a raison qu’il faut foutre le bordel partout. Plus loin un jeune lit le tract, l’air tracassé : « c’est vrai ça ? » Profitant que l’ensemble des vigiles tentent vainement de remettre les caddies sur pieds, quelques malins s’en vont discrètement avec leur courses gratos. « Merci beaucoup ! » lance un inconnu le sourire aux lèvres.

 Du coté des employés, 2 groupes se distinguent dès le débuts: ceux dont le rôle est de surveiller et de cadrer : les petits chefs et les vigiles, les chiens de gardes du capital… qui en font des tonnes, crient qu’ « on a pas le drooooiiit »! Et il y a les autres qui vendent, mettent en rayon, font le ménage…et qui affichent pour la plus part un petit sourire complice bien content de ne plus les avoir sur le dos !

 

Mais c’est quoi être caissier/caissière ?

« Tu vois, je vais t’expliquer, c’est le travail quoi ! Tu bosses 7h assis sur une chaise à scanner des tonnes de produits pour des centaines de clients … pour finalement toi aussi passer à la caisse… »
« A 18h c’est le rush tout le monde sors du travail, ce sont alors des gens pressés, stressés, des gens épuisés qui s’alignent devant toi. Et toi tu es assis avec ton uniforme et ton nom inscrit dessus. Certains te voient vulnérable et se permettent de s’énerver contre toi, de t’insulter, de t’humilier pour se défouler ou par ce que ça ne va pas assez vite. Alors que toi aussi tu as des problèmes, tu as du mal à trouver de la thune pour faire tes courses comme plein de gens. Tu penses aux douleurs dans tes articulations, à ton dos qui te fait de plus en plus mal, à comment tu vas avoir la garde de ton gosse ou si tu auras le temps d’aller voir ton médecin dans la semaine. Bref, t’es obligée de rester polie quand t’as envie de sortir, de bouger, de faire plein de choses tellement plus intéressantes que de rester là le cul coincé sur ta chaise en plein courant d’air !!»
« Tes horaires sont décalés, tes pauses midi se font à 15h et pour avoir tes congés payés c’est une compét avec le reste des salariées. »
« Des fois les clients se raréfient alors on se permet de se tourner et de discuter un peu avec la caisse voisine, mais bon pas trop. Tu as tout un tas de caméra pointé sur toi et puis il y a le manager qui sort de son bureau pour venir t’engueuler. Tu comprend pas bien pourquoi mais ça à l’air de le défouler. Il est 21h30 tu termines ton services, y’a plus qu’à manger et dormir pour recommencer encore et encore. »
« La fin du mois le salaire tombe. Bah ouais un smic c’est pas grand-chose finalement, tu payes le loyer, les traites de la voiture, le fioul pour chauffer cette hiver, la bouffe acheté chez « Leclerc c’est moins cher », des fois des petits cadeaux pour égaiyer le quotidien. A la fin du mois t’es encore dans le rouge. »

 

« Mais pourquoi vous êtes venu là ? »

       Une demi heure après notre arrivé, des flics de la brigade d’intervention arrivent d’une des grandes portes. Le moment est venu de se regrouper pour faire force en nombre. Un ptit chef continue de faire des grands gestes en faisant mine qu’il vas nous taper alors qu’on est bien plus et bien déterminés à ne pas se laisser faire. Il est rouge, il a chaud, il crie : « Mais pourquoi vous êtes venu là ? » Parce que « On est là, on est là ; pour l’honneur des chômeur, pour un monde meilleur ! On est là, on est là, même si les patrons le veulent pas, nous on est là ! »

    Il y a ici plusieurs centaines d’employés qui travaillent pour pouvoir manger. Il y a aussi des milliers de prols qui dépensent l’argent qu’ils ont gagné en travaillant pour pouvoir manger. Et il y a les patrons, loin là-haut, qui compte les millions. La boucle est bouclée et les comptes en banques des bourges se remplissent pendant que les nôtres se vide au-delà du zéro…

 

 

 

Construisons l’autonomie de Classe, organisons-nous pour ne plus rester isolés face aux patrons et leurs sbires!

 

 

Récits croisés de la journée d’action du 19 mars

Après l’acte 18 à Paris qui arrive au bout de 4 mois de lutte, les centrales syndicales posent leur deuxième date de mobilisation, suite au 5 février, ce sera le 19 mars ! Les gilets jaunes, forts de leur mouvement qui ne faiblit pas, reprennent à leur compte cette date pour inviter les grévistes à les rejoindre sur des points de blocage tout au long de cette journée de mobilisation. Car, si pour certain la grève consiste en une procession en ville sur le thème de la grève, pour d’autres, la grève est nécessairement active : Grève, Blocage, Manif Sauvage !

1er round : Le dépôt de carburant de Vern-sur-Seiche
Dans la nuit du lundi 18 au mardi 19 mars, répondant à l’appel national de blocage des raffineries et des dépôts pétroliers, une trentaine de GJ se retrouvent à 3h du matin, munis de palettes, de pneus et d’une grande détermination pour bloquer l’entrée et la sortie du dépôt. Malgré l’arrivée des gendarmes, les premiers camions citernes sont bloqués dès 4h15 et nous allons à la rencontre des chauffeurs pour leur expliquer la situation et boire un café. A 5h, c’est maintenant une dizaine de camion qui sont bloqués, on apprend que le blocage de Donges a été viré mais que les camarades continuent de bloquer les rond-points autour. Voyant que plus d’une trentaine de camion citernes sont à l’arrêt au bord de la route et notre nombre diminuer en même temps que celui des flics augmente, nous décidons de lever le camp pendant que les indésirables galèrent à dégager nos barricades…

La journée ne fait que commencer !Round 2: Manif
Dans les derniers mouvements à Rennes, la constitution d’un cortège intersectoriel qui prend la tête de la manifestation est devenu une habitude à chaque journée de mobilisation. Cette espace rassemble tous les gens en lutte, à la fois ceux qui ne se reconnaissent pas dans le cadre proposé par les centrales syndicales et ceux que ces dernières ne défendent quasiment jamais ; les précaires, les chômeurs, les étudiants travailleurs ou non… Cette auto-organisation permet à tous ceux qui veulent briser le corporatisme et participer à la grève de manière active de s’organiser sans chef ni hiérarchie et s’opposer à ceux qui veulent encadrer les mobilisations et faire le taf d’auxiliaires de police par des services d’ordre.

12 mai 2016 à Marseille : La CGT attaque et gaze les manifestant-e-s en fin de cortège.

Pour une fois, le SO de l’intersyndicale compte dans ces rangs 80 personnes de la CGT, FO mais surtout Solidaires 35, postés à l’avant du cortège mené par la CGT. Ces derniers, encadrent la manif en lien avec les forces de l’ordre, afin d’empêcher l’émergence de toute initiative qui mettrait en péril leur ballade mensuelle et surtout éviter d’entrer en résonance avec le mouvement des gilets jaunes qui exalte la contestation sociale depuis plusieurs mois.

Dès l’arrivée du cortège à République, une des banderoles des gilets jaunes se fait attaquer et voler par les flics, sans la moindre réaction du SO et des syndicalistes qui sont favorables à son existence. Seulement, l’injonction aux syndiqués de base à bien rester dans le rang des centrales et de leur bureaucratie départementale est régulièrement débordé ; c’est donc pour ces raison plus qu’évidentes, que des personnes en luttes syndiquées ou non, ont donc pris l’initiative de reprendre l’avant du cortège, sans banderole mais motivés. Tout le reste de la manif, le SO essaiera en vain de dégager ceux qui les débordent afin d’endiguer la fuite de syndicalistes de leurs rangs, et ce, au corps à corps. Les chants et moqueries redoublent au vu de leur entêtement et la solidarité permet de désamorcer ce dispositif constitué de marmules en chasubles qui s’amuse à foutre des mains au cul au passage.
Tout le monde est désormais prévenu : on n’empêchera pas la jonction de tous ceux qui veulent se retrouver, s’organiser, se tenir collectivement dans la rue, bloquer l’économie, chanter notre rage, faire chier les capitalistes, bref, repeindre d’un jaune éclatant ces cortèges qui puent la défaite…

Car l’histoire aura raison de ceux qui négocient les conditions de notre exploitation.
Nous sommes de ceux qui mettent en acte la solidarité et niquent la dissociation, la coupe est pleine, DEBORDONS !

3ème round: Blocage de la Plateforme Industrielle Cedex (PIC)
On se retrouve le soir, à la maison des gilet jaune à St Grégoire, lieu fixé du dernier départ en action. C’est aussi le moment de l’assemblée hebdomadaire des gilets jaunes à Rennes et alentours. Nous prenons donc un temps pour discuter et savoir si nous ferons cette AG sur le point de blocage ou ici avant de partir en action. Finalement nous décidons de reculer le départ en action pour prendre le temps de nous organiser pour la suite.
A 20h30, une cinquantaine de personnes se retrouvent donc à la Plateforme Industrielle Cedex (PIC) d’Armorique de Noyal-Chatillon-Sur-Seiche. Il s’agit d’une vaste usine de La Poste qui traite le courrier de tout le grand Ouest.
Une fois les barricades installées, c’est très rapidement que des dizaines de camions de toutes tailles se retrouvent bloqués. Une fois encore nous allons discuter avec eux du mouvement et des perspectives autour d’un café ou d’une clope. Nous leur conseillons d’appeler leur patrons pour leur dire qu’ils sont bloqués par des gilets jaunes, et que s’ils et elles le souhaitent nous pouvons aussi les aider à bloquer leurs boîtes pour qu’ils puissent faire grève plus facilement.
C’est justement pour faire écho à la grève que nous avions choisi cette action. En effet, un an plus tôt des dizaines de facteurs et factrices de Rennes ont fait une grève de plusieurs mois contre la réorganisation de leur bureau de poste. A cette occasion, la PIC avait été bloquée plusieurs fois.
Les travailleurs de nuit de la PIC commencent à arriver. Très nombreux sont ceux qui nous soutiennent, notre présence semble les ravir, nous leur distribuons des tracts qui rappellent comment faire grève et explique notre action, tout en leur disant, que c’est ensemble que nous serons plus fort et que si les flics viennent nous dégager, les travailleurs et travailleuses à l’intérieur de l’usine peuvent prendre le relais en faisant grève à leur tour!
Les flics sont de plus en plus nombreux, et font déplacer les camions. Nous comprenons qu’ils sont en train de dégager l’accès pour pouvoir intervenir…
On commence à se rassembler pour prendre une décision, la barricade s’enflamme et nous décidons de partir à travers champs. Les gendarmes nous chargent sur plusieurs centaines de mètres le long de la rocade plongée dans le noir. Tout le monde court se réfugier dans un resto ouvrier encore ouvert, où les flics n’hésitent pas à entrer en force et gazer. Après quelques minutes pour tenter de reprendre notre souffle, nous décidons rapidement de donner la même identité ; Camille Dupond, ils nous font sortir manu militari un par un, et contrôlent l’identité de tout le monde, 5 camarades sont choisis au hasard et se font embarquer à la gendarmerie de Vern. On fait un débrief et on organise le soutien à ceux embarqués. Ils ressortiront dans la nuit et le lendemain avec une convocation ou un rappel à la loi, pour certains au nom de Camille Dupond.
Pour contrer la répression mais surtout pouvoir envisager et organiser plein d’autres actions et former un cortège ouvert et bouillonnant, nous avons besoin d’être toujours plus nombreux.ses, ne passons pas à côté de la possibilité de gagner !