Suite à l’appel national à bloquer les raffineries, nous allons avec quelques camarades rejoindre le point de blocage du dépôt pétrolier de Vern-sur-Seiche vers 23h.
Nous sommes une cinquantaine et la gendarmerie garde l’entrée de la raffinerie, nous décidons donc d’aller au rond point le plus proche pour bloquer les poids lourds. Les keufs nous disent de dégager et nous empêchent physiquement de bloquer ou de ralentir la circulation. On se rend compte de notre incapacité à bloquer effectivement le dépôt, due à notre faible nombre numérique et à la présence des keufs qui nous disent clairement qu’ils seront là jusqu’à 5h puis insinuent qu’on se fera dégager ensuite.
Après discussions et échanges sur nos expériences personnelles de chauffeurs et d’intérimaires, nous décidons à quelques dizaines d’aller à la plateforme de tri de colis du Rheu. L’idée est de faire un blocage économique en empêchant le départ des poids lourds qui distribuent des colis dans toute la France, à un rythme effréné de la période des fêtes de fin d’année, jusqu’à la fin des soldes!
Nous arrivons vers 1 heure du matin et installons une barricade devant l’entrée. Les keufs qui nous ont suivis, nous observent au loin avec des responsables de la plateforme. Nous décidons collectivement de ne laisser sortir qu’un poids lourd toutes les 5 minutes. Rapidement un embouteillage se créé depuis les quais jusqu’à la sortie de la boîte. Une enceinte passe de la musique, on discute, on échange sur nos différentes expériences de blocage, de manif, on boit des coups, certains salariés sortent discuter avec nous, nous parlent de l’organisation interne, nous conseillent d’arriver plus tôt les prochaines fois… La bonne ambiance est au rendez-vous malgré l’heure tardive, le froid et la bruine. Nous apercevons au loin des salariés en pause, nous nous saluons et nous échangeons des slogans au loin, on ressent l’envie pour eux de nous rejoindre ; la grève devient une nécessité… À l’heure de la débauche, vers 3h30, ces mêmes salariés qui défilent en voiture devant nous, klaxonnent, applaudissent, nous expriment leur soutien massivement, tout comme des chauffeurs poids lourd qui repartent sur la route.