Déjà deux ans et demi de cette guerre en Ukraine qui a redessiné les blocs et les alliances capitalistes. Bientôt huit mois que le conflit armé entre Israel et la Palestine a repris. Soucieux de s’engraisser en préservant leur relation avec Israël, les pays européens s’alignent sur le soutien au massacre à Gaza en affamant la population. Dans cette période où la classe est étouffée par la période après COVID, la guerre et l’inflation, peu de soulèvements s’en sont pris au capital dans le monde. Au Bangladesh, des grèves sauvages et massives ont éclaté et des usines ont été brûlées. En Iran, la classe s’est à nouveau soulevée avec puissance et a affronté un des régimes les plus coercitifs de la région – la République Islamique- pendant plus d’un an, s’attaquant à l’appareil d’Etat et à ces représentants religieux qui le dirigent. Commissariat, prison, offices religieux ont été ciblés systématiquement. Posant un conflit dans la classe d’une forte intensité ! Le monde donne l’impression d’être dans une partie de Risk à grande échelle dans laquelle chaque pays déploie son arsenal militaire pour écraser l’autre au détriment des prols qui se soulèvent et crèvent sous les bombes quand ils ne peuvent fuir. Les puissances qui font la guerre à l’extérieur maintiennent d’une main de fer le prolétariat dans leurs frontières. L’économie de guerre se met en place tambours battant. Partout le nationalisme gagne du terrain, l’extension et la multiplication des conflits entre Etats l’alimentent sans cesse.
En France, on nous demande de se serrer la ceinture pendant que l’industrie militaire fait son beurre en devenant le deuxième exportateur d’armes au monde. On frôle déjà l’indigestion à nous forcer à travailler, avec des RSA et des allocations chômages bientôt complètement périmés, on reprend malgré nous une double dose d’inflation par-dessus. Et au dessert, nouveau service militaire pour les jeunes, le SNU pour mettre au pas la nouvelle génération car une classe « ça se tient sage ». Un an après le mouvement des retraites, on a fait le bilan d’une défaite orchestrée, qui chante « et la retraite à 60 ans! », embourbé dans l’unique défense des « acquis sociaux ». Cinq mois de mouvement qui n’ont permis que des petites ballades de santé nocturnes un peu speed, des blocages de rocades et des montagnes de déchêts. Un vide intersidéral de perspectives de dépassement, éternel recommencement de rapports sans force, de cortèges de tête autonomes qui singent des pratiques vidées de leur sens et de leur efficacité, un régal. A quoi répondent 5 jours de révolte après la mort de Nahel buté par la police, malheureusement stoppés net par le déploiement d’un véritable arsenal militaire de la part de l’Etat, suivi d’une avalanche d’incarcérations. L’Etat qui s’était vu attaqué de toutes parts, ouvrant dans le même temps la brèche pour que soit pillé en masse les magasins, que les comissariats, les mairies et les écoles soient attaqués. Rappelant que des gilets jaunes jusqu’à Nanterre, ces révoltes transforment radicalement le réel. Dans toute l’Europe on nous sert la même soupe nationaliste. Face à la concurrence internationale, dans le mouvement des agriculteurs début 2024, les gros exploitants se battent pour finir d’achever la paysannerie. On a assisté à des situations hallucinantes de défense chauvine du produit français, espagnol ou allemand en détruisant aux frontières la marchandise venant de l’étranger. Le patronat défend le souverainisme alimentaire, pour continuer à s’empiffrer en produisant de la bouffe de merde pour les pauvres. Cerise sur le gateau la France va bientôt accueillir les Jeux Olympiques, véritable parade nationaliste dans laquelle s’affrontent pacifiquement les meilleurs athlètes de chaque pays. Propagande à grande échelle des valeurs dégueulasses du sport laissant sous le tapis les milliers d’exploités comme l’ont rappelé les sans papiers en grève sur les chantiers, qui construisent les stades à la gloire d’un capitalisme triomphant. Partout surgissent des résistances, des mouvements sur lesquelles nous portons toute notre attention. Si des millions de prolétaires sortent dans la rue de par le monde, s’autonomisant des structures ouvrières en ruines, des perspectives de gestion réformiste de la catastrophe, provoquant l’émergence de myriade de conflits imprévisibles, violents et sans médiation, contaminant toutes les sphères de la vie, alors l’émergence d’une force capable de sérieusement s’en prendre au Capital pourra se construire.
