____A l’appel du collectif contre la réforme chômage (blog : contrelareformechomage.noblogs.org), ce mercredi 2 octobre à midi, nous étions une 50aine à participer à l,action au centre commercial de Cleunay. Après nous être tous retrouvé nous sommes entrés par différentes portes d’un des plus gros centre commercial de Rennes. Des camarades ont pris des lignes de caddies et les ont joliment disposées en un gros tas, devant les caisses du Leclerc, en plein milieu de la galerie marchande. Ce promontoire improvisé nous a servi pour lire le tract sur la réforme chômage et pour attirer l’attention. Les canons à paillette, les chants et les slogans posent l’ambiance. « Chômeur, précaires, intérimaires ; le chômage c’est notre salaire ». Au même moment, un autre groupe de camarades distribue les tracts dans toute la zone commerciale aux clients et aux employés.
Le sujet du chômage devient le centre de beaucoup de conversations. Un rageux crie qu’on est des fainéants, qu’on a qu’à allé travailler. Une caissière raconte que son fils est directement touché par la réforme. Une femme âgée chuchote qu’on a raison qu’il faut foutre le bordel partout. Plus loin un jeune lit le tract, l’air tracassé : « c’est vrai ça ? » Profitant que l’ensemble des vigiles tentent vainement de remettre les caddies sur pieds, quelques malins s’en vont discrètement avec leur courses gratos. « Merci beaucoup ! » lance un inconnu le sourire aux lèvres.
Du coté des employés, 2 groupes se distinguent dès le débuts: ceux dont le rôle est de surveiller et de cadrer : les petits chefs et les vigiles, les chiens de gardes du capital… qui en font des tonnes, crient qu’ « on a pas le drooooiiit »! Et il y a les autres qui vendent, mettent en rayon, font le ménage…et qui affichent pour la plus part un petit sourire complice bien content de ne plus les avoir sur le dos !
Mais c’est quoi être caissier/caissière ?
« Tu vois, je vais t’expliquer, c’est le travail quoi ! Tu bosses 7h assis sur une chaise à scanner des tonnes de produits pour des centaines de clients … pour finalement toi aussi passer à la caisse… »
« A 18h c’est le rush tout le monde sors du travail, ce sont alors des gens pressés, stressés, des gens épuisés qui s’alignent devant toi. Et toi tu es assis avec ton uniforme et ton nom inscrit dessus. Certains te voient vulnérable et se permettent de s’énerver contre toi, de t’insulter, de t’humilier pour se défouler ou par ce que ça ne va pas assez vite. Alors que toi aussi tu as des problèmes, tu as du mal à trouver de la thune pour faire tes courses comme plein de gens. Tu penses aux douleurs dans tes articulations, à ton dos qui te fait de plus en plus mal, à comment tu vas avoir la garde de ton gosse ou si tu auras le temps d’aller voir ton médecin dans la semaine. Bref, t’es obligée de rester polie quand t’as envie de sortir, de bouger, de faire plein de choses tellement plus intéressantes que de rester là le cul coincé sur ta chaise en plein courant d’air !!»
« Tes horaires sont décalés, tes pauses midi se font à 15h et pour avoir tes congés payés c’est une compét avec le reste des salariées. »
« Des fois les clients se raréfient alors on se permet de se tourner et de discuter un peu avec la caisse voisine, mais bon pas trop. Tu as tout un tas de caméra pointé sur toi et puis il y a le manager qui sort de son bureau pour venir t’engueuler. Tu comprend pas bien pourquoi mais ça à l’air de le défouler. Il est 21h30 tu termines ton services, y’a plus qu’à manger et dormir pour recommencer encore et encore. »
« La fin du mois le salaire tombe. Bah ouais un smic c’est pas grand-chose finalement, tu payes le loyer, les traites de la voiture, le fioul pour chauffer cette hiver, la bouffe acheté chez « Leclerc c’est moins cher », des fois des petits cadeaux pour égaiyer le quotidien. A la fin du mois t’es encore dans le rouge. »
« Mais pourquoi vous êtes venu là ? »
Une demi heure après notre arrivé, des flics de la brigade d’intervention arrivent d’une des grandes portes. Le moment est venu de se regrouper pour faire force en nombre. Un ptit chef continue de faire des grands gestes en faisant mine qu’il vas nous taper alors qu’on est bien plus et bien déterminés à ne pas se laisser faire. Il est rouge, il a chaud, il crie : « Mais pourquoi vous êtes venu là ? » Parce que « On est là, on est là ; pour l’honneur des chômeur, pour un monde meilleur ! On est là, on est là, même si les patrons le veulent pas, nous on est là ! »
Il y a ici plusieurs centaines d’employés qui travaillent pour pouvoir manger. Il y a aussi des milliers de prols qui dépensent l’argent qu’ils ont gagné en travaillant pour pouvoir manger. Et il y a les patrons, loin là-haut, qui compte les millions. La boucle est bouclée et les comptes en banques des bourges se remplissent pendant que les nôtres se vide au-delà du zéro…
Construisons l’autonomie de Classe, organisons-nous pour ne plus rester isolés face aux patrons et leurs sbires!