La chronique de cette semaine parlera de montagnes russes, de chômage, et de tenacité… ! Et n’oubliez pas de nous envoyer vos meilleures histoires de prols confinés.
Après avoir passé plusieurs années à travailler à droite à gauche pour réussir à payer mon loyer et tout le reste, j’ai eu l’immense honneur de pouvoir être éligible au saint graal qu’est l’allocation chômage. Celle-ci ne fut pas sans mal, j’ai dû aller bosser à m’en briser les reins, travailler tel un robot automatique qui agite ses bras et ses jambes sans en comprendre le sens, passer de sales quarts d’heure lorsque le chef me rouspétait car je n’allais pas assez vite, etc… Je vous en passe les anecdotes aussi absurdes les unes que les autres.
Quand on taf, le seul truc qui nous fait tenir c’est de savoir qu’un jour on va pouvoir se casser et ça les patrons le savent très bien ! C’est d’ailleurs pour ça que les contrats que tu signes à macdo ou à leclerc sont des CDI. Pas pour t’accorder une sécurité de l’emploi mais bien par ce qu’ils ne veulent pas que tu te casses avec ton allocation chômage. Et puis, de toute façon, avec un contrat de 15h, tu peux pas espérer grand chose en termes de chômage. Du coup, la solution c’est de faire de l’intérim ou des contrat en CDD.
Quel que soit ton contrat, quand tu n’as pas de formation, les boulots que tu fais ce sont souvent les plus pétés, les plus précaires. En gros, les plus durs ! Ton poste est interchangeable et ça, tu vas vite le comprendre car quand tu es nouveau ou que tu es là que pour quelques jours, on te mettra toujours dans les pire postes, ceux dont personnes ne veut, ceux qui te bouffent la santé, ceux dont l’intérêt n’a de sens que pour celui qui t’embauche. Et derrière y’en a beaucoup des comme toi qu’il peut utiliser pour la sale besogne…
Quand je bosse, c’est pas pour un patron mais pour les thunes et je prendrai tout ce qu’il y a prendre. Dès que ce sera possible, je me tirerai de là et le plus loin possible et avec les alloc monsieur !
Et y’a pas moyen qu’on me fasse culpabiliser par ce que la thune, on sait très bien que quand je la dépenserai elle reviendra à ces salaud qui m’ont fait trimer avant!
Mais le jeux est bien fait, car quand tu crois que tu as enfin un répit et que tu vas pouvoir profiter de la vie comme tu l’entends, les galères te rattrapent aussi vite ! Bah oui, les thunes ils nous les filent mais pas pour nous faire plaisir, ils nous les filent parce que si on en avait pas, on irait les chercher là où il y en a.
Et pour être sûr qu’on est toujours bien inséré dans le monde du travail, qu’on se lève tous les jours pour faire nos recherches de taf, ils mettent en place tout un système de contrôle. Eux, ils appellent ça « aide à la réinsertion »… C’est presque un deuxième taf qui commence, celui d’esquiver les rendez-vous pourris, de faire croire qu’on continue nos recherches d’emploi dans des boulots plus merdiques tu meurs et de faire en sorte de toucher notre thunes tous les mois. Et pour agrémenter le tout, le calcul de tes allocations est fait par un savant algorithme, dont seul les plus experts scientifiques de pôle emploi connaissent le secret. Bref, ils t’obligent à devenir un genre d’homo ecoenomicus, excusez-moi pour le terme barbare, capable de calculer, optimiser, rationaliser ton temps administratif par rapport au niveau de contrôle qu’ils mettent en place et ce en fonction des thunes qu’ils veulent bien te lâcher.
Et surtout, c’est eux qui te filent ou non les thunes, et y’a intérêt que tu n’oublies pas de t’actualiser parce qu’on sinon ils te sucrent tes allocs et sans moratoire (#grève des loyer).
Si tu ajoutes à tout ça la gestion automatisée du bordel et l’impossibilité de prendre des rendez-vous pour gérer les galères, tu en arrives à recevoir ce genre de lettre qui m’a bien fait halluciner et que je trouve assez marquante de ce que c’est que d’être au chômage.
« Rennes, le 26 mars 2020,
En date du 13 mars 2020, vous avez été destinataire d’une lettre d’avertissement (ah bon!) avant la sanction pour votre absence à rendez-vous (quel rendez-vous?).
Vous nous avez fait part de vos observations écrites (de quoi il parle?) dans le délai qui vous était imparti.
Après un nouvel examen de votre situation et compte tenu des précisions apportées (j’ai fait ça moi?), je vous informe que j’ai décidé de ne pas poursuivre la procédure de sanction engagée à votre encontre (c’est pas passé loin…) »Courrier reçu le 8 avril
Et voilà comment en deux minutes, il te souffle le chaud froid et ça en pleine période de confinement, alors que c’est ta seule source de thune et que dehors y’a plus de boulot, aussi merdique soit-il.
Alors qu’on est tous confinés, par un jeux de hasard, j’ai eu la chance de ne pas m’être fait sanctionné, moi (quand bien même je n’étais pas du tout au courant). Mais si je perds ces quelques miettes que ces salauds me filent, je vois pas bien comment je vais pouvoir m’en sortir.
Les droits au chômage n’étant pas extensible, je vais très bientôt devoir revenir dans le monde merveilleux du travail. Je sais pas si il y aura encore du taf, d’autant que y’a des chances que les patrons nous mettent encore plus la pression vu la crise économique qui arrivent. J’ai l’impression que quoi que je fasse faudra toujours se battre. Donc je vais pas me laisser faire, je suis sûr que je rencontrerai des gens avec qui se serrai les coudes, des gens avec qui se battre!