A.S.A.P.
Chronique antitravail – Foeken Foreigners
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J’étais donc là, un immigré britannique aux Pays-Bas qui cherchait du travail en étant prêt à faire n’importe quel taff pourvu qu’on m’embauche, dans le bâtiment, en logistique, un taff à l’usine, en service dans des bars, peu importe, après tout, mes factures n’allaient pas se payer toutes seules.

J’ai fini par travailler pour une agence d’intérim, en sous-traitance pour la célèbre société néerlandaise de démolition « Foekens bv ».

Une journée de travail random se déroulait comme ca : réveil à 5h, expresso puis trajet en vélo jusqu’au point de ramassage. Une quinzaine de travailleurs, généralement tous d’origine étrangère (Royaume-Uni, Pologne, Suriname ou autres), partait en voiture pendant 40min de la ville de Leyde vers un projet de démolition à Amsterdam, un énorme complexe appartenant à l’Université.

Il s’ensuivait généralement une attente de 40min, à s’agiter parce que le travail ne pouvait pas commencer avant 7h. La mentalité néerlandaise pouvant être plutôt calviniste (???), l’agence a veillé à ce que nous arrivions à l’heure tous les jours, même si cela signifiait rester assis à ne rien faire. La suite est assez classique pour les chantiers néerlandais : de 7h à 15h30, entrecoupées de deux pauses d’une demi-heure.

En ce qui concerne la rémunération, les ouvriers du bâtiment sont payés chaque semaine le vendredi, généralement vers midi, comme le veut la norme du secteur. En tant que travailleur permanent, vous pouvez vous attendre à ce que cela soit réglé comme une horloge. Les travailleurs en interim peuvent, en théorie, s’attendre à la même chose, mais la réalité peut parfois être différente, les retards de deux ou trois jours arrivant souvent, les agences s’attendant simplement à ce que leurs travailleurs l’acceptent.

Pour être honnête, c’est plus juste de dire que l’agence pour laquelle je travaillais payait généralement très bien ses travailleurs à temps. Mais la seule fois où elle n’a pas payé… un type a jeté son pied de biche par terre, je ne connais même pas son nom et je suis presque sûr qu’il n’avait aucune idée de ce qui allait suivre. Le suivant, puis encore un autre ont posé leurs outils puis nous étions quinze et je me suis retrouvé à participer à ma première grève sauvage! Une chose qui n’arrive quasiment jamais aux Pays-Bas et ce dans n’importe quel secteur de l’emploi car il y a beaucoup plus de demandeurs d’emploi que d’offres d’emploi.

Il était là, le directeur de l’agence, en pleine « posture de colère », comment osions-nous exiger d’être payés à l’heure convenue comme tous les autres travailleurs de la construction aux Pays-Bas, comme si nous avions des factures à payer et, dans certains cas, des enfants à nourrir. Après environ une heure de cette absurdité managériale, et après que le directeur de l’agence ait été un peu poussé par l’entrepreneur à régler le problème, l’agence a magiquement versé le salaire sur nos comptes bancaires. Je ne sais pas d’où proviennent ces fonds et je m’en fiche.

Avez-vous déjà réservé vos jours de congé pour rendre visite à un ami pendant le week-end ? J’ai pris mon lundi pour aller passer un week-end avec des amis à Bruxelles et nous avons passé un très bon moment. Lundi matin à 5h30, le téléphone sonne… « Où ES-TU???…Nous t’attendons tous… Uuuuuhh, j’ai réservé un jour de congé avec toi, souviens-toi, je ne suis même pas dans le pays en ce moment ». Il a rapidement mis fin à l’appel après quelques mots et phrases colorés.

De retour à la maison plus tard dans la journée, j’ai téléphoné à l’agence pour demander du travail pour le lendemain, mais pour une raison inconnue, ils n’ont plus répondu plus à mes appels… Un an plus tard environ, je repasse devant le bureau de l’agence et que j’ai remarqué que tout était barricadé. Ont-ils déménagé à une nouvelle adresse ou ont-ils cessé leurs activités? Aucune idée… Est-ce que je devrais vraiment m’en soucier?

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